NIOBÉ Jean, Mathurin

Par Jacques Cousin

Né le 24 septembre 1896 à Paris (VIIIe arr.), mort le 15 décembre 1968 à Craon (Mayenne) ; instituteur en Mayenne ; secrétaire général de la section mayennaise du SNI de 1927 à 1930 ; militant socialiste.

Fils d’un employé et d’une cuisinière, Jean Niobé, entré à l’École normale d’instituteurs de Laval (Mayenne) en 1912, fut mobilisé dans un régiment d’artillerie pendant la guerre 1914-1918 avant d’avoir terminé ses études et ne sortit de l’EN qu’en 1919, avec le brevet supérieur. Il se maria, alors non démobilisé, le 17 février 1919 à Loigné-sur-Mayenne avec Paule Bothet, institutrice, fille du directeur de l’école de garçons de Renazé. Il exerça successivement à Senonnes, puis à l’école primaire de Craon, avant de terminer sa carrière comme directeur du collège de Craon.

Les membres de la commission administrative de la section du Syndicat national (CGT) étant élus en assemblée générale et renouvelables par moitié tous les deux ans, Jean Niobé entra à la CA de la section lors de l’assemblée générale le 7 juin 1924. Il progressa rapidement au niveau des responsabilités puisqu’il fut nommé secrétaire-adjoint à la commission administrative de la section le 17 juin 1926 et, ce même jour, également intégré à la commission pédagogique. Jean Niobé fut chargé par la CA du 26 juin 1924, avec Penloup et Halouse, de la propagande en faveur de la syndicalisation. Le 4 juin 1927, Deffay ayant démissionné de son poste de secrétaire général, le vote pour sa succession donna 5 voix à Marcel Lhuissier* , 5 à Niobé et 2 à Charles Gresser. Lhuissier refusa le poste, Niobé fut donc élu. Celui-ci écrivit, en avril 1928, à Goupil, secrétaire du syndicat de l’enseignement laïque de la Mayenne, pour lui proposer une liste commune aux élections au conseil départemental de l’enseignement primaire qui se déroulaient au mois d’avril suivant : 3 candidats du SN, 1 candidat du syndicat des membres de l’enseignement laïque (CGTU). Émile Goupil, puis Guyard réclamèrent 2 postes pour le syndicat unitaire. Finalement, les deux syndicats présentèrent des listes concurrentes.Le 22 avril 1929, les quatre candidats du SN, Niobé, Marcel Lhuissier, Germaine Stindel et Marie Racine, furent élus contre la liste du SMEL . Une polémique très acerbe entre les deux secrétaires occupa, en septembre 1929, la majeure partie des deux bulletins L’Émancipation et L’Amical. En février 1930, afin de protester contre les sanctions administratives qui frappaient Jean Doron, un instituteur de la Loire de la FUE, les quatre conseillers départementaux de la Mayenne (dont Niobé) envoyèrent leur démission au préfet. Aux élections qui suivirent, le 23 juin, le syndicat unitaire ne présenta pas de liste, mais publia un tract de défiance envers les conseillers départementaux démissionnaires « trop occupés à se pourvoir de promotions au choix, mentions honorables […] pour avoir la liberté et le droit de défendre les intérêts de leurs mandants ». Les quatre candidats du SN furent réélus sans difficulté.

Jean Niobé assista, le 3 avril 1930, à la réunion constitutive de la section départementale de la Fédération générale de l’enseignement regroupant instituteurs, professeurs et répétiteurs de lycée et fut désigné pour faire partie de la commission administrative. Il donna sa démission de secrétaire général le 23 octobre 1930, lors de la commission administrative de la section mayennaise du SN, et fut remplacé par Marcel Lhuissier, tout en restant cependant à la CA et en conservant la rédaction du bulletin L’Amical. Jean Niobé ne se représenta pas pour le renouvellement de la commission administrative à l’assemblée générale du 18 octobre 1934. Il présida, en revanche, l’AG de fusion du syndicat national et du syndicat de l’enseignement laïque le 5 décembre 1935.

Jean Niobé participa, en mars-avril 1940, aux travaux du bureau provisoire de la section, pour pallier les mobilisations successives des membres de la commission administrative et fut nommé secrétaire adjoint, délégué aux œuvres de solidarité.

Jean Niobé était le responsable local de la résistance pour la région de Craon. À partir du 14 juin 1944, il hébergea Elisée Mautaint, chef du réseau de résistance « Libération-Nord » pour le Sud-Mayenne. Celui-ci était en fuite et recherché par les Allemands. Les deux hommes réorganisèrent le réseau de la région de Craon. Cependant, l’un des groupes ayant fait preuve d’une activité un peu désordonnée, les SS firent leur apparition dans le pays. Le 6 août 1944, jour de la libération de Craon, pendant que la foule acclamait les Américains, Mautaint et Niobé arrêtèrent deux collaborateurs notoires. Dans la journée, une voiture les conduisit à Laval, ainsi que le docteur Faligant. Ils rejoignirent à l’hôtel de ville le préfet Duperier et le docteur Mer, président du comité départemental de libération.

Au conseil syndical du 24 janvier 1946, la Commission administrative de la section l’intégra à la commission d’études chargée de la défense laïque, bien qu’il n’ait pas été élu à la CA.

Veuf, il se remaria le 3 novembre 1966 à Craon avec une débitante qui mourut peu après.

Jean Niobé, membre du Parti socialiste SFIO depuis les années 1930, fut le secrétaire de la section de Craon du parti en février 1951. En 1960, il figurait parmi les adhérents du Parti socialiste unifié. « Jean Niobé fut longtemps dirigeant de la section socialiste de la région de Craon », sans toutefois que soient précisées les dates (Hommage à Jean Niobé après son décès accidentel, La Voix Syndicale, nov.déc. 1968).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147178, notice NIOBÉ Jean, Mathurin par Jacques Cousin, version mise en ligne le 11 juin 2013, dernière modification le 15 avril 2021.

Par Jacques Cousin

SOURCES : Arch. Nat. — Arch. Dép. de la Mayenne, Fonds Robin 221J13, L’Amical, La Voix Syndicale. — Archives de l’École normale d’instituteurs de Laval. — Arch. OURS, fédération de la Mayenne. — Notes de Jacques Girault.

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