MINETTI Louis

Louis Minetti naquit dans une famille qui était venue du Piémont en 1921. Son père fut tout d’abord ouvrier agricole avant de devenir métayer en 1925 tandis que sa mère travaillait à la journée au gré des saisons. Louis Minetti fréquenta l’école primaire. Ayant réussi au certificat d’études, il put entrer à l’âge de onze ans au cours complémentaire organisé par la mairie. Devant l’insistance de son instituteur, ses parents l’autorisèrent à présenter le concours des bourses qui se déroulait alors au lycée Thiers à Marseille. En octobre 1939, Louis Minetti devint titulaire du brevet d’études complémentaires mais dut interrompre ses études afin de venir en aide à son père, « affecté spécial » chargé d’élever des porcs pour le pays en guerre.

À cette époque, Louis Minetti côtoya des Républicains espagnols internés au camp de La Ciotat. Grâce à l’un d’entre eux, membre du Parti communiste espagnol clandestin, il fut contacté en décembre 1943 par un ouvrier des chantiers navals qui le fit adhérer au PCF. Louis Minetti fut versé par ce dernier à la Jeunesse communiste puis aux Forces unies de la jeunesse patriotique (FJUP). Il participa dès lors à des actions de propagande et de soutien de la Résistance avant de contribuer à la libération de La Ciotat.

Peu de temps à la suite de cette dernière, Louis Minetti fut à l’origine de l’éviction des membres de la corporation paysanne vichyste. Il fonda le syndicat provisoire agricole de La Ciotat dont il devint le premier secrétaire. Il en alla de même en 1945 pour le Syndicat de défense agricole (octobre), la Coopérative d’approvisionnement (10 novembre) et la Coopérative de vente de fruits et de légumes (décembre). Parallèlement, il fut élu au bureau fédéral de la Jeunesse communiste puis à celui de l’UJRF, organisation dont il devint membre du comité national dès 1946.

En 1945 et 1946, sous la tutelle de la section agraire du PCF dirigée par Waldeck Rochet, Louis Minetti participa au groupe de travail en direction du monde rural avec d’autres jeunes paysans tels que Marc Saint-Denis* ; le secrétariat paysan de l’UJRF animant cette activité était dirigé alors par Louis Geay et Louis Fraysse.

Louis Minetti fut chargé par le comité fédéral du PCF d’organiser des semaines rurales destinées à structurer et animer la vie politique dans les campagnes des Bouches-du-Rhône. C’est en 1947, lors d’une de ces tournées, que François Billoux lui annonça qu’André Marty avait décidé de le faire « monter » à Paris. Louis Minetti s’y vit tout d’abord chargé d’accompagner la délégation des « 51 » jeunes Marseillais venus expliquer dans la capitale le sens des mouvements sociaux qui se déroulaient alors dans la cité phocéenne. Après le 20 novembre, il reçut pour mission d’organiser la lutte politique des jeunes du bassin de Longwy.

Ayant intégré la direction nationale de l’UJRF à l’issue du congrès de l’UJRF qui se tint à Lyon du 6 au 9 mai 1948, Louis Minetti partagea ses activités entre la capitale et la Bretagne, région dans laquelle il se rendit tous les week-ends durant quatre ans. Il devint en outre directeur de Jeunesse rurale, un mensuel dont le premier numéro sortit en décembre 1950. Il fut membre, de 1948 à 1953, de la section agraire alors dirigée par Waldeck Rochet. À Paris, il fut aussi responsable de la campagne en faveur des libérations de Raymonde Dien et d’Henri Martin.

Les finances de l’UJRF ne permettant plus de maintenir un nombre aussi élevé de permanents, Louis Minetti vint, après avoir conduit du 1er au 15 août 1952 une délégation de jeunes en RDA, s’installer avec sa famille dans une ferme proche de Saint-Rémy de Provence. Il en demeura le métayer jusqu’en 1964 bien qu’il ait été obligé, peu de temps après son installation, de revenir à Paris pour prendre la tête du comité de soutien aux dirigeants de l’UJRF emprisonnés. Tout en gagnant sa vie comme agriculteur, il s’acquitta des responsabilités que lui conférait son travail militant.

Le 23 mai 1954, Louis Minetti fut élu pour la première fois au comité de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. Il siégea de nouveau, en tant que permanent, au sein de cette instance à la suite de l’élection du 3 mai 1964. Il s’y occupait plus particulièrement de la commission fédérale chargée du travail dans le monde paysan. Entre ces deux dates, il avait suivi les cours de formation de l’école centrale de quatre mois et était devenu permanent. Louis Minetti accéda au bureau fédéral le 13 juin 1965. Il allait demeurer membre de cette instance jusqu’en 1976. Durant cette période, il fut aussi chargé de s’occuper du secteur des commerçants, artisans et professions libérales. En 1967, il devint aussi président du comité départemental pour le soutien et la victoire du peuple vietnamien et anima la campagne intitulée « Un bateau pour le Viêt-nam ». Louis Minetti participa dans les entreprises, les universités et le monde rural, à tous les stades des événements de mai 1968. Il fut présenté en tant qu’adjoint de Vincent Porelli dans la 11re circonscription des Bouches-du-Rhône lors des législatives des 23 et 30 juin 1968.

En 1971, Louis Minetti proposa de mener une campagne nationale sur le thème « Parti communiste. Parti de la Liberté ». Dans cette optique, il fit paraître un premier article le 31 janvier dans La Marseillaise. Cette campagne déboucha plus tard sur la création par le PCF d’un Comité de défense des Droits de l’Homme en France et dans le monde. En 1977, il proposa une forme nouvelle d’action centrée autour de la défense du droit de vivre au pays. Cette initiative se concrétisa avec la manifestation du 19 novembre 1977 qui rassemblant à Marseille des représentants de toutes les branches professionnelles actives en Provence.

Louis Minetti devint sénateur le 1er octobre 1978 à la suite de la démission de Léon David. Réélu à deux reprises le 28 septembre 1980 et le 24 septembre 1989, il fut à l’origine de la loi du 3 janvier 1991 destinée à défendre les espaces forestiers. Le 22 décembre 1992, Louis Minetti fut élu président de la commission sénatoriale d’enquête sur le marché des fruits, légumes et fleurs (il était le seul communiste présent dans cette commission). Il effectua de nombreuses missions à l’étranger, se rendant en particulier en Inde et au Népal en 1980, au Brésil en 1986, à Brazzaville en février 1989, dans les pays de l’Est de l’Europe l’année suivante. De 1978 à 1984, il présida en outre la commission de la production et des échanges de la région PACA et fut conseiller municipal à La Ciotat.

Alors qu’il siégeait au bureau fédéral, Louis Minetti proposa en février 1990 le slogan « La Ciotat au cœur » destiné à populariser la lutte menée en faveur des travailleurs des chantiers navals. Il fut aussi l’instigateur des états généraux qui se déroulèrent dans cette ville le 26 février 1994.

À partir de cette année-là, Louis Minetti se consacra surtout à ses activités sénatoriales. En 1998, il exprima le vœu de ne plus être chargé de ce mandat. Il cessa aussi de siéger au sein de la section agraire du PCF. Élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur, il continue à militer au sein du parti et de l’Amicale des vétérans.