Par Jacques Girault, Robert Mencherini
Né le 24 novembre 1924 à Bastia (Corse), mort le 7 février 2009 à Nans-les-Pins (Var) ; maître de conférences à l’Université ; militant socialiste ; historien du Sud-Est de la France, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
Antoine Olivesi fut influencé par des membres de sa famille militant dans des organisations socialistes ou syndicalistes et figurant dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français : son oncle maternel Toussaint Marchioni, instituteur, militant de la gauche du Parti socialiste SFIO, rejoignit en 1958 le Parti socialiste autonome, puis le Parti socialiste unifié ; son oncle paternel Jean-Antoine Olivesi, cheminot, militant de la CGT puis de la CGTU. Son père, Ange-Toussaint Olivesi, sergent dans un régiment d’Infanterie à la naissance d’Antoine Olivesi, puis commis du Trésor, était militant socialiste SFIO (tendance de la Gauche révolutionnaire). Anticlérical, il accepta de faire donner à son fils les premiers sacrements catholiques pour satisfaire la croyance de son épouse.
Antoine Olivesi commença ses études primaires à Bonifacio (Corse) et, à partir de 1931, les continua à l’école primaire des Chartreux, à Marseille où la famille s’était installée. En 1940, son père fut révoqué par Vichy, ce qui ne lui laissa pour vivre que sa pension d’invalidité d’ancien combattant. Olivesi était alors élève du lycée public Saint-Charles où, en 1942-1943, en classe de philosophie, il eut comme professeur d’histoire Robert Jardillier, établi depuis 1940 à Marseille. Celui-ci préparait ses élèves au concours général auquel Olivesi obtint le premier prix d’histoire, sur un sujet autour d’Adolphe Thiers. Il réussit la même année au baccalauréat.
Deux ans plus tard, licencié ès-lettres (Histoire) à la faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, il soutint, avec mention très bien, un diplôme d’études supérieures sur « La Commune de 1871 à Marseille et ses origines », première étude sur les communes provinciales.
Il connut de près les événements contemporains marseillais, puisqu’il participa, en janvier 1943, avec les équipes de jeunes, à l’aide aux évacués du Vieux-Port. A la Libération, Antoine Olivesi fut le responsable départemental des Jeunes du Mouvement de Libération nationale. Il collabora également à Massalia, journal de gauche, reparu à la Libération.
Il fut reçu à l’agrégation d’histoire en 1948, préparée à la Sorbonne. Nommé professeur à l’annexe d’Hyères du lycée de Toulon (Var) entre 1948 et 1950, il obtint sa mutation pour le lycée Thiers à Marseille où il enseigna de 1950 à 1961.
Exempté du service militaire, Antoine Olivesi se maria religieusement en juillet 1949 à Marseille avec Thérèse Léandri, d’origine corse comme lui, fille d’un officier, croyante et pratiquante, licenciée en droit, sans profession. Le couple eut trois enfants qui furent seulement baptisés.
En 1955, Antoine Olivesi publia, avec André Clérici, un « Que sais-je ? » sur la République romaine qui connut plusieurs rééditions jusque dans les années 1980. Aussi fut-il, à partir de 1957, chargé d’un enseignement en histoire romaine à la Faculté d’Aix, et travailla avec Jean-Rémy Palanque, professeur d’histoire ancienne. Devenu maître-assistant en 1961, il n’enseigna plus qu’en histoire contemporaine, et se spécialisa dans les études sur l’histoire politique des Bouches-du-Rhône, avec Pierre Guiral, professeur d’Histoire contemporaine à la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence. Dans le cadre de la collection de la Fondation nationale des sciences politiques, il étudia les élections dans le département. Parmi d’autres travaux, il écrivit la partie « Marseille contemporaine » de l’histoire de Marseille publiée en 1973 chez Privat sous la direction d’Édouard Barlatier et évoqua « La France de Marseille et du Sud-Est », en 1975, lors du colloque de la FNSP « Édouard Daladier, chef de gouvernement ». Il déposa un sujet de thèse sur l’opinion publique à Marseille sous la Troisième République sous la direction d’Ernest Labrousse. Il soutint une thèse de doctorat d’État sur travaux sur « Le socialisme à Marseille de 1864 à 1940 », en 1982, à l’Université de Paris I. Maître de conférences à la Faculté d’Aix de 1984 jusqu’à sa retraite en 1986, il enseigna aussi dans les collèges littéraires universitaires de Nice (Alpes-Maritimes) et d’Avignon (Vaucluse), à l’Institut d’études politiques d’Aix et dans d’autres établissements (écoles d’infirmières notamment).
Trésorier de la Fédération historique de Provence à partir de 1956 et membre du comité de lecture de la revue Provence historique, membre du conseil scientifique du musée d’histoire de Marseille depuis 1977, il participa à l’Atlas historique de Provence et écrivit plusieurs biographies de maire de Marseille pour des publications locales. En 1977, il devint membre de l’Académie des sciences, des lettres et des arts de Marseille.
Antoine Olivesi collaborait depuis le début au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français en concentrant ses recherches sur son département et sur la Corse. Il résuma en quelques mots, lors de son admission à l’Académie de Marseille, dans son discours de remerciement, les « problèmes de méthodologie et de conscience » qui peuvent se poser aux collaborateurs du Maitron : « Cette pratique investit en effet l’historien d’un pouvoir redoutable : celui de tirer du néant, par exemple, tel individu en fonction d’une activité, même épisodique, qu’il a pu manifester. [...] Sa tâche est longue, lente, ingrate souvent, car l’excès même de la documentation n’exclut pas, cependant, l’existence de vastes zones d’ombre. Pourtant, cette tâche s’avère indispensable, ne serait-ce que pour rassembler des matériaux qu’utiliseront, plus tard, ses successeurs. » Apprécié de ses étudiants pour ses compétences et sa disponibilité, il amena plusieurs d’entre eux à travailler, dans le cadre de nombreuses maîtrises, sur le mouvement ouvrier. Il fut régulièrement sollicité par la presse régionale pour des articles sur l’histoire politique et sociale.
Parallèlement, il n’abandonna pas le domaine corse qui lui tenait à cœur. Il révisa et actualisa l’Histoire de la Corse de Paul Arrighi chez Privat, en 1986, après avoir participé en 1982 au Mémorial des Corses.
Membre du Parti socialiste SFIO, puis de la Convention des institutions républicaines, adhérent du Parti socialiste, Antoine Olivesi, syndiqué au SNESup, se prononçait pour la tendance « Action syndicale » ou « Unité et Action ».
Il mourut dans une clinique de Nans-les-Pins.
Il était père de deux filles et d’un fils. Son fils Jean-Pierre Olivesi fut secrétaire de la fédération PSU de Corse.
Par Jacques Girault, Robert Mencherini
ŒUVRES : Parmi les 21 références, dont plusieurs rééditions, du catalogue de la BNF, citons : La Commune de 1871 à Marseille et ses origines, préfacé par Georges Bourgin, Paris, Marcel Rivière, Bibliothèque d’histoire économique et sociale, 1950 (réédition à Marseille, Jeanne Laffitte, 2001). — Géographie électorale des Bouches-du-Rhône sous la IVe République, Paris, A. Colin, Cahiers de la FNSP, 1961 (avec Marcel Roncayolo). — La France de 1848 à 1914, Paris, F. Nathan, « Fac », 1970 (plusieurs rééditions).
SOURCES : Sources orales. — Notes de Maurice Agulhon et de Claude Mesliand. — Renseignements fournis par Marie-Claude Mauron, Danielle et Jean-Pierre Olivesi, enfants de l’intéressé.