Par Jacques Girault
Né le 1er septembre 1925 à Reims (Marne), mort le 10 juillet 2021 à Nice (Alpes-Maritimes) ; professeur d’Université ; militant syndicaliste (SNES) dans les Alpes-Maritimes ; militant du PCI, du PSU, du PS.
Troisième fils d’un commis d’architecte et d’une peintre-verrier, d’origines parisiennes, athées, qui, après avoir vécu une dizaine d’années à Reims, s’installèrent à Ronchin (Nord), Michel Oriol, élève du lycée Faidherbe à Lille, entra dans la section littéraire de l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1945. Il adhéra, comme René Lemarquis, aux Jeunesses socialistes SFIO puis au Parti communiste internationaliste (IVe Internationale) et eut des heurts violents avec les militants communistes des usines Renault. Il fut professeur à l’École normale d’instituteurs d’Alger (Bouzareah).
En avril 1949, il se maria avec Denise Convers, ancienne élève de l’ENS de Sèvres, agrégée de mathématiques (1948), fille d’un professeur de mathématiques. Ils eurent trois enfants. Reçu à l’agrégation de philosophie en 1950, il enseignait la philosophie au lycée du Parc Impérial à Nice, tandis que son épouse avait été nommée dans un autre lycée. Séparé de corps en 1975, le couple divorça en 1981.
Membre du bureau de la section départementale (S2) du Syndicat national de l’enseignement secondaire, il milita à l’Union de la gauche socialiste avant de rejoindre le Parti socialiste unifié à la fondation de ce dernier en 1960. Secrétaire de la fédération du PSU, il fit partie du comité politique national du PSU de 1965 à 1969. Il fut actif en mai-juin 1968, d’autant que ses pratiques de recherches-actions trouvaient un terrain favorable pour ses conceptions militantes. Il fut, en décembre 1970, le premier président de l’Association de Soutien aux Travailleurs immigrés des Alpes-Maritimes qui aida notamment les immigrés du bidonville de la vallée du Var. Il adhéra, avec son épouse, au Parti socialiste qu’ils quittèrent dans les années 2000.
Michel Oriol, nommé assistant dans le département de sociologie à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence en 1965, fut affecté au collège universitaire de Nice, future faculté. Maître-assistant, il préparait une thèse de doctorat de sociologie sous la direction de Georges Balandier qu’il soutint en 1989 à Paris-V, sous le titre « Les variations de l’Identité. Les Identités culturelles et Identités nationales : théorie et étude de cas à partir d’une étude d’enfants d’immigrés portugais ».
Nommé professeur à l’Université de Nice, il dirigea l’Institut d’études et de recherches interethniques et interculturelles (IDERIC). Ce laboratoire, outre les actions-recherches, publiait une revue Ethnies, une collection « Relations interethniques », et des articles dans les Annales de la Faculté de Nice.
Spécialisé dans les recherches interculturelles (appartenance/identité), il dirigea neuf thèses de doctorat en psychologie sociale et en sociologie. Elles traitaient notamment de l’identité dans son rapport avec l’appartenance à des groupes sociaux, des réseaux associatifs particulièrement dans le cadre de l’immigration. Il pratiquait des actions de terrains répondant à ses conceptions de chercheur, en accord avec des formes de militantisme qui le caractérisaient. Un de ses thèmes de recherches était l’identité nationale à l’heure de la mondialisation. Selon la recension de Persée, il publia entre 1970 et 2000 une quinzaine de contributions dans diverses revues spécialisées. Il participa dans le cadre de la Fondation européenne de la science à des recherches sur le Portugal. Ses activités sur l’interculturel le firent participer à diverses recherches exigeant la coopération internationale comme le « plan bleu » sur la Méditerranée.
Michel Oriol, devenu professeur émérite, pouvait être considéré comme un pionnier des recherches interculturelles. Son engagement social et politique, à partir des années 1970, s’effaça progressivement pour laisser la priorité aux activités de recherches interculturelles.
Michel Oriol épousa en décembre 1981 à Cap d’Ail (Alpes-Maritimes) Anne-Marie Bonnet, psycho-sociologue. Elle milita au PSU jusqu’en 1964 et ensuite dans les mouvements féministes. Ils ont vécu dans le Var (Bargemon, Brignoles), pendant plus de vingt ans.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat., 581AP/99, 101. — Souvenirs de René Lemarquis sur le site etre-cloutier-de-1945-a-1950. — Renseignements fournis par son épouse. — Notes de Roger Barralis et d’Alain Dalançon.