ORSONNEAU Yves

Par Florence Regourd

Né le 16 février 1909 à Croix du Ker-Châlon, dans l’Ile d’Yeu (Vendée), mort le 17 janvier 1997 aux Sables-d’Olonne (Vendée) ; marin-pêcheur ; secrétaire adjoint de l’UD-CGT de Vendée ; militant communiste, conseiller municipal aux Sables d’Olonne (Vendée).

Né à l’Ile d’Yeu (Vendée), aîné de onze enfants, Yves Orsonneau fut envoyé à l’école du port, l’école des Frères, sa mère ne voulant pas de l’école laïque, « l’école des païens ». Yves Orsonneau devint mousse, d’abord avec son père à bord du « Constant-Gabriel » puis à bord d’un dundée armé au thon, le « Pape Benoît XV » à l’âge de treize ans, en 1922. Ce fils de marin-pêcheur fut tour à tour marin, puis, à dix-sept ans, ouvrier d’usine à Haubourdin (Nord), mineur, docker sur le canal de la Deule, manutentionnaire, ouvrier dans une filature de Roubaix et OS chez Renault à Billancourt, sur un tour, à l’Atelier 40.

Le service militaire, au 3e Dépôt des Equipages de la Flotte, à Lorient, de 1929 à 1930, comme fusilier marin, puis son embarquement à bord d’un torpilleur, interrompent cette expérience. À nouveau ouvrier chez Renault, aux petites presses de l’Atelier 48, à partir de 1931, il entama là sa vie d’ouvrier l’hiver et de pêcheur au printemps et l’été où il continua à trouver des embarquements au thon ou à la sardine. Un moment ouvrier boulanger, conducteur de bétonnière en 1932 où il participa à la construction de l’usine Renault du Bas-Meudon, en face de l’île Seguin, il se fit embaucher à l’Atelier 138 puis sur les grosses presses au 171. Marié en 1933 avec Marguerite Savatté, une ouvrière, le couple eut trois enfants, Yves Orsonneau habitait alors à Issy-Les-Moulineaux. À la suite d’un grave accident du travail en 1934 qui le handicapa, une presse d’emboutissage lui enlevant la jambe droite, il reprit le travail à l’Atelier 243 de l’Ile Seguin en 1937, avec une incapacité permanente de 65 % et devint pontonnier. Il s’engagea dans la vie militante.

Syndiqué CGT en 1935, trésorier de sa section syndicale, militant communiste, il adhéra au PCF la même année. Lié à Alfred Costes, dit Frédo, marqué par le débrayage en juin 1936 et les 15 jours de grève, il complète sa formation en suivant les cours politiques dont ceux de l’Université Ouvrière du PCF, avec Georges Politzer comme professeur jusqu’à fin 1938. « Exclu du parti afin de lui permettre de rentrer chez Doriot » selon ses souvenirs, il fut « réintégré » comme secrétaire politique pour toute l’usine Renault, sauf l’usine O. Après le Pacte germano-soviétique et l’entrée en guerre, il continue de militer, distribuant L’Humanité clandestine. En 1939, il chercha à voir Raymond Portemer, un militant communiste, enfermé avec 282 communistes, élus et militants syndicalistes le 30 avril 1940 au Fort de Pierre-Levée, à la Citadelle de l’Ile d’Yeu.

Vint l’exode en 1940, et le reflux jusqu’à l’Ile d’Yeu, Yves Orsonneau, malgré son handicap, trouva des embarquements. En contact avec la Résistance, il se présentait comme « agent de liaison dans la clandestinité » durant la guerre, pointant les champs de mines sur la côte, fournissant les renseignements dans ce département occupé dès le 16 juin 1940, puis en liaison avec la construction du Mur de l’Atlantique. En 1942, il était patron pêcheur aux Sables d’Olonne. Il fut en contact avec Emmanuel Garnier, président du Syndicat des Marins, Léon Jaunet, un communiste et Gabriel Hilbry, tous arrêtés pour faits de résistance en 1944, et, pour Garnier, mort au cours de son transfert en déportation.

Après la guerre, Yves Orsonneau créa le Syndicat CGT des marins pêcheurs des Sables d’Olonne dont il était secrétaire en 1946, anima sur tout le littoral vendéen les onze syndicats de marins-pêcheurs et dirigea la coopérative de mareyage La Sablaise. Élu à la commission administrative (CA) de l’UD-CGT de Vendée au congrès de mai 1945, et membre du bureau comme secrétaire adjoint, il devait concilier ses engagements syndicaux (payé par le syndicat des marins pêcheurs) et politiques avec sa fonction de « PDG » d’une coopérative de 66 employés. La coopérative ne dura guère, liquidée deux ans plus tard. Orsonneau continua alors la pêche côtière sur son canot jusqu’en 1949.

Orsonneau était secrétaire adjoint de la section communiste des Sables en 1945 et trésorier de cette section en 1946 quand Auguste Brunet était secrétaire fédéral.

Il entre au conseil municipal des Sables d’Olonne avec Odette Roux en mai 1945, parmi les communistes résistants nommés, fut élu en 1945 quand Odette Roux devint la première femme communiste maire en Vendée mais elle ne fut pas réélue en 1947. Il embarqua Maurice Thorez, alors Ministre d’Etat du gouvernement De Gaulle, à sa venue dans le port sablais sur son bateau Le Petit Roger (il est alors patron et armateur). Il figurait en 5e position sur la Liste Communiste et d’Union Républicaine et Résistante conduite par Odette Roux aux législatives de juin 1946 qui obtint 23 994 voix sur 204 165 suffrages exprimés, de même aux législatives du 10 novembre 1946 qui fit 26 926 voix sur 198 076 s.e. En 1949, Yves Orsonneau vendit son bateau et prit un café à Billancourt, où il resta quatorze ans mais sans renouer avec la vie militante, avant de prendre sa retraite à Talmont (Vendée).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147360, notice ORSONNEAU Yves par Florence Regourd, version mise en ligne le 17 septembre 2013, dernière modification le 21 août 2017.

Par Florence Regourd

ŒUVRE : Yves Orsonneau (avec Philippe Levé et Yves Le Quellec), L’homme tout debout. Mémoires d’une peau-bleue, Geste éditions, 1991.

SOURCES : La Vendée Libre, 13 octobre 1946, 27 octobre 1946. — Arch. Dép. Vendée : 1 W 347, 28 W 297-298. — Fanny Proust, Le jardin d’Odette, chronique d’une vendéenne engagée, Grains de mémoire, 2007. — Auguste Brunet, Si c’était à refaire…la résistance en Vendée, Le temps des cerises, 2004. — État civil.

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