OULIAC André

Par Jacques Girault, Guy Putfin

Né le 20 mai 1921 à Castelnaudary (Aude), mort le 29 octobre 2009 à Narbonne (Aude) ; instituteur dans l’Aude ; militant syndicaliste, secrétaire général du SNI (1969-1976), président de la Confédération européenne des syndicats d’enseignants (1974-1976).

Photographie du militant.
Photographie du militant.

Fils d’un quincaillier (indiqué « treillageur », fabricant de treillages sur le registre d’état civil), ancien combattant et d’une future couturière, André Ouliac effectua sa scolarité maternelle et primaire à Castelnaudary. Puis, en 1934, il fréquenta le cours complémentaire Le Bastion à Carcassonne, et, en 1938, il entra à l’École normale d’instituteurs de Carcassonne dont il sortit premier en 1941, titulaire du brevet supérieur. Après avoir été versé dans les chantiers de jeunesse de 1941 à 1942, il épousa, en août 1942 à Carcassonne, Odette Ramel, institutrice, future directrice de l’école annexe de l’École normale d’institutrices de Carcassonne. Ils eurent deux enfants.

André Ouliac fut nommé instituteur à Maironnes entre 1942 et 1943, puis il partit au Service du travail obligatoire de 1943 à 1945. À son retour, nommé instituteur à Thézan-Corbières, il y resta jusqu’en 1950.

En 1945, il adhéra au Syndicat national des instituteurs. Au moment de la scission dans la CGT en 1947, il milita pour le passage à l’autonomie du SNI et de la Fédération de l’Éducation nationale.

En 1950, nommé à l’école de Tournissan, il participa au conseil syndical de la section départementale du SNI comme représentant du canton de Lagrasse. En 1954, détaché, il devint secrétaire général de la Fédération audoise des œuvres laïques. Il conserva cette responsabilité jusqu’en 1957, pour devenir maître formateur à l’école annexe de l’École normale d’instituteurs de Carcassonne jusqu’en 1961. Il fut de 1961 à 1964 conseiller pédagogique, qualifié de « maître itinérant d’école annexe » par la presse syndicale.

Après avoir retrouvé le conseil syndical de la section départementale du SNI, il devint secrétaire général de la section du SNI de l’Aude de 1960 jusqu’en 1964-1965. Il signa les motions d’orientation présentées par la majorité à partir du congrès du SNI de Paris en 1961.

Délégué au congrès national du SNI de Strasbourg, le 6 juillet 1960, il fut assesseur lors de la séance sur la question sociale sur les circuits de distribution. L’année suivante, il intervint, le 5 juillet 1961, dans le débat sur le rapport moral, pour souligner l’action positive du SNI pour la paix en Algérie. Le bureau national du SNI, le 5 avril 1962, le désigna comme membre suppléant pour la commission des conflits au titre de la tendance majoritaire. Lors du congrès du SNI, le 15 juillet 1962 à Toulouse, il présenta la motion d’orientation majoritaire qui l’emporta avec 1 349 mandats sur 2 292 mandats validés.

Le 8 juillet 1963, lors du congrès national, dans la discussion du rapport moral, il exprima son désaccord avec les critiques des minorités qu’il trouvait normales au nom de la liberté d’opinion, car, ajoutait-il, la « démocratie authentique fait la force du SNI ». Candidat à l’élection du bureau national du SNI sur la liste « autonome », « Pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif », il fut élu lors de la réunion du conseil national, le 22 décembre 1963, arrivant en dix-septième position avec 1 073 mandats. Lors de la première réunion du BN en janvier 1964, il fut nommé membre des commissions sociales et pédagogiques.

Dans le cadre de ses responsabilités pédagogiques, à partir de 1964, furent mises en place des journées nationales d’études au printemps de chaque année comprenant une journée pédagogique. L’organisation de ces journées d’études fut confiée à Jeanne Lordon qui les conçut comme résultant d’une préparation collective. Elle s’occupa spécialement des conditions de travail, de l’action éducative et de la formation des maîtres. La première examina en 1964 les conséquences de la prolongation de la scolarité. André Ouliac présenta le rapport au congrès de Lille, le 7 juillet 1964, sous le titre général « L’enseignement primaire, élément fondamental de la mise en œuvre d’une véritable réforme de l’enseignement ». Six groupes d’études furent créés et André Ouliac dirigea celui s’occupant de « la formation de l’instituteur considérée par rapport aux exigences d’un enseignement de masse au niveau du premier cycle (11 à 15 ans) ». L’année suivante, il présenta un rapport, lors la session générale et syndicale d’études à Paris (8-10 avril 1965), sur le thème général « Sauver et ennoblir l’École primaire ».

Pour la formation des maîtres, il estimait qu’elle devait se dérouler pendant deux années indispensables : « Pour donner toute sa valeur à cette formation, il est indispensable que l’enseignement supérieur y participe et cela ne va pas sans poser des problèmes que l’éloignement des facultés de certaines écoles normales ne simplifie pas. » Pour le Certificat de fin d’études à l’école normale (CFEN), il proposait que l’enseignement supérieur intervienne dans le complément de culture générale au niveau de la propédeutique ou par l’aménagement d’un certificat de licence particulier.

Ces premières initiatives sur les questions pédagogiques s’accompagnaient d’une responsabilité dans le domaine social. Lors de la réunion du BN, le 3 décembre 1964, il présenta le rapport de la commission sociale. Pierre Desvalois, le secrétaire général, insista sur la nécessité de mettre à la disposition des sections des éléments de réflexion et proposa la création d’une commission de la propagande dont le responsable serait Ouliac. Il créa cette commission et débuta dans l’écriture d’une rubrique régulière dans L’Ecole libératrice sous le titre général « Chronique sociale ».

André Ouliac entra au secrétariat permanent du SNI en 1965-1966, chargé de la propagande (secrétaire de la commission) et des affaires administratives. Il était aussi membre des commissions sociale et administrative, responsable du comité de spécialités des classes annexes et d’application. Il devint secrétaire général le 15 mai 1969, responsabilité qu’il occupa jusqu’en février 1976. Il resta membre du BN du SNI jusqu’à sa retraite administrative en septembre 1976.

Il poursuivit, avec d’autres militants, dont Guy Georges, l’élaboration du projet pédagogique du SNI : « L’école fondamentale », réponse aux projets ministériels de réforme de l’enseignement, qui prit forme aux congrès du SNI de Nantes (1971) et de Pau (1973). De 1974 à 1976, il assuma la présidence du Comité syndical européen des enseignants.

André Ouliac, membre de la commission administrative fédérale de la FEN à partir de 1965, fit partie du bureau fédéral pendant quelques années.

Parallèlement, André Ouliac fut le vice-président de la Jeunesse au Plein Air et le secrétaire général de la Fédération des pupilles de l’école publique. Pendant ses responsabilités à la tête du SNI, il présida le Comité national d’action laïque en 1975. À la fin des années 1970, il devint le vice-président de la Mutuelle retraite des instituteurs et fonctionnaires de l’Éducation nationale. Il fut membre de la commission exécutive de la Fédération générale des retraités de l’Aude. Localement, il contribua à la création de la maison de l’école à Carcassonne.

De 1977 à 1987, comme directeur général du Comité français pour l’UNICEF, André Ouliac se consacra à la cause des enfants.

Partisan rigoureux de l’indépendance syndicale qu’il ne concevait pas comme une neutralité, André Ouliac n’adhéra jamais à un parti politique ni à une obédience maçonnique, tout en maintenant et en renforçant les rapports du SNI avec l’ensemble des organisations laïques, des partis politiques de gauche et des confédérations syndicales ouvrières. Lors de l’élaboration de la partie éducative du programme commun de la gauche au début des années 1970, consulté à plusieurs reprises par les trois partis politiques, il refusa d’engager davantage le SNI par souci de l’indépendance syndicale. Orateur à l’accent rocailleux, il savait, lors des congrès, convaincre les militants. Il afficha des réserves lors de la fin de la Fédération de l’Éducation nationale mais adhéra au Syndicat des enseignants (UNSA).

André Ouliac participa assez régulièrement aux travaux du séminaire de recherches sur l’histoire du syndicalisme enseignant, organisé par le Centre fédéral de la FEN et le Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme (Université Paris I). Il témoigna, le 4 mars 1998, sur le projet de l’école fondamentale du SNI (intervention publiée dans les Cahiers du centre fédéral, n° 31, p. 27-58).

André Ouliac fit partie du jury du prix Maitron. À la fin des années 1990, il quitta la région parisienne pour Narbonne. Il accepta d’être membre du comité de parrainage de l’HIMASE (association pour l’Histoire des militants associatifs et syndicalistes de l’Éducation).

Ses obsèques se déroulèrent au crématorium de Trèbes. Le secrétaire départemental du SE-UNSA présenta les condoléances. Dans Le Monde du 16 novembre 2009, Luc Cédelle, secrétaire général du SE-UNSA signa l’article d’hommage, soulignant qu’il se réclamait du « réformisme révolutionnaire ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147365, notice OULIAC André par Jacques Girault, Guy Putfin, version mise en ligne le 20 juin 2013, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Jacques Girault, Guy Putfin

Photographie du militant.
Photographie du militant.
André Ouliac à la tribune d'un congrès.
André Ouliac à la tribune d’un congrès.
Congrès FIAI 1974

SOURCES : L’École libératrice, l’Enseignement public. — Notice pour l’IRES du Centre Henri Aigueperse (UNSA-Education) par Martine Le Gal. — Nombreux entretiens avec l’intéressé.

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