ITKINE Lucien, Élie

Né le 27 septembre 1905 à Paris (IXe arr.), mort en déportation à Mauthausen le 25 février 1945  ; ingénieur chimiste  ; résistant.

Lucien Itkine, à Marseille, sur la Cannebière, avec sa soeur Georgette. Sans doute en 1941.
Lucien Itkine, à Marseille, sur la Cannebière, avec sa soeur Georgette. Sans doute en 1941.
Cliché communiqué par Irène Itkine, sa fille

Fils de Daniel Itkine originaire de Kaunas (Lituanie), artisan bijoutier qui avait immigré en France à la fin du XIXe siècle, et de Rachel Braunstein, française d’origines russes, Lucien Itkine était l’aîné de trois enfants qui furent engagés politiquement  : l’acteur, metteur en scène et auteur Sylvain Itkine et Georgette Gabaï, militante trotskiste. Devenu Français par déclaration souscrite par son père le 7 décembre 1916, il fut élève du lycée Condorcet de Paris et travailla un temps avec son père comme poseur de laque sur les bijoux. Il suivit des cours du soir aux Art et métiers pour devenir chimiste.

Marié le 11 octobre 1934 avec Sara Melamed, veuf, il se remaria le 2 juillet 1938 à Paris XVe arr. Le couple eut trois enfants dont Michel (1938-1940), Irène, née en décembre 1941 et Serge né en mai 1943 à Autun.

Proche de son frère et de sa sœur, on ne sait pas si Lucien Itkine partagea leur sensibilité trotskiste. Du moins les suivit-il pendant la guerre dans l’expérience de la coopérative « CroqueFruits ». Ingénieur-chimiste aux Vernis Valentine, il laissa à ses amis le souvenir d’un professionnel ingénieux qui aurait inventé un procédé de revêtement pour le bois. En juin 1940, il suivit le personnel de son entreprise, avec sa femme et son père, à Audierne, puis il rejoignit son frère et sa sœur à Marseille et fut un acteur de la vie du « Fruit mordoré », nom officiel de la coopérative le CroqueFruits, qui permit à de nombreux intellectuels, réfugiés et militants antifascistes de survivre de fin 1940 à fin 1942. Lucien Itkine travailla dans un laboratoire, installé sans doute dans son appartement, pour améliorer le produit en y incorporant diverses saveurs. Un cahier conservé répertorie 120 de ces compositions et leur notation.

Lucien Itkine rejoignit la Résistance à une date qui reste à préciser, fin 1941 ou début 1942. Ayant gagné Lyon, il entra dans à Combat puis fit partie des services de renseignement des MUR sous le pseudonyme de "Villon". Son mouvement le chargea de transports d’armes, de l’organisation d’évasion de résistants, de prise de renseignements sur les unités allemandes, de détection d’agents de l’ennemi et de leur exécution, comme de la protection des responsables des réseaux MUR.

Il passait parfois à Autun où sa femme et ses deux enfants vivaient chez sa belle-famille. Il fut arrêté fin juillet 1944 au cours d’une rafle de juifs, sous les yeux son frère Sylvain Itkine qui lui-même fut exécuté par la Gestapo le 20 août 1944. Celui-ci chercha à le sauver sans succès. Lucien Itkine fut incarcéré le 26 juillet 1944 à la prison de Montluc puis déporté par le convoi du 11 août 1944 à Auschwitz-Birkenau. Quand le camp fut évacué, il participa à la « marche de la mort » vers Mauthausen où il mourut le 25 février 1945.

En 1987, sa fille se constitua partie civile contre Klaus Barbie organisateur du convoi du 11 août 1944, lors du procès de celui-ci.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147384, notice ITKINE Lucien, Élie, version mise en ligne le 22 juin 2013, dernière modification le 12 août 2016.
Lucien Itkine, à Marseille, sur la Cannebière, avec sa soeur Georgette. Sans doute en 1941.
Lucien Itkine, à Marseille, sur la Cannebière, avec sa soeur Georgette. Sans doute en 1941.
Cliché communiqué par Irène Itkine, sa fille

SOURCES  : Archives du Ministère de la Défense à Vincennes (vu par sa fille Irène). — Notes d’Irène Itkine auxquelles cette biographie doit tout. — Fonds Sylvain Itkine à la BNF.

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