PARAIRE Pierre, Charles, Léon, Félix

Par Alain Dalançon

Né le 1er novembre 1904 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 4 mars 2001 à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) ; professeur puis psychologue scolaire ; militant syndicaliste du SNES, membre de la CA et du bureau national, militant de l’Association française des psychologues scolaires.

Pierre Paraire
Pierre Paraire

Pierre Paraire était le fils d’un officier d’infanterie coloniale dont la famille paysanne était originaire d’Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales). Le 28 août 1914, ce dernier, devenu lieutenant-colonel, commandant du 263e Régiment d’infanterie, fut porté disparu lors du combat de Sailly-Saillisel (Somme). En réalité, grièvement blessé, il fut fait prisonnier et conduit à la forteresse de Wurzburg (Allemagne) puis, conformément à la Convention de Genève de la Croix Rouge, il fut transféré à Interlaken (Suisse), où il eut la possibilité de faire venir auprès de lui son épouse et ses trois enfants, avant de se faire rapatrier en France en tant que grand blessé. Au cours de cette période, il fut le précepteur de son fils et de ses deux filles qui en gardèrent tous un très vif souvenir.

Pierre Paraire poursuivit ses études secondaires au lycée (dénommé plus tard Peiresc) de Toulon (Var) puis au collège de Draguignan (Var), où il obtint le baccalauréat (série philosophie) en 1925. Il entra ensuite en première année de khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris, puis suivit des études de philosophie à la Sorbonne, tout en étant maître d’internat au collège de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) en 1926-1927, puis au lycée Saint-Louis à Paris. Le décès de son père, le 26 février 1926, l’avait en effet contraint à être autonome financièrement.

Il épousa le 19 mars 1929 à Paris (VIe arr.) Madeleine Bourniquel qu’il avait connue à Toulon où son père était économe du lycée ; d’abord répétitrice au collège de Sens (Yonne), elle obtint sa mutation en 1931 au lycée Victor Duruy à Paris, où elle termina sa carrière en 1962 comme adjointe d’enseignement ; ils eurent six garçons.

Pour son service militaire, Pierre Paraire fut incorporé le 23 octobre 1929 au 4e Régiment d’infanterie à Sens, suivit le peloton des candidats élèves officiers de réserve à Dijon (Côte-d’Or), de novembre 1929 à mars 1930, puis l’EOR à Saint-Cyr d’avril à octobre 1930, et fut affecté comme sous-lieutenant au 4e Régiment de tirailleurs sénégalais à Toulon, d’octobre 1930 à fin février 1931.

De retour à la vie civile, il occupa un poste de répétiteur durant une période éphémère au lycée à Sens où travaillait son épouse, puis le couple fut nommé à Paris à partir de la rentrée 1931, lui au lycée Rollin. Après avoir terminé sa licence de philosophie sans affectation en 1932, il redevint répétiteur au lycée Rollin, faisant fonction de surveillant général, et fut muté à la rentrée 1934 au lycée Henri IV à Paris, où il devint professeur adjoint en 1937.

Il fut mobilisé du 1er septembre 1939 au 4 août 1940 comme lieutenant de réserve au 43e Régiment d’infanterie coloniale qui participa aux combats de Stenay dans la Meuse en mai 1940, puis « en retrait » dans les Ardennes et la Somme, avant de réussir à se dégager de l’encerclement à Givry (Aisne) le 13 mai.

Démobilisé, Pierre Paraire retrouva son poste au lycée Henri IV. Il enseignait aussi la philosophie au cours Dieterlen. Sa famille fut repliée à Fleury (Yonne) à partir de juin 1944.

Après la guerre, il fut un des premiers enseignants à s’engager avec passion dans la « psychologie scolaire » très présente dans la réflexion de la commission Langevin-Wallon. Il suivit l’enseignement d’Henri Wallon et de René Zazzo* à l’Institut de psychologie de l’Université de Paris, où il obtint le diplôme de psychologie de l’enfant et pédagogie (1948) et celui de psychologie appliquée (1950). Devenu adjoint d’enseignement, il exerça en fait comme psychologue scolaire dans le second degré, recruté en 1947 sur épreuves écrites et orales, mais cette fonction à laquelle il consacrait trois-quarts de son service, ne fut pas reconnue statutairement dans le second degré, malgré les souhaits de Gustave Monod, directeur du Second degré. Il exerça ensuite comme adjoint d’enseignement, en fait psychologue scolaire, au lycée Louis-le-Grand à Paris, de 1952 au 1er décembre 1969, date de son départ à la retraite.

Il garda des relations constantes avec les enseignants de l’Institut de psychologie (dont certains le surnommaient « Le Mage »), mais aussi avec des médecins des hôpitaux, spécialistes des enfants, qui le sollicitaient pour des avis cliniques. En outre, il participait aux commissions d’appréciation des candidats des instituts nationaux des sciences appliquées au début des années 1960.

Pierre Paraire militait en même temps au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Il fut candidat pour la première fois sur la liste « B » à la commission administrative nationale en 1950. Puis il fut élu en 1951 sur cette liste B d’« Union et d’Action syndicaliste » conduite par Louis Guilbert et Camille Canonge mais il était précisé qu’il n’était pas « cégétiste ». Il fut ensuite constamment réélu sur la liste « B » de 1952 à 1966, sur la liste de sa catégorie à partir de 1956, après que Marcel Bonin fut devenu surveillant général. Il siégea en outre au bureau national à partir de 1962 et fut élu secrétaire de la catégorie des AE-maîtres auxiliaires en 1966. Il fut à nouveau élu à la CA nationale sur la liste « Unité et Action » en mai 1967 lors des premières élections au collège unique du nouveau Syndicat national des enseignements de second degré, mais ce fut Jacky Monnereau qui lui succéda comme secrétaire de catégorie. Il était aussi membre du bureau de la section académique (S3) de Paris durant toute cette période.

Son profil de militant syndicaliste non-adhérent de la FEN-CGT jusqu’en 1954, et non encarté politiquement, illustrait la diversité de la liste « unitaire », d’autant qu’il apportait sa compétence de spécialiste de la psychologie de l’enfant dans la réflexion sur l’observation et l’orientation scolaire des élèves. Il restait en effet fidèle à l’esprit de la psychologie scolaire telle qu’elle avait été définie par ses maîtres, dans une perspective à la fois de démocratisation de l’école et de rénovation de la pédagogie. Selon lui, il fallait à la fois permettre à tous les élèves d’accéder au niveau le plus élevé possible en rapport avec leurs aptitudes, et d’autre part améliorer l’efficacité de la pédagogie, grâce à une meilleure connaissance de l’enfant.

À cet effet, outre le développement de la psychologie scolaire, il suivait avec intérêt l’expérience des « classes nouvelles » et proposa, au moment du débat sur la réforme du second degré en 1953, de développer les travaux dirigés en classe de 6e, 5e et 4e .

Pierre Paraire défendait en même temps les intérêts corporatifs des membres de sa catégorie en étant élu suppléant à la commission paritaire nationale des AE en 1952 puis titulaire de 1954 à 1964.

Il participa à la création de l’Association française des psychologues scolaires fondée officiellement en 1962. Après sa prise de retraite, ayant maintenu des contacts avec la nouvelle direction du SNES, notamment avec le secrétaire général, André Drubay, et le responsable du secteur orientation, Jacques Romian, il fit part des résultats obtenus par les psychologues scolaires dans les établissements du premier degré de Paris au congrès du SNES de 1972. Quelques années plus tard, il prit la parole au rassemblement psychologie-information-orientation organisé le 27 mai 1977 par le SNES à Paris. Dans les années 1980, il fut chargé par le président de l’AFPS de rédiger une petite histoire de la psychologie scolaire.

Il habitait 45, avenue Duquesne à Paris 7e.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147461, notice PARAIRE Pierre, Charles, Léon, Félix par Alain Dalançon , version mise en ligne le 24 juin 2013, dernière modification le 23 mars 2018.

Par Alain Dalançon

Pierre Paraire
Pierre Paraire

SOURCES : Arch. Nat., AJ 16/6107,F17/ 28030 (dossier de M. Paraire), 29920. — Arch. IRHSES (dont Congrès SNES, CA, L’Université syndicaliste. — René Zazzo, « La psychologie scolaire en 1952 », L’Enfance, 1952, vol. 5, p. 387-398. — Renseignements fournis par son fils François. — Notes de Jacques Girault.

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