PELLETIER Antoine, Georges

Par Jacques Girault

Né 19 février 1926 à Milly-sur-Thérain (Oise), mort le 16 mai 2008 à Milly-sur-Thérain ; professeur, chercheur. ; militant syndicaliste ; militant communiste dans l’Oise.

Troisième fils d’André Pelletier et de Paulette Granvalet, cultivateurs-propriétaires, Antoine Pelletier, de formation catholique, lycéen pendant la guerre, eut deux frères résistants, qui moururent victimes des nazis : Michel, fusillé au Mont-Valérien en mars 1944, François, arrêté par la Gestapo dans le Var et fusillé le 12 août 1944. Il conserva une forte hostilité aux forces politiques qui n’avaient pas eu une attitude résistante et adhéra au Parti communiste français en 1951 à la Sorbonne.

Après des études dans un collège catholique en Belgique peu avant la guerre, puis au lycée Félix Faure de Beauvais où il devint bachelier, il étudia à la Sorbonne et y obtint une licence de philosophie et d’histoire. Il bénéficia d’une bourse à Harvard avec un premier contingent d’étudiants européens à la Libération et étudia un an aux USA (1946-1947). Puis il devint enseignant à l’Institut français à Copenhague (Danemark) de 1951 à 1957.

Antoine Pelletier fut reçu à l’agrégation d’histoire en 1960, préparée avec le groupe des agrégatifs communistes à la Sorbonne, dit « groupe de la rue Férou ». Il fut maintenu au lycée de Beauvais où il exerçait comme professeur certifié depuis 1958. Détaché au CNRS en 1964, devenu assistant de Marcel Reinhard à la Sorbonne, il participa en 1968-1969 à la création de l’Université de Vincennes, fut nommé maître-assistant à la Sorbonne, puis à Paris I, travaillant avec Albert Soboul à l’Institut d’histoire de la Révolution française, et avec Pierre Vilar jusqu’à sa retraite en 1991.

Ses recherches historiques portaient sur la vie rurale en Picardie au XVIIIe siècle. Il écrivit des articles érudits sur la formation de François-Noël Babeuf et sur les rapports du jeune Babeuf avec les nobles de la région détenteurs de fiefs. Mais depuis le début des années 1970, il prit des distances avec les exigences du métier d’enseignant-chercheur, se consacrant principalement à son enseignement. Il écrivit dans la tribune libre du Monde du 22 juillet 1980 sous le titre « Un enseignant peut-il devenir paysan ? », un article indirectement critique sur les services des enseignants du Supérieur, et plus largement des enseignants.

Il se maria en mars 1951 à Milly-sur-Thérain avec une Italienne, Silvia Biancalani, enseignante dans le second degré. Le couple eut trois enfants (une fille et deux garçons) puis divorça. Antoine Pelletier se remaria en décembre 1979 à Milly-sur-Thérain avec la directrice d’une école d’infirmières.

Devenu athée dans les années 1950, il étudiait le rapport entre les analyses marxistes et les phénomènes historiques révolutionnaires. Quand en décembre 1957, un nouveau comité de rédaction de La Nouvelle Critique, revue des intellectuels communistes, fut formé, il en fit partie et en resta membre pendant une dizaine d’années. Il était actif dans le groupe des historiens communistes travaillant dans le cadre du Centre d’études et de recherches marxistes jusqu’au début des années 1970. Engagé dans la bataille idéologique contre « la vision idéaliste et non dialectique construite autour du concept de civilisation (Varagnac, Braudel, Dumézil, Lévy-Strauss) », il écrivit un article dans La Pensée en février 1966 sous le titre « Notion de civilisation », qui fut édité avec un autre article de Jean-Jacques Goblot, sous le titre Matérialisme historique et histoire des civilisations (Paris, Editions sociales, Problèmes, 1966 et réédité en 1972).

Antoine Pelletier, militant « Unité et Action » du Syndicat national de l’enseignement secondaire, fut membre du bureau de la section départementale (S2) de l’Oise au début des années 1960.

Il militait aussi dans la fédération communiste de l’Oise. Il fut arrêté par la police alors qu’il distribuait des tracts dénonçant la torture pendant la guerre d’Algérie en 1957 et emprisonné à Fresnes pendant un mois. Membre du comité de la section communiste de Beauvais, il fut candidat aux élections au Conseil général dans le canton de Marseille-en-Beauvaisis en 1961 et en 1967, après avoir aussi été candidat dans le canton de Beauvais-Nord-Est en 1964. Candidat aux élections législatives dans la première circonscription (Beauvais NE-Breteuil) en 1958, il obtint 7 004 voix (quatrième position) puis 6 808 voix (troisième position) voix sur 50 097 inscrits. En 1962, à nouveau candidat, il réunit 6 306 voix sur 50 636 inscrits, le candidat de droite, Marcel Dassault, étant élu au premier tour.

Par la suite, Antoine Pelletier, membre du SNESup, prit des distances à partir de 1968 avec le PCF, sans pour autant approuver les analyses de l’ultra-gauche et du gauchisme qui l’indisposaient. Critique par rapport à la politique soviétique et la réalité des régimes des démocraties populaires, méfiant par rapport au programme commun de la gauche, il quitta discrètement le PCF à la fin des années 1970 ou au cours des années 1980, selon les témoignages. Il n’appartenait pas à la cellule Gabriel Péri de l’Université de Paris I à l’orée des années 1980. Selon ses proches, il garda un engagement significatif en faveur des droits du peuple palestinien, étant profondément révolté par l’occupation de ce territoire et les injustices subies par ce peuple.

Après le décès de son père, il entreprit de reprendre l’exploitation agricole familiale dans l’Oise, mais se heurta à la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles qui s’opposait à l’exercice d’un double emploi. Retraité, il put alors reprendre l’exploitation en 1994.

Antoine Pelletier, depuis 1977, faisait partie de la Société historique moderne et contemporaine de Compiègne. Il écrivit une manière d’autobiographie familiale sous le titre Autrement qu’ainsi, (Paris, Quintette, 1991).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147555, notice PELLETIER Antoine, Georges par Jacques Girault, version mise en ligne le 27 juin 2013, dernière modification le 12 avril 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par son épouse et ses enfants. — Notes de Roland Andréani, de Françoise Brunel et de Claude Mazauric. — Sources orales.

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