PENVEN Hervé, François, Marie

Par Jacques Cousin

Né le 2 avril 1923 à Huelgoat (Finistère), mort le 11 février 2015 à Morlaix (Finistère) ; instituteur ; militant tendance « Unité et Action » de la section mayennaise du Syndicat national des instituteurs.

Hervé Penven était le quatrième d’une famille de six enfants. Ses parents, de modestes agriculteurs bretons, ne disposaient que de seize hectares de terre, dont 6 de landes. Son père, blessé pendant la Grande Guerre, ne rentra qu’en 1919. Sa mère décéda prématurément en 1929.

Hervé Penven passa avec succès le concours des bourses à l’âge de 12 ans et entra au cours complémentaire d’Huelgoat, tout en continuant matin et soir à travailler à la ferme. En juin 1941, il fut reçu au concours d’École normale d’instituteurs et rattaché à la Mayenne. Étant donné que les écoles normales venaient d’être supprimées par le régime de Vichy, il devint élève-maître au lycée Ambroise Paré de Laval.

Il fut emprisonné par les Allemands, avec trois de ses camarades de promotion, en janvier 1943. Aussitôt après avoir passé les épreuves du baccalauréat, en juin 1944, il rentra en Bretagne et rejoignit le groupe de Résistance « les diables bleus », commandé par le lieutenant Théo Cren. Au début d’octobre 1944, il entra à l’ENI de Rennes pour effectuer son année de formation professionnelle, mais, appelé au service militaire, il la quitta rapidement et n’y revint qu’en avril 1946 pour terminer ses études. Membre des Jeunesses communistes en 1944, il ne renouvela pas son adhésion après 1945.

Hervé Penven fut nommé en Mayenne à Fromentières en septembre 1946, puis à Château-Gontier la même année. Il se maria le 22 février 1947 à Ruillé-Froid-Fonds (Mayenne) avec Rolande Testier, secrétaire. En septembre 1947, il arriva à l’école de Cosmes où il resta jusqu’en 1966. Sa femme devint secrétaire de mairie. Le couple mit alors son militantisme au service du village ; il accepta la place de secrétaire-trésorier du comité des fêtes, s’occupa de la mutualité et du syndicat agricole, de la société de secours mutuel, créa en 1949 la société sportive dont il fut à la fois secrétaire, joueur et capitaine. Sa femme était à la fois infirmière, professeur de chant et de couture dans le village.

Hervé Penven fut l’un des premiers dans le département à appliquer les méthodes de l’École moderne (Célestin Freinet) et, dès novembre 1949, il édita un journal scolaire imprimé. En 1966, il quitta Cosmes pour prendre la direction d’un école plus importante à Congrier où il resta jusqu’en 1977. Il y mit en place le sport USEP, permettant à son école de s’illustrer sur les stades dans différentes disciplines (football, handball, athlétisme…). Il créa une cantine scolaire dont sa femme assurait la gestion, s’impliqua de façon aussi active qu’à Cosmes dans les différentes sociétés du village, assura la gestion d’un transport scolaire spécifique réservé aux enfants de primaire et de maternelle, convainquit le conseil municipal de construire une salle de repos permettant d’accueillir les enfants dès l’âge de trois ans. En 1979, il termina sa carrière d’instituteur à Bazouges, banlieue de Château-Gontier. Il dirigea une classe de neige au Collet d’Allevard (Isère). Parallèlement à l’exercice de sa profession, il présida la section athlétisme de l’amicale sportive locale.

Hervé Penven fut de toutes les batailles laïques d’après-guerre (lois Marie-Barangé, loi Debré), participa à toutes les grandes manifestations de l’époque : Nantes, Vincennes… Il prit position contre la guerre d’Indochine et contre la guerre d’Algérie, conflits coloniaux qui révoltèrent l’ancien résistant qu’il était. Il fut élu pour la première fois au conseil syndical de la section mayennaise du SNI le 28 novembre 1950 tout en restant adhérent à la FEN-CGT (la double appartenance était alors autorisée). Hervé Penven rejoignit le groupe Micard, Le Naour et Corgnet*. Son mandat à l’instance exécutive de la section fut confirmé le 18 novembre 1952, puis le 22 novembre 1954 et en 1956. Lorsque, cette même année, Hervé Le Naour quitta le conseil syndical, Hervé Penven fut élu à sa place et assuma la responsabilité de la tendance « cégétiste » (par la suite « Unité et Action »). Il vit son mandat renouvelé lors des élections au conseil syndical de la section, en 1959, où il se présenta sur la liste commune d’action syndicale et d’action laïque. À l’assemblée générale du 2 juin 1960, il fut chargé par le groupe mayennais des ex-cégétistes de présenter la motion d’orientation de sa tendance (motion des Bouches-du-Rhône). La même année, il fut désigné comme délégué, en compagnie de Lucien Sosson et d’Albert Pelé pour représenter la section départementale au congrès national du SNI à Strasbourg.

En juin 1963, peu de temps avant la consultation des adhérents sur un projet de réforme des structures du SNI, Hervé Penven et ses amis ex-cégétistes signèrent dans La Voix Syndicale, bulletin de la section départementale, un appel réclamant notamment un secrétariat permanent hétérogène où ils auraient siégé.

Inscrit sur la liste commune « d’action syndicale et d’action laïque », Hervé Penven fut reconduit dans son mandat de conseiller syndical en mars 1961. Lors du renouvellement du conseil syndical, en juin 1963, les ex-cégétistes conduits par Penven s’allièrent aux majoritaires réunis autour de Sosson pour présenter une liste d’action syndicale et d’action laïque contre celle présentée par « l’École émancipée ». Leur liste commune eut 20 élus, dont Penven, contre 5 à « l’École émancipée ».

Lors du renouvellement du conseil syndical, en mars 1967, les trois tendances représentées dans la section mayennaise du SNI décidèrent de partir séparément, sous leur propre bannière et leur propre programme. La tendance « Unité et Action » (ex-cégétistes) obtint 6 sièges sur 25 à pourvoir. Hervé Penven qui était leur tête de liste fut donc élu. Au moment des événements de mai 1968, après le meeting de Charléty, il fut pris à parti par deux ou trois autres syndiqués : « comme si j’avais été responsable de l’attitude du PC et de la CGT à laquelle je n’adhérais plus depuis que la double appartenance (au SNI et à la CGT) avait été supprimée. A l’époque, j’étais resté syndiqué au SNI par attachement au syndicat ».

Son mandat au conseil syndical fut reconduit en mars 1969. Cependant, lors de l’assemblée générale du 18 juin 1970, le rapport d’activité de la section départementale fut mis en minorité par les membres de « l’École émancipée » alliés à des militants de la tendance « Unité et Action ». La totalité du conseil syndical démissionna la semaine suivante afin de consulter à nouveau les adhérents. De nouvelles élections se déroulèrent en novembre 1970, qui modifièrent légèrement le rapport des forces, « l’École émancipée » perdant un siège au profit d’ « Unité et Action » (15 UID, 4 EE et 5 UA dont Hervé Penven). Ce dernier, qui était sur le point de succéder à René Sauleau à la tête de la section mayennaise de la MRI-FEN, abandonna la tête de liste « Unité et Action » aux élections d’avril 1971 où il présenta seulement une candidature de soutien à sa tendance (dernière position sur la liste). Il resta fidèle à cette attitude pour chacune des élections au conseil syndical jusqu’à celles de juin 1990 comprises.

Hervé Penven figurait en tant que suppléant sur la liste présentée par la section mayennaise du SNI aux élections de la commission administrative paritaire départementale du 5 novembre 1954 qui fut élue sans concurrence. Il devint titulaire après celles de 1958. En 1961, il garda son siège par 792 voix sur 805 suffrages exprimés. Élu de nouveau sur la liste du SNI en 1965, il en démissionna, comme tous les autres, le 16 février 1966, afin de protester contre les décrets gouvernementaux qui imposaient, aux candidats à un poste de direction d’école, leur inscription préalable sur une liste d’aptitude et leur nomination par le recteur en dehors du contrôle de la CAPD. Il fut ensuite réélu à la CAPD jusqu’en 1975.

Hervé Penven milita également dans la section départementale de la Mutuelle générale de l’éducation nationale et appartint au bureau de 1958 à 1990, assurant même la vice-présidence de 1984 à 1990. Il présida aux destinées de la section départementale de la MRI-FEN de 1971 à 1994 et joua également un rôle important au sein du comité directeur départemental d’athlétisme dont il assuma le poste de trésorier pendant douze ans. Enfin, dans le domaine de la justice, il fut nommé conciliateur de la République en 1988, poste qu’il occupa pendant cinq ans.

Son frère Alphonse Penven* fut élu maire communiste de Huelgoat et conseiller général en 1945, fonctions qu’il assura pendant trente-huit ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147571, notice PENVEN Hervé, François, Marie par Jacques Cousin, version mise en ligne le 27 juin 2013, dernière modification le 7 avril 2022.

Par Jacques Cousin

SOURCES : Arch. dép. de la Mayenne, Fonds de la section départementale de SNI-PEGC, La Voix Syndicale. — Témoignage d’Hervé Penven. — Note de Jacques Girault.

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