OTHON Marguerite, Lucie

Par Alain Dalançon

Née le 23 janvier 1906 à Juvisy (Seine-et-Oise/Essonne), morte le 3 janvier 2005 à Paris (Ve arr.) ; professeure puis directrice de collège technique ; militante féministe du SNET, membre du Conseil de l’enseignement technique.

Fille d’un employé à la Préfecture de la Seine et d’une institutrice de la Ville de Paris, Marguerite Othon était, de 1921 à 1924, élève de l’Ecole normale d’institutrices de la Seine, où elle obtint des diplômes de couture, de gymnastique et de chant. Après avoir été institutrice stagiaire à Paris, elle fut titularisée institutrice en janvier 1927. Reçue au professorat (lettres) des écoles pratiques en 1929-1930, licenciée ès lettres en 1931, elle exerça comme professeure de lettres-histoire-géographie dans les écoles professionnelles de jeunes filles de Paris des rues Emile Dubois (XIVe arr.) et Fondary (XVe arr.), de 1939 à 1947.

Militante du Syndicat national de l’enseignement technique après la guerre, elle était membre du bureau national en 1945-1946, secrétaire de la section A. Elle élabora aussi dans Le Travailleur de l’enseignement technique des listes de personnels ayant participé à la Résistance dont certains avaient été tués ou n’étaient pas revenus des camps de concentration.

Militante féministe, amie d’Hélène Brion, elle invitait les enseignantes, non seulement à se syndiquer mais aussi à prendre des responsabilités dans le syndicat, comme elle l’avait fait elle-même, et à postuler pour les différents postes d’inspection et de direction dans l’enseignement technique, comme elle le ferait. Les rapports de sa hiérarchie soulignaient son dynamisme dans la promotion de l’enseignement technique féminin.

Dans un article paru en 1946 dans la revue Technique, arts, sciences, publié par l’AFDET, elle déplorait que l’enseignement technique féminin se soit « limité jusqu’à présent aux métiers de l’aiguille ». « L’Enseignement technique féminin est ignoré, méconnu et tout à fait insuffisant » poursuivait-elle, « il est impossible, pour l’instant, de présenter des élèves de nos écoles de filles au baccalauréat technique, alors qu’aucun règlement ne l’interdit ». Responsable en 1946 de la commission apprentissage dans l’Union pédagogique nouvelle présidée par Henri Wallon et Célestin Freinet, elle était aussi chargée de mission à titre bénévole à la direction de l’Enseignement technique et écrivit dans la revue Le cours féminin créée en 1946, un éditorial (« Une école technique américaine », n°5, année 1946-47) qui succédait à ceux des premiers numéros écrits par le Directeur de l’enseignement technique lui-même, Paul Le Rolland, consacrés aux « femmes dans l’activité française ».

En juin 1946, Marguerite Othon fut élue sur la liste du SNET, membre titulaire du Conseil de l’enseignement technique et du Conseil supérieur de l’Éducation nationale. Réélue en 1946-1947 au BN du SNET, elle continua d’apporter son concours au secrétariat de la section A, et signa la motion unanime de la CA nationale du 24 décembre 1947 appelant à rester unis dans le syndicat.

À la rentrée 1947, intégrée dans le cadre des certifiés, elle devint sous-directrice du collège moderne et technique de jeunes filles Marie Curie de Versailles (Seine-et-Oise). Puis elle fut directrice, successivement, du collège moderne et technique de filles de Charleville (Ardennes), de 1949 à 1954, du collège commercial mixte et industriel féminin, devenu en mai 1955 collège national technique de jeunes filles d’Amiens (Somme), de 1954 à 1958, où elle entretint de très bonnes relations avec les milieux économiques.

Remarquée lors de ses inspections, elle fut nommée en 1958 directrice des sections techniques du lycée de jeunes filles de Sèvres (Seine-et-Oise/Hauts-de-Seine), où elle poursuivit le travail avec le Centre pédagogique international initié par la directrice précédente, Renée Bertran, selon les projets de la commission de réforme de l’enseignement Langevin-Wallon. Enfin elle prit la direction en octobre 1964, du collège technique Émile Dubois à Paris, où elle prit sa retraite en septembre 1971.

Toujours syndiquée, elle fut candidate suppléante sur la liste FEN, à la commission administrative paritaire des directeurs, directrices et assimilés certifiés en 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147680, notice OTHON Marguerite, Lucie par Alain Dalançon, version mise en ligne le 8 juillet 2013, dernière modification le 22 mars 2018.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat, AJ 16/9101, F17/30379/A. — Arch. IRHSES (SNET, Le Travailleur de l’enseignement technique.— Colette Avrane, « Hélène Brion, une institutrice féministe », Archives du féminisme, n°5, juin 2003. — Divert, « Heurs et malheurs des CAP couture », http://gresco.labo.univ-poitiers.fr/. — Ignace Rak, "Les autres revues didactiques et pédagogiques de l’enseignement technique, (1930-2005)", recherche du laboratoire UMR STEF de l’ENS Cachan, 2005. — Notes de Jacques Girault.

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