BROCAS Gérard

Par Michel Dreyfus

Né le 6 décembre 1905 à Bordeaux (Gironde), mort le 10 juillet 1965 ; ouvrier à la Régie municipale du gaz et de l’électricité de Bordeaux ; militant syndicaliste, membre du bureau de la Fédération CGT de l’Éclairage, président de la CMCAS de Bordeaux (1947-1965).

Le père de Gérard Brocas, chauffeur de four, mena des grèves très dures comme militant de la CGT : il travailla d’abord sur les docks, fut licencié pour faits de grèves avant d’être embauché à la Régie municipale du gaz et de l’électricité de Bordeaux. Il occupa également des responsabilités de délégué du personnel. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires puis un CAP de chaudronnerie, Gérard Brocas fut meilleur ouvrier de France et c’est dans cette catégorie qu’à son tour, le 1er janvier 1928, il fut embauché à la Régie municipale. En 1940, il prit part aux combats, contracta une maladie et fut réformé. Le 1er mai 1946, alors qu’il était maître ouvrier chaudronnier, il devint chef des services sociaux de la Régie.

Gérard Brocas, qui était proche du Parti socialiste SFIO — mais qui semble-t-il n’y appartint jamais —, avait adhéré à la CGT dès son entrée à la Régie, la CGTU y étant quasiment inexistante. Il fut avant tout cégétiste et bien qu’en désaccord avec Marcel Paul et Léon Mauvais, il entretint avec eux d’excellents rapports reposant avant tout sur la solidarité de métier. En mai 1946, il devint secrétaire du syndicat de la Régie et quelques mois plus tard, en septembre, il fut élu au comité fédéral puis au bureau de la Fédération CGT de l’Éclairage lors de son XVIIe congrès ; il devait être réélu dans cette instance jusqu’à son décès en 1965. À partir du XXe congrès de la Fédération (Paris, 1956), il fut un de ses secrétaires. Il appartint également à la commission administrative de l’Union départementale CGT de Gironde, de 1947 à 1954 après avoir refusé de rejoindre les rangs de la CGT-Force ouvrière.

Premier président de la Caisse mutuelle complémentaire d’action sociale (CMCAS) de Bordeaux de 1947 jusqu’à sa mort, il fut également administrateur du Conseil central des œuvres sociales (CCOS) de janvier 1947 jusqu’en février 1951. En août 1960, il fut désigné par la Fédération CGT de l’Énergie comme administrateur de la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) dont il fut le vice-président de 1963 à 1965. Gérard Brocas fut aussi administrateur de la Caisse primaire de Sécurité sociale de la Gironde en 1949 et, intéressé par la pratique mutualiste, créa dès 1947 une caisse mutuelle d’entraide familiale du personnel des industries électrique et gazière de la Gironde (CAMEF) : il s’agissait de subvenir aux besoins du personnel en cas de circonstances exceptionnelles. Il fut le principal organisateur du « Bal de la lumière », manifestation annuelle qui regroupait toute la profession et constitua même au-delà des rangs des gaziers et des électriciens un des hauts lieux de la sensibilité syndicale et ouvrière de la région bordelaise dans les années 1950 et 1960. Enfin, il fut le président des intérêts du quartier de Bacalan. En Gironde, il fut pendant longtemps considéré comme le véritable « patron » de la Régie, voire comme un « dieu » (sic), selon le témoignage de certains électriciens-gaziers de la Gironde. Il fut un personnage de tout premier plan, local, régional et national, doué de qualités charismatiques indéniables qui n’étaient peut-être pas exemptes de quelques aspects « paternalistes ».

Marié, Gérard Brocas avait une fille. Il était Chevalier du Mérite social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147712, notice BROCAS Gérard par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 11 juillet 2013, dernière modification le 27 février 2017.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : Arch. FNE- CGT, CCOS et CCAS ainsi que les archives du syndicat CGT de Bordeaux et de la CMCAS de cette ville. — Renseignements fournis par Alexandre Fernandez, auteur d’une thèse, Électricité et politique locale à Bordeaux, 1887-1956, soutenue à l’Univ. de Bordeaux, 1994.

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