OLAGNIER Michel, Claude

Par Daniel Durand, Georges Pruvost, Jean-Michel Steiner

Né le 25 mars 1923 à Saint-Étienne (Loire), mort le 6 octobre 2007 à Saint-Étienne ; ouvrier métallurgiste ; militant CGT ; militant PCF, militant de l’UJRF, membre du secrétariat fédéral communiste ; conseiller municipal de Saint-Étienne (1953-1965), conseiller général du canton Saint-Étienne Nord-Est (1965-1970).

Né rue de la Richelandière à Saint-Étienne, Michel, Claude Olagnier était le fils de Jean, François Olagnier, ouvrier armurier né le 9 octobre 1894, et d’Étiennette, Lucie Peuvel, graveur sur métaux, née le 10 novembre 1894, tous deux nés à Saint-Étienne.

Après des études primaires réussies, Michel Olagnier entra en 1937 à l’école d’apprentissage de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne (MAS). En 1940, il était embauché comme ajusteur dans l’entreprise où il travailla pendant treize ans.
Le 27 mars 1948, il épousa à Saint-Étienne, Odette, Arthémise, Laîné, employée du Trésor Public, née le 26 juillet 1924 à Saint-Étienne. Le couple eut trois enfants.

À la fin de 1943, ayant passé huit mois aux Chantiers de Jeunesse à Pontgibaud (Puy-de-Dôme), Michel Olagnier revint résolu à s’engager dans la lutte contre le régime de Vichy et l’occupant nazi. Il servit dans les formations sédentaires FTP de la MAS, participa à plusieurs opérations de sabotage et termina la guerre avec le grade de lieutenant.

Adhérent de la Jeunesse communiste dès la Libération, il fut élu en avril 1946 secrétaire de la Fédération départementale de l’UJRF. Le 23 février 1948, une directive du secrétariat du PCF, le désigna « parmi les 8 qui resteront affectés au travail de la jeunesse jusqu’à décision nominale du Secrétariat du Parti, en vue d’aider à la désignation parmi les communistes des meilleurs éléments pour la direction nationale des mouvements de jeunesse, dans le cadre de la préparation du congrès de l’UJRF ». De mai 1948 à décembre 1950, il fut membre du bureau national. Il anima les luttes contre les deux ans et contre la guerre du Viet Nam ce qui lui valut, en juin 1950, d’être poursuivi pour « entreprise de démoralisation de l’armée et de la Nation ».

Membre du bureau de la fédération de la Loire du PCF depuis 1947, il entra au secrétariat fédéral le 18 mars 1950 où il fut chargé de la propagande, de l’éducation et du journal départemental Le Cri de la Loire. Membre du comité départemental des Partisans de la paix, il fut licencié (« depuis plusieurs mois » dit la note du 5 novembre 1951) de la MAS en raison de son activité politique. Il devint alors permanent du parti et assura pour quelques mois le secrétariat de Georges Cogniot à la Section centrale idéologique.

En 1953, lors de la crise qui secoua la direction départementale et aboutit à l’éviction de Marius Patinaud, Albert Masson et Claudius Buard, Michel Olagnier fut élu secrétaire de la fédération. Un an plus tard, il fut remplacé par Théo Vial-Massat*.

Il dut alors pendant plusieurs années partager sa vie entre Paris et Saint-Étienne. À Paris, il participait à la commission centrale d’éducation puis dans les années 1960 à la commission d’organisation. À ce titre, de décembre 1961 à juin 1962, il vécut à Saint-Nazaire comme « instructeur d’organisation » pour aider la Fédération à renforcer son activité et son expression parmi les dockers du port. Pour ne pas sacrifier sa vie familiale, Michel Olagnier refusa en mars 1962 une proposition de la direction du PCF de devenir membre du secrétariat du Conseil Mondial de la paix à Vienne, en Autriche. Nommé au sein de la commission d’administration, il fut alors chargé de visiter et conseiller des fédérations du PCF : de juin 1962 à 1973, auprès de Gaston Plissonnier, puis, jusqu’en 1976 en liaison avec Georges Gosnat. En 1976, il rentra définitivement à Saint-Étienne.

Pendant cette vingtaine d’années, parallèlement à ses responsabilités nationales, Michel Olagnier conduisit le groupe communiste au conseil municipal de Saint-Étienne. En 1953, encore bien peu connu des électeurs stéphanois, il plaça la liste « Union ouvrière et démocratique pour la défense des intérêts communaux dans la paix et l’indépendance nationale » en deuxième position derrière le maire sortant (Alexandre de Fraissinette (18 919 voix contre 24 505) et obtint 12 sièges. Le 4 mai, il déclara devant le conseil : « 6 listes se réclamaient du même programme anticommuniste (…) nous avons dénoncé les causes fondamentales de l’aggravation de la misère ouvrière et du marasme économique dans notre région (…) le vote des quartiers populaires atteste que nous sommes ici les élus des mineurs, des métallos, des mal logés, les représentants de toute la population laborieuse ». Le 29 mai, il présenta un vœu réclamant la gratuité du séjour en colonies de vacances pour les enfants de chômeurs et l’ouverture de restaurant populaire.

Le 8 mars 1959, la liste « du Parti communiste français pour la prospérité de Saint-Étienne dans la paix, la démocratie et l’indépendance nationale », conduite par Michel Olagnier, arriva en deuxième place derrière celle d’Alexandre de Fraissinette (18 608 voix contre 20 846) obtenant 11 sièges sur 37. Lors de la désignation des adjoints, le 13 mars, le maire et ses onze colistiers ayant fait alliance avec qautre petites listes, dont celle de la SFIO, Michel Olagnier constata : « Le bureau municipal est constitué sans nous et contre nous. » Il poursuivit : « On peut être ouvrier et connaître ses classiques. Paul-Louis Courier nous a appris qu’on ne persuade les hommes que si l’on est capable de souffrir pour ses opinions. » Citant ensuite Jaurès : « Quand les partis ne sont pas définis, c’est le règne des clientèles qui commence »il déplora « En six années nous avons entendu ici maints discours célébrant Saint-Étienne cité du Travail … demain, en ouvrant leur journal, les mineurs des puits Couriot et Verpilleux, les métallurgistes, les cheminots, ne reconnaîtront pas les leurs dans le bureau municipal ».

En 1965, Michel Olagnier prenait la tête d’une liste « d’Union démocratique » avec Claudius Buard (PCF), Marcel Pierre et Huguette Bouchardeau (PSU). Il arriva en tête au premier tour avec 19 550 voix (111 961 inscrits, 71 801 exprimés) devant Michel Durafour, premier adjoint sortant (18 298), Lucien Neuwirth (UNR, 17 368) et Rémy Annino (17 368). Au second tour, avec 22 031 voix, il fut devancé par Michel Durafour (29 823) et Annino (23 194). La loi électorale ayant changé, la liste Durafour tout entière fut élue et, pour la première fois depuis 1945, le PCF n’eut aucun élu au conseil municipal.

En 1971, Michel Olagnier conduisit une liste d’union PCF-MRG-PS, dite « Objectifs stéphanois » qui termina en troisième place au premier tour (15 822 voix, pour 119 116 inscrits et 70 744 suffrages exprimés) largement devancée par la liste du maire sortant (31 162 voix) et Lucien Neuwirth (19 896). Au second tour, l’écart s’accentua (37 042 contre 15 606 voix) en dépit du maintien de Neuwirth. En 1977, Michel Olagnier laissa la tête de liste à Joseph Sanguedolce*. Premier maire communiste élu à Saint-Étienne, ce dernier le fit entrer dans son cabinet.

Il fut désigné par le CC en novembre 1953 à la direction des écoles centrales spécialisées du parti. À cette époque, une note des RG écrivait qu’il était « d’une intelligence très développée, possédant une instructions secondaire assez poussée, considéré dans les milieux communistes comme un militant d’avenir ».

Michel Olagnier fut candidat aux élections législatives dans la deuxième circonscription de la Loire (cantons Sud de Saint-Étienne), le 23 novembre 1958. Arrivé en deuxième position derrière l’UNR Lucien Neuwirth, il devançait Claudius Volle (SFIO Parti radical) et l’Indépendant Jean Eugène Violet. Au second tour, il fut battu par le gaulliste. Il fut à nouveau candidat dans cette circonscription le 18 novembre 1962. Avec 66 720 inscrits et 41 271 suffrages exprimés, il arriva deuxième (9 434 voix) derrière l’UNR Lucien Neuwirth (16 033). Placé devant Michel Soulié (5 312 voix), il se désista néanmoins pour ce dernier au second tour « pour battre à tout prix, les hommes de la réaction et de l’UNR » en application des accords « anti-gaullistes ». En 1967, le PCF le désigna pour affronter le maire Michel Durafour dans la première circonscription (cantons Nord de Saint-Étienne), dont il représentait un secteur au conseil général depuis deux ans. Au premier tour, sur 44 091 inscrits et 31 700 suffrages exprimés, il obtenait 9 010 voix (contre 12 066 à Durafour). Au second tour, il fut battu par le maire de la ville. En 1968, Michel Olagnier fut à nouveau candidat. Dans le contexte de l’après-mai 1968, le candidat communiste connut un nouveau recul, terminant en 3e place avec 9 977 voix devant Huguette Bouchardeau (PSU) mais derrière Michel Durafour (13 662 voix) et Nicolas, soutenu par la majorité UDR-Républicains indépendants (11 908 voix). Au second tour, malgré une triangulaire, il ne put empêcher la réélection du député-maire.

À la suite du décès d’Alexandre de Fraissinette (décembre 1964), Michel Olagnier fut candidat au conseil général pour le canton Saint-Étienne Nord-Est. Le 31 janvier 1965, soutenu par le PSU, il arriva en tête du premier tour avec 3 376 voix (sur 29 450 inscrits et 9 764 suffrages exprimés), devant Michel Durafour, 1er adjoint, faisant fonction de maire (2 455) et quatre autres candidats. Le 7 février 1965, alors que s’affrontaient quatre candidats, Michel Olagnier, devançait Michel Durafour de plus de 300 voix (4 755 voix contre 4 431, pour 11 939 suffrages exprimés) et était élu. Le siège était renouvelable lors du scrutin de l’automne 1967. Avec une participation faible (30 064 inscrits et 10 916 suffrages exprimés) Michel Olagnier termina derrière son ancien adversaire Michel Durafour (4 272 voix contre 5 594) alors que le PSU avait présenté Marcel Pierre contre son ancien partenaire des municipales de 1965. Au second tour, le duel tourna à l’avantage du maire (7 198 voix contre 5 815 à Michel Olagnier) et le PCF perdit le canton.

En 1973, au moment du Programme commun, le comité central le rappela à la direction de l’école d’un mois à Choisy, qu’il dirigea d’août 1973 à juin 1976. C’est lui qui, en juin 1974, accueillit des photographes de Paris-Match autorisés pour la première fois à faire des photos dans les structures du parti. Passionné par sa tâche, il se spécialisa en économie politique et en philosophie, gardant jusqu’à la fin de sa vie le goût de l’étude et de la recherche, le plaisir de communiquer à d’autres ses connaissances et ses expériences.

Il écrivit en 1980 L’enracinement, revenant sur soixante ans d’histoire de la fédération communiste de la Loire puis, en 1989, Au printemps des idées neuves avec Philippe Chapelin. Retraité en 1982, Michel Olagnier quitta le bureau fédéral et créa avec Claude Fournier, en 1985, l’IHS-CGT de la Loire. Il en était le secrétaire général. Il rédigea de nombreux articles pour les Cahiers de l’Institut régional d’Histoire sociale CGT Rhône-Alpes et pour le bulletin de l’IHS-CGT Loire dont il lança le premier numéro en 2000. En 1996, il évoqua le Front populaire devant des collégiens et des lycéens de Saint-Chamond. Il entreprit le classement méthodique des archives de l’IHS conservées dans le local de la Bourse du Travail de Saint-Étienne, où il recevait et aidait les chercheurs. Avec l‘Université Jean Monnet, il participa à la rédaction du Cd-Rom consacré à la Résistance dans la Loire.

Michel Olagnier mourut à Saint-Étienne en septembre 2007et fut l’objet d’un l’hommage devant la Fédération communiste de la Loire, le 31 octobre 2007. Le 7 mai 2008, dans une cérémonie associant le PCF, la CGT et l’IHS, la municipalité de Saint-Étienne attribua son nom au jardin Nord du site de l’ancienne Manufacture d’armes de Saint-Étienne (MAS).

Michel Olagnier était titulaire de la Croix de combattant volontaire de la Résistance et de la Croix du combattant 1939-1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147717, notice OLAGNIER Michel, Claude par Daniel Durand, Georges Pruvost, Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 9 juillet 2013, dernière modification le 9 juin 2021.

Par Daniel Durand, Georges Pruvost, Jean-Michel Steiner

ŒUVRE : Bulletins de l’IHS-CGT Rhône-Alpes  : « Le premier député ouvrier ; Noël Point Cadet (n°12, 1989) ; « 1789 : Saint-Étienne et le Forez » (n°13, 1989) ; « Les travailleurs Rhône-Alpes et la Résistance : la MAS » (n°17, 1990) ; « 11-19 novembre 1943 : il y a 50 ans, les mineurs de la Loire levaient le drapeau de la lutte », en collaboration avec M Moissonnier, et « La MAS, un patrimoine à conserver et à développer » (n°26, 1993, ; « Le programme du CNR nourrit les luttes de notre temps » (n°27, 1994) ; « Un comité de libération confronté à des tâches concrètes (n°30, 1994) ; « Le 1er mai 1890 dans la Loire » (n°32, 1995) ; « La Bourse du Travail doit demeurer la maison des syndicats » (n°34, 1995) ; ; « La loi sur les Comités d’entreprise a 50 ans » (n°35, 1996) ; « 1936 : l’expérience stéphanoise sur les chemins de l’unité » (n°37, 1996) ; « Du plan Monnet au plan Schuman : une Europe sans et contre les peuples (n°40, 1997) ; « 1947, les jeunes dans la bataille pour la vie » (n°42, 1997) ; « Première subvention du Conseil général de la Loire pour la restauration de Goutelas » (n°50, 1999) ; « Bourse rouge ? Plutôt bourse révolutionnaire. À propos de la venue d’Yvetot à la Bourse du Travail de Firminy en 1909 » (n°65, 2003).
Bulletins de l’IHS-CGT Loire 
 : « 1950 : les 18 de Roanne » (n°1, 2000) ; « 1943-1944. L’ampleur du sabotage de la production allemande à la MAS » (n°3 2002) ; « Naissance d’une nouvelle confédération. La CGTU. Juin juillet 1922-Saint-Étienne (n°4, 2002) ; « Il ya 60 ans, les accords du Perreux » (n°5, 2003) ; « En 1882, lorsque Jules Guesde fustigeait les patrons du textile de Roanne » et « avril 1945, le syndicaliste Marcel Berne était assassiné à Buchenwald » (n°9, 2005) ; « En 1906, la Charte d’Amiens » (n° 10, 2006) ; « 1936, dans la région stéphanoise » (n° 11, 2006).
Michel Olagnier, conseiller général a écrit de nombreux articles sur les problèmes économiques locaux et régionaux pour l’organe fédéral, Regards sur la Loire.

SOURCES : Arch. Dép. de la Loire, 145 VT/1 RG de la Loire, note 4750/JV du 5 novembre 1951. — Arch. Mun. de Saint-Étienne : État-civil, 2E 175 ; 9C2 74-86, Bulletins du Conseil Municipal, 1953-1965 ; 7K 18, Élections municipales, 10K 18-25 ; Élections législatives, 7K 15-21 ; Élections cantonales, 9K 18. — Bulletin de l’IHS-CGT Loire, n° 10, 2006) n° 14 (2008) et n° 15 (2008). — Le Résistant de la Loire, n° 155, 2008.

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