BELIN Benoît, Marie

Par Daniel Grason

Né le 7 novembre 1910 à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), mort après la fin avril 1945 aux environs de Brême (Allemagne) ; opérateur microphotographique au Collège de France ; sympathisant communiste ; résistant : déporté.

Fils de François, ajusteur et de Jeanne, née Bonneau, Benoît Belin célibataire vivait chez ses parents 17 rue Taine à Paris XIIe arrondissement. Sympathisant communiste, soupçonné de diffuser de la propagande communiste clandestine, la police perquisitionna le 21 septembre 1941 son domicile, en vain.
Début juillet 1941, Bernard Reisnick ex-membre du parti communiste fut contacté par Frédéric Ricol, ex-dirigeant des Jeunesses communiste qu’il ne connaissait pas. Il fut chargé de sonder les milieux israélites pour collecter de l’argent, Bernard Reisnick contacta Abraham Azrac d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) et Szmul Cruc, brocanteur d’Antony (Seine, Hauts-de-Seine). Ricol voulait mettre sur pied un centre d’impression de la propagande communiste, Reisnick lui présenta Benoît Belin. Celui-ci accepta de reproduire des documents, installa dans son laboratoire du Collège de France une machine à ronéotyper « Presto Rotary » avec tout le matériel servant à l’impression de tracts : encre et papier.
Des inspecteurs de la BS1 filaient depuis le 1er octobre Belin, Ricol et Nourrisson qui se rencontraient au Café le Petit Namur au 25 Rue de Dunkerque Xe arr. Le 8 octobre 1941 des inspecteurs de la BS1 arrêtèrent Frédéric Ricol et Odette Pourchasse, agent de liaison, le lendemain Szmul Cruc et Benoît Belin étaient interpellés, le 12 il en fut de même de Bernard Reisnick. Tous étaient inculpés d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939.
Benoît Belin était interpellé vers 14 heures au moment où il se rendait dans les locaux du Collège de France, place Marcellin-Berthelot Ve arrondissement, il portait sur lui une chanson de tonalité gaulliste imprimée sur un tract, le matériel entreposé dans son laboratoire était saisi et des tubes de verre contenant de la matière brune, probablement des matières explosives. Le 6 novembre 1941 il était condamné à huit mois de prison pour détention d’armes. Szmul Cruc se suicida par pendaison dans la nuit du 18 au 19 mars 1942 vers deux heures du matin à la Santé.
Le 23 mars 1942 Benoît Belin comparaissait devant la section spéciale de la cour d’appel de Paris, il était condamné à deux ans de prison et à mille deux cents francs d’amende. Il fut incarcéré à la maison centrale puis à la maison d’arrêt de Melun (Seine-et-Marne).
Le 11 février 1944, il devait être libéré ayant accompli sa peine, il fut maintenu en détention. Il partait en déportation le 15 juillet 1944 à destination de Neuengamme (Allemagne). Affecté au Kommando de Farge à Brême il travailla à l’édification d’un abri de sous-marin, plus de deux mille détenus y travaillaient. Matricule 36443 Benoît Belin mourut postérieurement à la fin avril 1945 aux environs de Brême, plus de 60% des hommes de ce convoi de 1528 déportés n’en revinrent pas.
Son père François qui vivait au 17 rue Taine dans le XIIe arrondissement témoigna devant la commission rogatoire chargée du dossier de l’inspecteur P. Il déclara : « Mon fils a été arrêté le 19 octobre 1941 au collège de France par trois inspecteurs et conduit au service des Renseignements généraux où il a été interrogé pendant trois jours. Le quatrième jour il a été remis aux allemands qui l’ont mis au secret jusqu’au jour de son jugement le 6 novembre 1941, il a été condamné il a été condamné à dix-huit mois de prison et incarcéré au fort d’Hauteville en Côte-d’Or ».
« Le 14 février 1942, il comparaissait devant le Tribunal spécial qui le condamnait à deux ans de prison et 1.200 francs d’amende ».
« Il a purgé sa peine à Fresnes, à Poissy et à Melun, le 12 août 1944 il a été remis à nouveau aux autorités allemandes, depuis cette date je suis sans nouvelles, je suppose qu’il a été déporté en Allemagne ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147741, notice BELIN Benoît, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 juillet 2013, dernière modification le 1er juin 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 95, KB 7, KB 72, 77 W 1339-291692. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau Résistance (pas de dossier). – JO n° 253 du 30 octobre 2011. – État civil, Paris (XIIe arr.). — Frédéric Ricol, "Mes activités de Résistance", manuscrit, années 1980.

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