SIX Théodore

Né le 31 octobre 1812 à Paris (VIe arr. ancien) ; mort le 15 avril 1888 à Paris (XVe arr) ; ouvrier tapissier parisien ; « Quarante-huitard » typique ; communard.

Après les journées de Février 1848, il joua un grand rôle dans les « conciles » qui se tinrent à la Sorbonne, en vue de désigner des candidats ouvriers à la Constituante. Il y rencontrait notamment Georges Duchênne et Martin Nadaud.

Selon ses propres dires, Théodore Six avait combattu en juin 1832 au cloître Saint-Merry, puis en février 1848, dans Paris. Il fut ultérieurement délégué au Luxembourg, puis « délégué du peuple au Comité démocrate socialiste en 1848, 49, 50, transporté politique en 1851, 52, 53, détenu politique en 1852 ».

Il publia en 1864 les Annales du Travail, un fascicule de seize pages in-4°. Il donne alors son adresse : 47, boulevard du Montparnasse.

Dans Annales du Travail, il vantait les coopératives ouvrières anglaises de production. Il semble être alors un personnage cultivé et aisé. Il cite son livre, ou son périodique, L’École du peuple (introuvable).

Les Annales du Travail, « journal ouvrier, politique et littéraire », se prononçaient pour le crédit mutuel, pour les candidatures ouvrières et pour l’instruction populaire.

Dans un esprit proche de celui de Tolain, Six se disait persuadé que la société avait besoin de concorde : « Nous avons la certitude que tout esprit d’antagonisme disparaîtra devant de sages discussions entre entrepreneurs et ouvriers, entre ouvriers et économistes : à l’esprit de haine succédera l’esprit de concorde. »

Le périodique ne put vivre, malgré tous les appels aux concours matériels et intellectuels.

En 1868, Six, mécontent de la façon dont les représentants de son métier à l’Exposition universelle de 1867 avaient été désignés — par la société de secours mutuels dite de Saint-François — réclama une commission ouvrière d’enquête. Il ouvrit les samedis 14 et 21 mars 1868 un registre de candidatures ouvrières à la commission d’enquête aux cafés de France et Gibé, « lieux de réunion des tapissiers ». La suite n’est pas connue. Il fut un des rédacteurs de La Voix du Peuple, organe parisien des Chambres syndicales, 6 février-28 août 1869, à laquelle collaborèrent des membres de l’Internationale (cf. Répertoire..., vol. I, L’Internationale, Périodiques, op. cit.).

Le 24 février 1871, Six publiait sous forme d’affiche un très beau poème en prose : Le Peuple au Peuple, composé au bagne de Dellys (Algérie) en juin 1852. Il y fait état de son « prolétarisme ».

Pendant la Commune de Paris, il fit partie de la commission militaire du VIIIe arr. et y demeura jusqu’au 21 mai. Condamné, le 25 novembre 1871, par le 11e conseil de guerre, à deux ans de prison pour immixtion sans titre dans des fonctions publiques, il obtint une réduction de six mois le 31 décembre 1872.

Son « prolétarisme » l’amena néanmoins en 1882 à accabler la « Finance juive ». Car Six était antisémite. Son journal, La Finance révolutionnaire (qui sombra au bout de deux mois), portait en épigraphe : « Le Juif, c’est l’ennemi. » À la « bancocratie juive », il opposait une Banque du peuple, à la fois proudhonienne et saint-simonienne. 1792, l’amitié des frères Charavay, communistes de la Monarchie de Juillet et de 1848, les citations du saint-simonien Hubbard, tout concourait selon lui à la lutte contre Naquet, ami des juifs internationaux et juif lui-même, entreprise par ce « Journal hebdomadaire des intérêts français ».
Voir aussi Hocdé L.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147890, notice SIX Théodore, version mise en ligne le 16 juillet 2013, dernière modification le 5 août 2020.

ŒUVRES : Annales du Travail. Le Peuple au Peuple, Paris, en vente chez tous les libraires, 1864, gr. in-4°, 16 pp. (Bibl. Nat. Lc 2/3029). — À Messieurs les ouvriers tapissiers du département de la Seine, in-4°, 2 pp. (Bibl. Nat., v.p. 23.294). — Le Peuple au Peuple, 24 février 1871, affiche in-plano (Bibl. Nat., Lb 57/1365). Ce poème a été réédité en 1965 avec des illustrations du peintre André Masson par les éditions de Delphes. — La Finance révolutionnaire, dix numéros in-fo, du dimanche 14 mai au dimanche 16 juillet 1882.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/741. — Georges Duveau, La Vie ouvrière en France sous le Second Empire. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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