OUDJINA Driss [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 17 décembre 1921 à Cherchell ou le 17 août 1920 à Blida (Algérie) ; syndicaliste CGT des produits chimiques à Blida, puis des dockers à Alger ; membre de la commission des Affaires sociales du MTLD dirigée par Aïssat Idir ; secrétaire adjoint de l’UGSA continuant la CGT pour préserver l’unité syndicale dans le trio de direction : Lakdar Kaïdi*, secrétaire général, et l’autre secrétaire adjoint, "européen", Jean Odièvre* ; membre du Conseil général de la FSM. 

Né plus sûrement à Cherchell qu’à Blida et les services de renseignements du Gouvernement général donnent deux dates de naissance différentes. C’est à Blida que Driss Oudjina (écrit aussi Ouadjina) commence à militer en 1945 dans le mouvement des Amis du Manifeste et au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques dont il est le candidat aux élections de novembre 1946 à Blida en pleine rivalité entre MTLD et PCA (Parti communiste algérien). Il est aussi un militant actif de la CGT à Blida dans le syndicat des produits chimiques ; ce qui lui vaut d’être fiché en 1946 comme « militant actif du PCA et membre du PPA (Parti du peuple algérien) » tant les Renseignements généraux sont dans la confusion.

Il est vrai que l’itinéraire syndical de Driss Oudjina est comme double ; en 1947, à sa création, il fait partie de la commission centrale des Affaires sociales et syndicales du MTLD autour de Idir Aïssat, tout en devenant un responsable de la CGT des dockers d’Alger et un membre important du bureau de l’Union CGT d’Alger ; ce qu’il va demeurer. Il est très attaché à l’unité syndicale dans le compagnonnage avec les communistes. Il est actif à la fois sur Blida où en 1951, il aide à la syndicalisation des ouvriers agricoles à la CGT avec Mustapha Saadoun* membre du PCA, et à Alger parmi les dockers en concurrence pour le leadership avec Rabah Djermane*, autre membre de la Commission syndicale et membre du Comité central du MTLD qui représente et défend plus fidèlement les positions nationalistes du PPA-MTLD.

A partir de 1953 dans la recherche d’autonomisation de l’UGSA (Union générale des syndicats algériens)-CGT pour ne pas répéter la coupure qui s’est produite en Tunisie entre l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) et la FSM (Fédération syndicale mondiale), les syndicalistes communistes poussent en avant une représentation tripartite ; au congrès de 1953, Driss Oudjina devient secrétaire adjoint aux côtés de Lakdar Kaïdi*, secrétaire général. Le congrès de juin 1954 autonomise l’UGSA par rapport à la CGT, en la rendant directement adhérente de la FSM et lui donne un trio de direction : Lakhdar Kaïdi, Secrétaire général qui appartient au PCA, Driss Oudjina, secrétaire adjoint qui compte comme membre de la Commission syndicale du MTLD, et Jean Odièvre*, trésorier, venant du syndicat des postiers et représente les « Européens » fidèles à l’idée d’une Algérie algérienne. Driss Oudjina entre au Conseil général de la FSM.

Le trio de direction veut sauver l’unité syndicale ; à partir de décembre 1955, se précisent les projets de créer un centrale nationale tant de la part des messalistes qui fondent le MNA, qu’en réplique, des responsables du FLN à Alger. Les négociations entre nationalistes vont échouer faisant place à l’USTA puis à l’UGTA. Quand Le Travailleur algérien, organe de l’UGSA publie le 8 décembre 1955, un appel à préserver l’unité signé de 17 militants syndicaux détenus au camp d’Aflou, nationalistes et communistes mêlés, le texte est accompagné d’un article de chacun des membres du trio de direction ; dans son plaidoyer unitaire, Driss Oudjina est le plus virulent en dénonçant une manoeuvre de « scission à base raciste ».

En 1955, au Gouvernement général, Jacques Soustelle avait tenu à recevoir les dirigeants de l’UGSA. L.Kaïdi et D.Oujdina se voient renvoyés en étant traités « d’agitateurs communistes ». Au lendemain du 6 février 1956, Guy Mollet maintient l’audience proposée aux syndicats ; après avoir consulté au reste les dirigeants FLN d’Alger (Ramdane Abbane* et Benyoussef Ben Khedda*), c’est accompagné de Driss Oudjina et Jean Odièvre que Lakhdar Kaïdi est reçu par Guy Mollet assisté d’Albert Gazier, ministre socialiste et syndicaliste chargé des questions sociales. L’entretien est interrompu quand après avoir évoqué ceux qui se battent, L.Kaïdi est traité de représentant des fellagas et non des syndicats. Driss Oudjina reste un dirigeant fidèle de l’UGSA jusqu’à sa fin, face à l’UGTA où le représentant des dockers n’est autre que Rabah Djermane* aux côtés de Idir Aïssat*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147920, notice OUDJINA Driss [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 3 janvier 2014, dernière modification le 3 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3 F/159, 161, 175, notes premières d’Abderrahim Taleb Bendiab. — Le Travailleur algérien, 8 et 29 décembre 1955. — Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3 F/120, Alger 1 K/900, FM (Fonds ministériels), 81 FM/796, notes de Louis Botella. — M.Farès, Aïssat Idir, op.cit. — Témoignage de L. Kaïdi en date du 17 décembre 1988 cité dans B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op.cit. — N.Benallègue-Chaouia, Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale 1919-1954, OPU, Alger 2004. — N. Djabi, Kaïdi Lakhdar. Une histoire du syndicalisme algérien. Entretiens,Chihab éditions, Alger 2005.

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