OLIVIER Marcel, Jean, Gabriel

Par Gérard Boëldieu

Né le 1er novembre 1936 à Jupilles (Sarthe) ; instituteur dans la Sarthe ; militant communiste jusque vers 1978 ; militant syndical (Syndicat national des instituteurs) ; militant associatif.

Marcel Olivier à l’ENI du Mans (première moitié des années 1950).
Marcel Olivier à l’ENI du Mans (première moitié des années 1950).

Fils de Marcel, Auguste Olivier, ouvrier forgeron (« maréchal » selon des listes nominatives de recensement et électorales), et de Juliette Bouchevreau, Marcel Olivier naquit dans une commune rurale du canton de Château-du-Loir, à l’orée de la forêt de Bercé, dans l’arrondissement de Saint-Calais alors réputé le plus politiquement à gauche de la Sarthe, le seul de ce département à avoir élu en 1936 un député favorable au Front Populaire, le radical-socialiste Théophile Romastin. Son père, qui adhéra au Parti communiste français après la Seconde guerre mondiale, siégea au conseil municipal de Jupilles de 1959 à 1971. Outre leurs deux enfants, une fille et un garçon, auxquels, tout en ayant des sympathies pour la Libre Pensée, relativement bien implantée dans leur secteur, ils firent donner une instruction catholique, les parents de Marcel Olivier élevèrent des enfants de l’Assistance publique. L’un d’eux, Rémi Jean, né en février 1945, que Marcel Olivier considéra toujours comme son frère, devint un militant syndical, secrétaire de la section de la CGT des Mutuelles du Mans que, pratiquement, il créa. Au début des années 1980, il fut un des cofondateurs d’une radio libre mancelle ouvertement orientée à gauche : « Radio Progress ».

Élève boursier au collège d’Écommoy, Marcel Olivier y prépara le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de la Sarthe, au Mans, qu’il réussit en 1952. De son séjour dans cet établissement data son adhésion au PCF. Son premier poste d’instituteur, de 1956 à 1959, fut Champagné (canton de Montfort-le-Rotrou), à l’est du Mans, sur la voie ferrée Paris-Brest. Dans cette localité, en voie d’industrialisation et où une grande partie de la population vivait misérablement, il contribua à remonter la cellule communiste qui devint une des plus actives du département. À partir de la fin de 1959, Marcel Olivier accomplit 28 mois de service militaire dont les 14 derniers en Algérie. Le 28 juillet 1962, près de cinq mois après son retour de l’armée, il épousa à Pont-de-Gennes, près de Montfort-le-Rotrou, Nicole Huet, institutrice, ancienne normalienne de la Sarthe, dont la mère, militante communiste, fut, de 1947 à 1959, conseillère municipale de Lombron, une commune voisine qui avait alors pour maire le socialiste indépendant, proche des communistes, Alexandre Maugé. Le couple eut trois filles.

Pendant une dizaine d’années, Marcel Olivier fut instituteur et directeur d’école dans trois postes doubles de l’est de la Sarthe : La Croix-Champagne (hameau de la commune de Gréez-sur-Roc, canton de Montmirail), Lavaré (canton de Vibraye) de 1963 à 1966, Semur-en-Vallon (même canton) ensuite. Dans les années 1970, au sein de la section sarthoise du SNI, où sa tendance, « Unité et Action », devint majoritaire en 1971, Marcel Olivier, concerné par la fermeture de classes dans les communes touchées par l’exode rural, n’était pas favorable à la classe unique mais plutôt aux regroupements pédagogiques entre écoles voisines. Il fut des instituteurs qui, pour sauver des postes ruraux, préconisèrent la généralisation de l’enseignement préélémentaire dans les campagnes.

À partir de 1972, tout en résidant à Semur-enVallon où sa femme continua de faire l’école, Marcel Olivier choisit de s’orienter vers le secteur de « l’enfance en difficulté scolaire ». Il fit des stages de formation et enseigna jusqu’en 1977 dans les sections dites « spécialisées » du collège de Saint-Calais et de l’Institut médico-éducatif (IME) de Thorigné–sur-Dué (canton de Bouloire, voisin de celui de Vibraye). En 1977-78 il rejoignit la « section d’enseignement spécialisé » du collège de Château-du-Loir. Il termina sa carrière comme membre de la « commission de circonscription de l’éducation spécialisée ».

Dans ses divers postes, Marcel Olivier s’impliqua dans la vie politique locale. Alors qu’il était secrétaire de la section communiste du canton de Vibraye, aux élections cantonales de 1964, son parti le présenta dans le canton voisin de Montmirail. Candidature de témoignage contre un sortant giscardien bien implanté, le docteur Lardeyret, qui l’emporta nettement dès le premier tour. À Semur-en-Vallon, il accomplit un mandat de conseiller municipal, de 1971 à 1977. À Château-du-Loir, lors des élections municipales de 1983, alors qu’il avait quitté le PCF depuis environ cinq ans, afin de « remuer la société locale », selon son expression, et aussi bousculer le jeu politique, Marcel Olivier fut un des initiateurs de la liste « Défense de l’Homme et de son environnement » qui regroupa des écologistes, des jeunes surtout, et des citoyens d’appartenances politiques diverses ou apolitiques soucieux de s’engager « autrement » au service de la cité. En cas d’élection, chacun s’engageait à ne siéger au conseil municipal qu’un an durant, laissant la place au suivant de liste pour une même durée. Confrontée à une liste de droite étiquetée « défense des intérêts économiques et sociaux », qui eut 23 élus, et une liste d’union de la gauche « pour une gestion démocratique », 5 élus, cette liste, sur laquelle Olivier figurait en deuxième position, n’eut qu’un élu, Serge Philouze, un écologiste, le premier dans la Sarthe à siéger dans une municipalité. Retiré dans sa commune natale, Jupilles, il y accomplit, élu au second tour par 207 voix sur 420 exprimées, un mandat de conseiller municipal, de 1989 à 1995.

Au plan local, Marcel Olivier s’engagea activement dans le mouvement associatif : au service des jeunes, pour des actions d’entraide et de solidarité, de défense et de protection de la nature, de la préservation de certaines traditions populaires. Ainsi, à Château-du-Loir il accepta une présidence par intérim de la Maison des Jeunes et de la Culture. À Jupilles, il fut actif dans les principales associations locales. Parmi les « Croqueurs de Pommes Maine-Perche » auxquels il trouva un terrain pour y établir leur verger conservatoire comptant aujourd’hui 400 arbres de variétés en voie de disparition. Il présida un temps le Foyer rural local, créé en 1947, et à l’origine, en 1978, du Musée du bois. Soucieux de la transmission des savoir-faire, il anima l’Association pour la renaissance de traditions artisanales de Jupilles (travail du bois, tressage de paniers, distillation, etc). De même l’Association de promotion et de mise en pratique de la permaculture, et, en vue du repeuplement des rivières, l’association de pêche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147943, notice OLIVIER Marcel, Jean, Gabriel par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 17 juillet 2013, dernière modification le 17 juillet 2013.

Par Gérard Boëldieu

Marcel Olivier à l'ENI du Mans (première moitié des années 1950).
Marcel Olivier à l’ENI du Mans (première moitié des années 1950).

SOURCES : Arch. dép. de la Sarthe : dossiers épars en série W (Tableaux des conseils municipaux depuis 1945 et dossiers électoraux). – Archives du comité national du PCF. – Presse locale (Sur les élections municipales). – Bulletin départemental (académie de la Sarthe) de l’Éducation nationale. – Renseignements fournis par l’intéressé ainsi que par sa fille Brigitte. – Notes de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable