ROUXEL Charles, Louis [Pseudonyme : Laurent]

Par Daniel Grason

Né le 2 janvier 1923 à Dornes (Nièvre), fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier ; militant communiste ; résistant FTPF.

Fils de Victor, journalier, et d’Anna, née Bonnet, sans profession, Charles Rouxel alla à l’école primaire et obtint à l’issue de sa scolarité le certificat d’études primaires. Il exerçait le métier de clayeur à l’entreprise Drouard, demeurait chez ses parents, 140 avenue des Capucines, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). En novembre 1941, Lucien Rémy lui proposa d’adhérer aux Jeunesses communistes et il accepta. Il faisait partie d’une équipe qui distribuait des tracts dans le secteur d’Émerainville-Pontault-Combault.
En novembre 1942, il reçut une convocation pour travailler au titre du Service du travail obligatoire (STO) sur un chantier de l’Organisation Todt à Soissons (Aisne). Pour s’y soustraire, il quitta le domicile familial, alla habiter chez sa sœur Raymonde, veuve Gosse, au 28 rue Sedaine à Paris (XIe arr.). Il n’informa pas sa sœur, de neuf ans son aînée, de son engagement politique et de son activité dans la Résistance communiste. Sans emploi, il accepta de devenir FTP, permanent rémunéré d’un Groupe spécial d’exécution (GSE). Ce groupe était chargé de l’élimination physique de traîtres, avérés ou supposés, par l’organisation communiste ; un pistolet 6,35 et une bicyclette lui furent remis.
Chargé avec un autre FTP d’éliminer un homme entre la gare de Gretz-Armainvilliers et son domicile, il le suivit, le dépassa, se retourna et tira à deux reprises. Charles Rouxel apprit ultérieurement que l’homme ne fut pas touché. Il quitta momentanément le GSE pour un groupe chargé des sabotages, demandeur de renforts. Un homme se disant « Laroche » le présenta à « Lucien », qui confia à trois hommes la mission de déposer un engin explosif sur une voie ferrée non loin de la gare d’Achères (Seine-et-Oise, Yvelines). Une action de même type devait se dérouler près de la gare de Meaux (Seine-et-Marne), mais des gardes-voies étant à proximité, les FTP durent renoncer à agir. Charles Rouxel se blessa à la cheville lors du repli et fut soigné par un médecin des FTP.
Il participa le 10 avril 1943, notamment avec Maurice Ancelle et André Rousseau, à l’attentat contre Marcel Capron, ancien responsable communiste devenu dirigeant du parti collaborationniste le Parti ouvrier et paysan français (POPF). Marcel Capron habitait rue Parmentier et se rendait impasse de la Fonderie à Paris (XIe arr.). Vers 8 h 10, à l’angle des rues Saint-Maur et des Trois-Bornes, plusieurs FTP, dont un à bicyclette, tirèrent. Marcel Capron ainsi que l’inspecteur des Renseignements généraux Rougeot, qui le protégeait depuis dix-huit mois, ripostèrent. Le policier fut grièvement touché lors des échanges de coups de feu et mourut le lendemain. Un gardien de la paix en faction devant l’école de la rue des Trois-Bornes rattrapa Charles Rouxel, qui était armé de deux revolvers.
Il fut interrogé par des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2) et reconnut qu’il était FTP appointé. Il déclara habiter chez sa sœur. Lors de la perquisition du domicile de celle-ci, les policiers saisirent entre autres quatre cartouches de dynamite, deux cartouches d’hexogène, neuf détonateurs, deux kilos de chlorate de potasse, des bouteilles d’acide sulfurique, quinze engins incendiaires, treize ampoules d’acide et des documents pour la fabrication des engins explosifs.
Battu à plusieurs reprises, Charles Rouxel révéla aux policiers les actions auxquelles il avait pris part. Il expliqua qu’il était devenu FTP pour ne pas partir travailler en Allemagne au titre du STO. Il fut inculpé de « meurtre et tentative de meurtre ».
Interpellés, son père et sa sœur furent mis hors de cause. Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), livré aux Allemands, Charles Rouxel comparut le 23 septembre 1943 devant le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas dans le VIIIe arrondissement. Condamné à mort pour « activité de franc-tireur », il fut passé par les armes le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien. Il était âgé de vingt ans.
Il fut reconnu comme FTP à titre posthume, et son nom figure sur la plaque commémorative du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) dédiée « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés au Mont-Valérien le 6 octobre 1943 » et sur le monument aux morts de Pontault-Combault. Une avenue de la ville porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148042, notice ROUXEL Charles, Louis [Pseudonyme : Laurent] par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 juillet 2013, dernière modification le 21 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, BA 2299, KB 18, PCF carton 8, activité communiste pendant l’Occupation, PCF carton 14, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation. – DAVCC, Caen, Boîte / B VIII dossier 4, Liste S 1744-306/43 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Dornes.

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