PLAS Pierre, Marcel dit Edmond, dit Achille, dit Chaptal

Par Daniel Grason

Né le 12 août 1894 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 9 décembre 1968 à Périgueux (Dordogne) ; mécanicien ; militant communiste ; résistant ; déporté.

Fils de Pierre, scieur de long et d’Adèle, née Quetron, couturière, Pierre Plas alla à l’école, obtint le certificat d’études primaires à la fin de sa scolarité. De la classe 1914, recrutement de Cherbourg (Manche) il s’engagea cinq ans dans la marine de guerre, il y apprit le métier de mécanicien. Il épousa le 5 septembre à Alger Vicenta Torregrosa, le couple adopta une petite fille. La famille habitait 114 bis rue Jules-Ferry à Sartrouville (Seine-et-Oise, Yvelines). Il adhéra au Parti communiste en 1936, fut organisé dans une entreprise de Poissy dans le même département. Il travailla ensuite dans une entreprise au 31 Boulevard Gouvion-Saint-Cyr à Paris (XVIIe arr.).
Pierre Plas cessa toute activité militant après l’interdiction du parti communiste. Il reprit contact avec l’organisation clandestine en mars 1942 par l’intermédiaire de Georges Pavès d’Argenteuil qui le mit en relation avec Buisson. Ce dernier lui présenta Lainé de Sartrouville, celui-ci fut interpellé et interné à Voves (Eure-et-Loir). À nouveau coupé de l’organisation de mai à la fin juin 1942, un cheminot d’Achères le mit en relation avec « Édouard ». Pierre Plas distribua les tracts du parti communiste qu’il lui livrait à Sartrouville.
« Édouard » présenta à Pierre Plas un responsable régional du Parti, il lui proposa de quitter son emploi pour assumer la fonction de responsable technique permanent de la région P7. Il accepta, fut rémunéré mille huit cents francs, puis deux mille francs par mois. Il devait trouver des « planques », mais fut en difficulté. Des membres d’une autre région fournissaient des ramettes de papier, la ronéo était dans un local de la rue Saint-Denis, près du Square des Innocents à Paris (Ier arr.). Il assuma cette responsabilité jusqu’à la mi-janvier 1943, était en relation avec « Gustave » et « César », les responsables de la région et de l’organisation.
En septembre 1942 Pierre Plas proposa à l’organisation d’héberger à Roberte Rousset de Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne), son mari venait d’être interpellé ainsi que son père, militant communiste, ancien combattant de 1914-1918 qu’il connaissait, tous les deux étaient internés. Il présenta Roberte Rousset au Responsable technique inter-régional qui lui proposa de devenir la dactylographe de la région P7. Elle travaillait hors du domicile de Plas, mais dans un local loué à Sartrouville.
Le 15 janvier 1943, « Gustave » présenta son remplaçant « Florent » (Jean Paillé) à Pierre Plas et l’informa qu’il devenait responsable de l’organisation, en conséquence il devait trouver un remplaçant technique. Pierre Plas contacta Pierre Errard de Maisons-Laffitte, il le connaissait depuis juillet 1940, par la suite en 1942, ils diffusèrent des tracts dans cette localité. Pierre Plas ne devint pas responsable à l’organisation comme prévu, le responsable des cadres lui annonça qu’il allait être muté chez les FTP, il refusa. Huit jours plus tard, il y eut une nouvelle entrevue, il serait responsable du matériel.
Le 10 avril 1943 vers 8 heures 10, plusieurs FTP dont Charles Rouxel, Maurice Ancelle et André Rousseau participèrent à un attentat contre Marcel Capron ex-député maire communiste d’Alforville, secrétaire du Parti ouvrier et paysan français (POPF), parti collaborationniste. Un FTP abandonna une bicyclette près du lieu de l’attentat, sa plaque d’identité portait le nom de Pierre Plas. Le même jour, il était arrêté à son domicile par trois inspecteurs de la BS2, il ne portait ni tract ni arme sur lui. Lors de la perquisition des documents et des tracts édités par le parti communiste clandestin étaient saisis.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, pressé de questions concernant son activité clandestine, Pierre Plas mit sa femme hors de cause. Il assuma son militantisme, déclara qu’un nommé Egaullin (probablement un nom inventé) lui avait apporté les tracts trouvés chez lui et qu’il était parti récemment travaillé en Allemagne. Il confirma qu’il connaissait l’activité de Roberte Rousset, mais elle n’effectuait aucun travail chez lui.
Quant à la bicyclette trouvée sur les lieux de l’attentat elle ne lui appartenait pas, il en était de même de la plaque d’identité. Il affirma avoir perdu sa carte d’immatriculation de la bicyclette depuis un mois ainsi que son permis de conduire. Il ne s’expliquait pas par quelle coïncidence ces pièces étaient parvenues entre les mains d’un des FTP. Il déclara ne pas faire partie de cette organisation.
Livré aux Allemands le 22 avril 1943, il fut incarcéré à Fresnes. Le 11 octobre 1943, il partit de la gare de l’Est dans un wagon pour les voyageurs aux fenêtres grillagées avec quarante-quatre autres détenus. Le wagon était attaché à un train de la ligne régulière vers l’Allemagne, il fut décroché le lendemain à Sarrebruck, les prisonniers étaient enfermés au camp de Neue Bremm. Tous étaient « NN » « Nacht und Nebel », « Nuit et Brouillard » (condamnés à disparaître), onze étaient dirigés sur Buchenwald (Allemagne), trente-quatre dont Pierre Plas sur Mauthausen (Autriche). Matricule 37802, Pierre Plas survécut aux inhumaines épreuves de la déportation, le camp fut libéré par les troupes américaines le 5 mai 1945.
Son domicile, Sartrouville étant situé hors du ressort de la préfecture de police de Paris, il ne fut pas convoqué pour témoigner devant la commission d’épuration de la police.
Il se remaria à Sartrouville le 8 juin 1946 avec Suzanne Cosson, divorça en décembre 1962 à Périgueux.
Pierre Plas a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut le 9 décembre 1968.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148183, notice PLAS Pierre, Marcel dit Edmond, dit Achille, dit Chaptal par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 août 2013, dernière modification le 9 janvier 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2299, KB 18, PCF carton 8 activité communiste pendant l’Occupation, 77W 3121. – Bureau Résistance GR 16 P 481592. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil, Levallois-Perret.

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