MORICE Louis, Joseph, Marie

Par Jean Limonet

Né le 3 octobre 1938 à Missillac (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; ajusteur puis dessinateur industriel ; adhérent à la JOC ; secrétaire CFTC-CFDT de la section d’entreprise, du syndicat des employés, techniciens et agents de maîtrise (ETAM), de l’Union des métaux de Saint-Nazaire (1972-1979), puis secrétaire national de la FGM (1977-1979) et secrétaire général adjoint de la FGM (1979-1982) ; délégué régional pour les Pays de Loire de l’AFME puis de l’ADEME (1983-1998) ; membre du conseil puis du bureau de l’Union locale des retraités de Saint-Nazaire.

Louis Morice en 1970.

Louis Morice naquit à Missillac, commune située à 23 kilomètres de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), lieu d’habitation de ses parents. Son père, né en 1909 dans une famille d’agriculteurs, devint soudeur à l’arc en 1933, technologie qui remplaça progressivement le rivetage dans la construction navale. Sa mère, née en 1911, fille de bûcheron, brodeuse dès l’âge de seize ans, devint mère au foyer. Mariés en 1937, ses parents eurent deux enfants, Louis l’aîné, et une fille. Ils n’eurent aucune activité militante.

Scolarisé à l’école confessionnelle de Missillac où il obtint le certificat d’études primaires, Louis Morice entra à l’école d’apprentissage des chantiers navals de Saint-Nazaire, d’où il sortit, en 1955, avec le CAP d’ajusteur. Il fut alors embauché à l’atelier des turbines de Saint-Denis. Admis par concours au bureau d’étude des Chantiers, il sera recruté comme dessinateur en septembre 1956. À cette époque, la construction navale occupait à Saint-Nazaire environ 10 000 salariés regroupés au sein des Chantiers de l’Atlantique, issus de la fusion des chantiers de Penhoët, de la Loire et de l’atelier des turbines de Saint-Denis. Les Chantiers de l’Atlantique participaient à la reconstruction de la flotte de la Marine marchande et travaillaient aussi pour la Marine nationale.

Deux rencontres et un événement marquèrent la vie militante de Louis Morice : la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne), la section syndicale CFTC de son entreprise et la guerre d’Algérie. Son adhésion à la JOC lui permit d’accéder à une nouvelle lecture des évangiles et de découvrir un grand mouvement d’éducation populaire. Son embauche à l’atelier des turbines de Saint-Denis, après la grande grève victorieuse de 1955 à Saint-Nazaire et à Nantes, lui fit découvrir une section syndicale CFTC qui, dans cette entreprise, faisait jeu égal avec la CGT. L’attitude de ses animateurs, Yves Thoby (futur permanent CFTC/CFDT de Saint-Nazaire et membre du conseil fédéral de la FGM) et Henri Bélliot fut déterminante autant par la nature du syndicalisme qu’ils imprimaient que par la résolution avec lesquelles ils s’impliquèrent dans les événements d’Algérie. Louis Morice adhéra à la CFTC en octobre 1955 et s’engagea résolument, dès 1956, dans une action ininterrompue, contre la guerre d’Algérie.

Appelé, en octobre 1958, pour effectuer son service militaire à Mont-de-Marsan chez les parachutistes, il fut muté en Algérie, en décembre 1959, dans l’infanterie de marine. Libéré de ses obligations militaires en avril 1961, il retrouva le poste de dessinateur qu’il occupait précédemment.

Louis Morice exerça son premier mandat syndical, en janvier 1964, comme délégué du personnel des Chantiers de l’Atlantique. Cette même année, il fut élu secrétaire de sa section syndicale et du syndicat des employés, techniciens et agents de maîtrise (ETAM). C’est à ce titre qu’il joua un rôle important dans la grève « des mensuels » de 1967 qui concernait les 3 200 ETAM du bassin d’emploi de Saint-Nazaire chez lesquels la CFDT était la première organisation syndicale. Suivie par 90 % des salariés, bénéficiant d’une couverture médiatique exceptionnelle, elle fut marquée par un élan de solidarité, locale puis nationale, remarquable et restera probablement inédite par l’identité des salariés concernés. Elle dura du 1er mars au 30 avril et permit d’améliorer les appointements – ce qui était l’objet du conflit, mais aussi de mettre fin à une sous-classification endémique des ETAM dont la grille hiérarchique était totalement obsolète. Louis Morice prit une part essentielle dans ce conflit, par sa présence permanente, par l’animation des réunions quotidiennes des salariés en grève et par sa participation aux négociations. Il fut mandaté par l’ensemble des syndicats pour présenter le projet d’accord en assemblée générale qui fut adopté par une très grande majorité des salariés concernés.

En s’appuyant sur l’expérience qu’il avait acquise, la CFDT régionale de la métallurgie lui demanda de prendre la responsabilité de secrétaire permanent de l’Union des métaux de Saint-Nazaire et de la région en septembre 1972, poste qu’il accepta. Il participa alors aux activités interprofessionnelles départementales et régionales où il travailla notamment avec Gilbert Declercq et Daniel Palvadeau. Louis Morice fut élu, en novembre 1974, membre du conseil fédéral de la FGM lors du congrès fédéral de Grenoble, puis secrétaire national par le congrès de novembre 1977, poste dans lequel il fut chargé du suivi des politiques de l’emploi en lien avec les politiques industrielles. À ce titre, il engagea avec François Beaujolin* des actions tendant à se projeter dans l’avenir pour éclairer l’action quotidienne : session de recherche fédérale, conférence nationale FGM. Il prit aussi en charge les branches : aéronautique, mécanique, horlogerie, c’est au titre de cette dernière qu’il participa aux négociations qui conduisirent les « LIP » à relancer une activité sous la forme d’une SCOP. Sur le plan géographique, il s’occupa des régions, Pays de Loire et Picardie.

En 1979, Louis Morice fut élu secrétaire général adjoint de la fédération. C’est alors qu’il prit l’animation de la politique revendicative de la FGM. Il anima les négociations avec l’UIMM. Il participa, en juillet 1979, à la phase finale d’une négociation de la branche sidérurgie, qui déboucha par la signature de la CFDT de l’accord de juillet 1980. La détérioration des relations de travail au sein du secrétariat national de la FGM, conduisit Louis Morice à quitter ses responsabilités fédérales en décembre 1982.

Louis Morice revint habiter avec sa famille à Nantes. Il accepta la proposition que lui fit Michel Rolland*, président de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME) de devenir, en janvier 1983, délégué régional de l’AFME pour les Pays de Loire. Il participa à des coordinations entre les délégués régionaux pour développer des actions communes, entre autres avec Jean-Pierre Morisset de la région Poitou-Charente. Celles-ci développèrent une réflexion pour conforter et clarifier les objectifs du programme prioritaire pour une politique active de maîtrise de l’énergie et d’en développer les moyens. L’AFME se transforma en Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en 1987. Louis Morice poursuivit également des échanges entre l’AFME/ADEME et le groupe confédéral "énergie" de la CFDT. Malgré un grave accident, en février 1990, qui le rendit paraplégique, il continua son activité de délégué régional de l’ADEME jusqu’en octobre 1998, date de son départ en retraite.

Louis Morice milita au sein de l’Union locale des retraités de la région de Saint-Nazaire, dont il devint membre du conseil (2000), puis du bureau (2005). Il participa et coordonna la rédaction d’un ouvrage collectif sur les luttes syndicales, édité en 2005.

Marié le 10 juillet 1962 à Cholet (Maine-et-Loire) avec Monique Grelet, ils eurent deux fils, Laurent et Luc, et une fille, Nathalie. Son épouse milita à l’Association populaire familiale (APF) qui se transforma par la suite en Confédération du logement et du cadre de vie (CLCV) puis à la FCPE et à la CFDT au sein de la fonction publique territoriale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148335, notice MORICE Louis, Joseph, Marie par Jean Limonet, version mise en ligne le 22 août 2013, dernière modification le 18 novembre 2020.

Par Jean Limonet

Louis Morice en 1970.
Louis Morice en 1980.

ŒUVRE : Ouvrage collectif, Un printemps sur l’estuaire. Saint-Nazaire : la CFDT au cœur des luttes (1954-1975), Centre d’histoire du travail de Nantes, 2005.

SOURCES : Archives confédérales et interfédérales CFDT. — Les ouvriers de Saint-Nazaire, un siècle de luttes de révoltes de dépendance, les Éditions syndicalistes, 1976. — Interview, 17 juillet 2013 et entretiens, août 2013.

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