MÉRIC André

Par Gilles Morin

Né le 14 août 1913 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 14 août 1993 à Calmont (Haute-Garonne) ; employé municipal ; militant et élu socialiste de la Haute-Garonne ; secrétaire de la section de Toulouse (1947-1948), membre du secrétariat fédéral, membre du comité directeur du Parti socialiste (1971-1975) ; maire de Calmont (1955-1993), conseiller général (1945-1993), conseiller régional de Midi-Pyrénées, sénateur (1948-1988), vice-président du Sénat (1956-1980), ministre des Anciens combattants du cabinet Rocard (29 juillet 1988-19 mai 1991).

Fils de Maurice Méric, employé municipal de Toulouse qui fut membre de la commission administrative de la section socialiste de Toulouse, et de son épouse née Louise Bernard, André Méric suivit des études techniques après le certificat d’études primaires et devint agent comptable. Employé municipal à son tour en 1936, il occupa diverses fonctions et fut ainsi chargé du bureau des élections en 1948. Il se maria le 2 octobre 1937 avec Odette Mercereau et le couple eut un fils.

Sa formation politique était liée au contexte agité des années trente dans le midi rouge. Militant des Jeunesses socialistes à partir de 1928 ou 1929, soit vers quinze ans (une source le présente comme ayant été membre de la JOC, ce qui est peu crédible), il vécut les combats du Front populaire et s’engagea dans la guerre d’Espagne.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier, André Méric s’engagea dans la Résistance des camps puis, ayant tenté de s’évader à neuf reprises, il fut déporté au camp de représailles de Rava-Ruska, en Ukraine. Il ne fut libéré qu’en 1945. Marqué à vie par cette expérience, qu’il décrivit longuement lors d’un débat au Sénat, le 25 mai 1987, il présida l’Association des prisonniers de guerre de ce camp.

De retour en France, André Méric, inscrit dans une vieille tradition socialiste, fut à la fois un militant syndicaliste CGT – dans des syndicats d’employés municipaux –, coopérateur –agissant pour la constitution de nouvelles coopératives agricoles dans le département – et surtout politique, prenant des responsabilités dans le parti socialiste SFIO. En août 1945, à peine de retour de camp, il fut délégué au congrès national où, vétéran âgé de 32 ans, il intervint sur la situation des Jeunesses socialistes.

Résistant et militant confirmé, André Méric débuta très vite une carrière élective qu’il devait poursuivre jusqu’à ses derniers jours. Candidat SFIO au conseil général dans le canton de Nailloux en septembre 1945, il arriva en troisième position au premier tour (605 voix), derrière le candidat du Front national, le communiste Razat (839 voix), et celui de l’URD (887 voix). Au deuxième tour, ce dernier s’étant retiré, Méric se maintint contre le candidat communiste et fut élu avec 1207 voix contre 892 à Razat. Le préfet le décrivait ainsi : « Jeune ardent, animé d’une foi profonde, mais parce que jeune inexpérimenté. Activité quelque peu désordonnée mais inspirée des meilleures intentions. Peut-être un peu pressé. Imprudent parfois. » Il fut désigné par ses pairs comme secrétaire du conseil général en avril 1947, puis fut rapporteur général du budget de l’Assemblée départementale de 1966 à 1988. Il renforça son implantation locale en étant élu conseiller municipal en mars 1953, puis maire de Calmont en 1955, après la démission de l’indépendante Geneviève de Carayron-Talpayrac.

André Méric, bien qu’élu, restait un très actif militant du Parti socialiste. Désigné secrétaire à la propagande fédérale en mars 1946 et, pour la section de Toulouse en mars 1947, il conservait cette fonction en 1948. Il assurait par ailleurs la fonction de secrétaire de la section de Toulouse en août 1947 et en 1948. La fédération socialiste, qui dominait la vie politique du département de la Haute-Garonne, le présenta pour siéger au Conseil de la République où il fut élu le 7 novembre 1948, réélu les 19 juin 1955, 26 avril 1959, 23 septembre 1962 et 26 septembre 1971. Il présida à partir de 1955 le comité des HLM de Toulouse et le conseil d’administration de la Haute-Garonne, jusqu’au milieu des années soixante.

Membre de la commission exécutive du groupe socialiste du Conseil de la République en janvier 1949, André Méric remplaça Marcel Champeix, nommé secrétaire d’État, à la présidence du groupe en février 1956. Le Dictionnaire des Parlementaires français a pu écrire que « tout au long de la IVe République, le sénateur de la Haute-Garonne élargit et approfondit le champ de ses attributions ». Très actif en commission, intervenant souvent à la tribune, défendant différents rapports, il s’imposa progressivement et fut nommé vice-président de la Haute Assemblée le 23 février 1956.

Sur le plan des choix politiques qui divisèrent les socialistes durant la IVe République, André Méric se montra indiscipliné sur les Accords de Londres et Paris en 1955 puis, en 1958, il appuya les positions de Guy Mollet lors de la crise du mois de mai, vota les 2 et 3 juin 1958, pour le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle et appela à voter « Oui » au référendum constitutionnel d’octobre.

Durant la première décennie de la Ve République, alors que le Sénat devenait le bastion de l’opposition, André Méric, réélu en 1959, occupa une place stratégique dans son parti. Reconduit régulièrement comme vice-président de la Haute assemblée jusqu’en 1980, président par intérim lorsque le président Poher assura l’intérim de la présidence de la République après la démission du général de Gaulle en 1969, secrétaire général du groupe socialiste en 1964, il fut porté à la présidence du groupe socialiste le 6 octobre 1980, fonction qu’il conservait encore en 1987.

Représentant de la SFIO traditionnelle, il s’était montré réticent envers l’évolution politique de son organisation. Ainsi, pour le congrès national extraordinaire de décembre 1968, il signait un texte intitulé « Non ! », refusant la fusion dans un nouveau parti socialiste (Bulletin intérieur de la SFIO, décembre 1968). À l’issue du congrès d’Épinay refondant le Parti socialiste en juin 1971, il fut élu membre du comité directeur (tendance Poperen*). Président d’honneur de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, il essaya en vain de conduire la liste socialiste à la mairie de Toulouse en 1971 et 1977, mais ne parvint pas à se faire désigner par les militants de son parti. Parlementaire, il fut désigné conseiller régional de Midi-Pyrénées en 1974. Il était alors président du syndicat départemental de l’électricité et conservait cette fonction dix ans plus tard.

La carrière politique d’André Méric, âgé alors de près de soixante-quinze ans, atteignit son apogée en 1988. Défenseur des intérêts des anciens combattants, il avait notamment rapporté les budgets 1981 et 1982, obtenu la revalorisation des petites pensions des anciens combattants et, à l’issu d’un combat de près de trois décennies, le statut de déporté de la Résistance pour les rescapés du camp de prisonniers de guerre de Rawa-Ruska le 25 mai 1987. Il entra dans le second gouvernement de Michel Rocard*, avec le titre de secrétaire d’État aux anciens combattants et victimes de guerre et y demeura presque trois ans, jusqu’à la démission du Premier ministre en mai 1991. Eugène Boyer, son suppléant occupa alors son siège de sénateur de la Haute-Garonne à partir du 28 juillet 1988.

Il décéda dans un accident de la circulation, à Calmont, alors qu’il allait à une cérémonie pour fêter ses 80 ans, achevant dramatiquement une carrière parlementaire de près de quarante ans et de conseiller général de quarante-huit années. Franc-Maçon en sommeil depuis de longues années, il eut des obsèques civiles.

André Méric était titulaire de la médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945, de la Médaille des évadés et fut fait chevalier du Mérite social et chevalier de la Légion d’honneur.

Son fils, Georges Méric, né à Toulouse en 1947, médecin et militant socialiste, devient en 1983 maire de Nailloux (Haute-Garonne) élu en 1988, il prit la succession de Pierre Izard (qui fut président durant 17 ans) et devint le 2 avril 2015, président du Conseil général de la Haute-Garonne

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148455, notice MÉRIC André par Gilles Morin, version mise en ligne le 26 août 2013, dernière modification le 1er août 2018.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/203, 255, 290, 320, 440 ; F/1cIV/152 ; 19770359/19 et 24 ; 19830172/72 ; 20040455/14.— Arch. de l’OURS, fonds Guy Mollet, 136, dossier Montferrand. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. —Paris, Imprimerie nationale, mars 1963. — L’Avenir, 13 septembre 1958. — —Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1975. — Dictionnaire des Parlementaires français en ligne sur le site du Sénat. — Notes de Georges Portalès.

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