MURER Roger, Georges [Pseudonyme : Moulin]

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 2 décembre 1913 à Bousseval (Haute-Marne), mort le 8 novembre 1991 à Argenteuil (Val-d’Oise) ; tourneur outilleur ; militant syndicaliste ; résistant ; déporté ; premier adjoint au maire de Sartrouville (Seine-et-Oise, Yvelines).

Roger Murer Arch. PPo. GB 185 (D.R.)
Roger Murer Arch. PPo. GB 185 (D.R.)

Le père de Roger Murer, ajusteur puis contremaître était fils d’un communard blessé pendant les évènements de 1871. Sa mère, Louise Boulogne, était femme au foyer. La famille Murer qui comptait six enfants, vivait dans la cité ouvrière de l’entreprise Soval.
Il obtint le certificat d’études en 1926 avec la mention Bien. Apprenti à la Soval, titulaire du CAP, Roger Murer entra dans le monde du travail en 1930. Avant-guerre, il appartenait au mouvement "anarcho-syndicaliste" dit sa fille. Aux élections municipales de 1935 son père obtint plus de voix que le patron. Celui-ci remercia Roger. Il quitta sa famille pour partir à Sartrouville. Pendant les grèves de 1936 il faisait son service militaire à Chaumont puis à Colmar où ce petit jeune homme de 1m 60 eut la vie difficile. Il se maria en 1937 à Montreuil sur Blaise en Haute-Marne, mais habitèrent à Sartrouville et Roger travailla à La Lorraine d’Argenteuil.
Roger Murer rejoignit le Parti communiste fin 1941, après l’exécution de Gabriel Péri.
Tourneur sur métaux, il travaillait depuis 1937 à la société Société Générale du Matériel d’Aviation (SGMA) à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Il continua à y travailler en tant qu’affecté spécial. Le couple Murer vivait 58 ter rue de l’Union à Sartrouville, Roger était un militant du Parti communiste.
Les inspecteurs des Renseignements généraux avaient son signalement : « 1,65 m, 26 ans, cheveux bruns frisés, vêtu d’un blouson en cuir et d’une culotte de golf avec un vélo routier. » Les policiers savaient aussi qu’il avait rendez-vous le 17 décembre 1942 à 19 heures 30 à la gare du Stade à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
Cinq inspecteurs de la BS1 étaient de surveillance à la gare de Colombes Stade lieu de rendez-vous que lui avait fixé Michele Brignoli. Interpellé, fouillé, il ne portait ni document ni arme. Son logement a été perquisitionné, rien de suspect n’a été saisi. Il était inconnu des Renseignements généraux et de la Police judiciaire.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, il fut interrogé. Les policiers l’accusèrent d’avoir eu rendez-vous avec un homme arrêté pour « menées terroristes ».
Sommé de s’expliquer, il répondit qu’il rencontra un collègue de travail qui se présenta comme étant « Menars ». Il parla avec lui des évènements, de la situation, et il précisa « j’avais compris d’après ses paroles qu’il était communiste. »
« Au mois d’octobre, à la suite d’une grève il s’est réfugié dans l’illégalité. Fin novembre, il est venu m’attendre à la porte de l’usine, et il m’a fait des propositions pour entrer dans une organisation qui avait pour but de libérer le pays de l’envahisseur. »
Il affirma aux policiers qu’il n’avait « jamais eu d’armes en [sa] possession », et qu’il « n’ignorait pas que cette organisation était illégale ». Il était aussi en relation avec Caron qui travaillait aussi à la SGMA à Argenteuil. Celui-ci quitta l’entreprise en octobre à la suite d’une grève.
Roger Murer a été livré aux Allemands le 30 décembre 1942. Il partit de Compiègne le 24 janvier 1943 dans le convoi de mille quatre cent soixante-six hommes à destination de Sachsenhausen en Allemagne. Il fut affecté au kommando de travail des usines Heinkel, le plus important camp annexe de Sachsenhausen. Les barbelés ceinturaient le vaste espace boisé de Germendorf, un village situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Orianenbourg, où alternaient les blocks de déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Le camp comptait jusqu’à 8000 détenus en 1944. Les déportés seront évacués le 21 avril 1945.
Rentré de déportation Roger Murer témoigna devant une commission rogatoire. Sur photographie, il reconnaissait trois des inspecteurs qui l’arrêtèrent le 17 décembre 1942.
Il déclara : « J’ai été détenu salle 36 de la BS2, et interrogé le soir-même. Au cours de cet interrogatoire j’ai été frappé à coups de poing et de pied par C. et D., ce dernier étant manifestement le plus acharné, allant jusqu’à me frapper à coups de chaise. »
« Treize jours plus tard, j’ai été remis entre les mains des Allemands et écroué à la prison de Fresnes. »
« Sans avoir été jugé, j’ai été déporté via Compiègne, le 23 janvier 1943, pour l’Allemagne, au camp d’Orianenbourg Sachenhausen. J’ai été rapatrié par les Américains après avoir été libéré par les Russes. »
« Je précise qu’une bicyclette immatriculée 7595 YD 2 m’appartenant a été saisie lors de mon arrestation. Je viens de voir cette machine à la fourrière et elle est dépourvue de pneus, de chambre à air et d’éclairage, alors qu’elle se trouvait en bon état au moment de la saisie. »
« Au cours des perquisitions effectuées à mon domicile, les policiers ont dérobé deux paquets de cigarettes. »
Il porta plainte contre les policiers qui l’arrêtèrent et contre ceux qui se rendirent coupables de vols.
Roger Murer a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Roger Murer fut conseiller municipal communiste de Sartrouville puis 1er adjoint. Sa femme, agent technique SCAN, préparatrice en pharmacie, militait dans une association sportive affiliée à la FSGT. Le couple eut une fille en 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148558, notice MURER Roger, Georges [Pseudonyme : Moulin] par Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 14 décembre 2020, dernière modification le 14 décembre 2020.

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Murer et son épouse après 1945
Murer et son épouse après 1945
Roger Murer Arch. PPo. GB 185 (D.R.)
Roger Murer Arch. PPo. GB 185 (D.R.)

SOURCES : Arch. PPo. Rapport du 21 décembre 1942 des Renseignements généraux, GB 114, 77 W 5349-292008. – Bureau Résistance GR 16 P 437914. – Site internet Match ID. – Renseignements communiqués par sa fille, Nicole Murer. – Nicole Murer, Roger Murer, mon père militant communiste 1913-1991, 2011.

Photographie : Arch. PPo. GB 185 (D.R.)

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