PAUMARD Eugène, François

Par Albert Ayache

Né le 8 avril 1896 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), France, mort à Cannes (Alpes-Maritimes), France le 26 août 1985 ; après 1919, transporteur et agriculteur dans le Tadla, puis comptable dans une entreprise de Travaux publics ; un des animateurs des luttes sociales parmi les montagnards du Moyen Atlas ; considéré comme communiste (« moscoutaire »), adhère au Parti communiste marocain en 1943 ; membre du comité central et secrétaire à l’organisation en 1945 ; quitte le Maroc en 1964.

Monté à Paris en 1914 où Eugène Paumard fut employé chez Hachette. À la déclaration de guerre, il s’engagea comme volontaire dans un régiment d’infanterie qui fut jeté dans les plus rudes batailles. Grièvement blessé en 1916, il repart au front dans l’été 1918 pour être blessé à nouveau. Fait prisonnier, il fut libéré à l’armistice, et démobilisé en 1919. Ses états de service lui valurent la Médaille militaire et la Légion d’honneur. Sur les conseils de son frère aîné, il partit au Maroc "pour y trouver le soleil après la boue des tranchées" dira-t-il.

Il s’établit en 1919 comme transporteur dans le Tadla (Maroc central) en Zone dite d’insécurité, car la conquête coloniale était encore en cours. Il s’y trouva en contact avec les montagnards du Moyen Atlas avec qui il apprit à parler en berbère et dont il gagna la confiance. Il se lia d’amitié avec Gaston Plateau*, sous-officier de la Coloniale, retraité, ancien socialiste, ancien et à nouveau communiste, qui tentait une expérience de petit colon, faisait du maraîchage et cultivait des arbres fruitiers, orangers et amandiers ; il avait aussi une petite bibliothèque, avec, entre autres, des oeuvres d’Anatole France ; tous deux reconsidérèrent leur vision de la guerre.

Après un séjour au Cambodge (1928-1930), autre expérience coloniale, Eugène Paumard revint dans le Tadla, retrouvant ses amis, Plateau et Pouch, et Ahmed Ben Mahdi et le jeune marocain Moulay Idris El Alami ; les montagnards berbères et les petits paysans arabisés de la plaine faisaient appel à eux pour se défendre contre les exactions des colons et l’arbitraire des autorités. Avant 1936, l’interdiction au Maroc du Parti communiste, était draconienne ; les militants communisants s’abritaient à la SFIO ; les colons de la région désignaient les trois amis : Plateau, Pouch et Paumard comme "les trois moscoutaires", qui furent bientôt quatre quand en 1935, vint se joindre à eux, un autre "petit colon" : Marcel Lamoureux*, arrivé dans le Tadla en 1932. Indignés par la politique de non intervention en Espagne, Lamoureux, Pouch et Paumard rompirent avec la SFIO à la fin de 1927.

Malgré son âge et ses blessures, Eugène Paumard fut mobilisé en 1939, au 7e Régiment de tirailleurs marocains à Meknès. Après la débâcle, il fut démobilisé et revint à Kasba Tadla où il s’occupa d’agriculture, car étroitement surveillé, il était empêché de reprendre ses liaisons avec le Moyen-Atlas. Considéré comme un communiste clandestin, il fut arrêté le 8 novembre 1942, jour du débarquement américain au Maroc, ainsi que ses amis : Marcel Lamoureux, Gaston Delmas et Gaston Plateau qui furent internés deux mois et demi à El-Hajeb.

Libéré, Eugène Paumard adhéra au Parti communiste marocain. Installé à Casablanca, il assista à la première conférence nationale du PC marocain en novembre 1943, suivit les cours de l’Ecole centrale du Parti, entra au comité Central et devint secrétaire à l’organisation en 1945. Quand le Parti fut réduit à une vie clandestine (1951-1956), E. Paumard qui exerçait la profession de comptable dans une entreprise de Travaux publics, continua d’assurer, malgré la surveillance de la police, certaines liaisons de la direction du Parti avec l’extérieur. En 1964, il quitta le Maroc et s’établit à Cannes où il resta en relations avec ses anciens camarades. Il mourut à Cannes en août 1985 à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148586, notice PAUMARD Eugène, François par Albert Ayache, version mise en ligne le 29 août 2013, dernière modification le 29 août 2013.

Par Albert Ayache

SOURCES : G. Oved, La gauche française et le nationalisme marocain, t. 2. — Espoir, organe du Parti communiste marocain, Casablanca. — Entretien à Paris le 17 avril 1975 et mémoire rédigé en 1978 par E. Paumard en réponse au questionnaire d’Albert Ayache. — État civil de Saint-Nazaire.

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