NAUROY René

Par Jean-Claude Grandhay

Né le 25 avril 1891 à Saint-Vit (Doubs), mort le 21 août 1985 à Rougemont (Doubs) ; professeur de physique et chimie à Forbach, Montauban et Vesoul ; militant syndicaliste du SPES (FGE-CGT) puis CGT-FO ; président fondateur de la caisse d’assurances sociales ; administrateur de la caisse primaire de sécurité sociale de Haute-Saône.

Licencié ès sciences et certifié d’histoire naturelle à la faculté de Besançon, René Nauroy fut appelé sous les drapeaux comme sursitaire le 1er octobre 1913. Officier de renseignements auprès du 172e régiment d’infanterie, il connut la Champagne, Verdun, la Somme et l’Argonne. À la fin de la guerre, il était titulaire de quatre citations. Il participa ensuite à l’occupation de la Rhénanie jusqu’à sa démobilisation survenue le 18 août 1919. Au mois d’octobre de cette même année, il fut nommé professeur au collège de Forbach (Moselle) et chargé de cours de physique et chimie au lycée français de Sarrebruck (Sarre). En octobre 1928, sur sa demande, il quitta Forbach (où il avait été conseiller municipal durant six années) pour Vesoul (Haute-Saône) et le lycée Gérôme. Le chef-lieu haut-saônois présentait l’avantage d’être proche de Rougemont (Doubs), berceau de la famille de son épouse, et où elle possédait une résidence secondaire. C’est d’ailleurs là qu’une fois la retraite survenue en 1951, il passa la fin de sa vie.

A Vesoul, il créa l’union sportive du lycée mais surtout s’intéressa au syndicalisme, à la politique et manifesta rapidement ses idées de gauche. Au mois de février 1934, à la suite de la catastrophe ferroviaire de Pomponne (Seine-et-Marne) dans laquelle Paul Morel, député-maire de Vesoul, trouva la mort, des élections municipales eurent lieu et il se présenta sur une liste de trois noms sous l’étiquette de « liste d’action républicaine et socialiste ». Mis en ballottage avec 723 voix, il fut élu au deuxième tour avec 828 voix. A cette époque, une lutte assez âpre existait, à Vesoul, entre le parti radical-socialiste et le parti socialiste ainsi qu’en fait foi un article de M. Laburthe (rédacteur du journal L’Union Démocratique patronné par les radicaux) qui se plaignait d’avoir été traité de « fond de poubelle » par Nauroy dans une réunion publique. Par la suite, les relations entre ces deux partis s’améliorèrent et, aux élections municipales du 5 mai 1935, René Nauroy figura sur une liste à dominante radicale intitulée comme en 1934 « liste d’action républicaine et socialiste ». Il fut élu au premier tour avec 1 298 voix. Il était aussi président de la caisse Le Travail, membre de la CA de l’UD de la Haute-Saône, président de la section des Anciens combattants républicains et président du syndicat d’électrification des communes. Il militait également au Syndicat autonome des professeurs (S3) et quand les "cégétistes" quittèrent le S3 pour fonder le Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la FGE-CGT, il en devint le secrétaire général de la section académique de Besançon.

D’un caractère assez vif, il ne manquait jamais une occasion, réunions ou autres, pour manifester sa haine du fascisme et en revanche sa sympathie pour le Front populaire. Pendant la guerre d’Espagne, il fut de ceux qui prêchèrent le secours aux insurgés. Capitaine de réserve, il fut rappelé en 1938, rendu à la vie civile puis à nouveau mobilisé le 1er septembre 1939.

Placé en affectation spéciale au lycée Gérôme le 18 mars 1940, il fut rappelé au centre mobilisateur de Lons-le-Saunier (Jura) le 15 juin. Il s’y rendit en voiture avec son épouse et ses deux enfants et de là, on les dirigea sur Toulouse. Promu chef de bataillon le 25 juin 1940, démobilisé en zone libre le 16 août 1940, il fut affecté au lycée de Montauban (Tarn-et-Garonne) où il enseigna jusqu’au mois de février 1942. Le 16 mars, il reprit ses cours au lycée de Vesoul. Averti de son retour, le journal collaborationniste Au Pilori, dans son édition du 8 mai 1942, éleva une violente critique contre la personne de René Nauroy. Bien que n’ayant pas pris une part active à la Résistance, il avait été pressenti par le Front national, au printemps 1944, pour occuper le fauteuil de maire de Vesoul à la Libération. Les circonstances en ayant décidé autrement, il fut réélu conseiller municipal le 29 avril 1945 sur la « Liste de l’Union patriotique et républicaine », lui-même s’étant déclaré CGT. Il ne se représenta pas aux élections suivantes du 19 octobre 1947. Le 22 décembre 1944, il remplaça comme membre du Comité départemental de Libération de la Haute-Saône, au titre de la CGT, Charles Barthélemy*, démissionnaire. Il fut, de la Libération à 1946, rédacteur en chef du journal La Haute-Saône Libre, ex-journal du Front national dans la clandestinité devenu organe du MURF. Indépendamment de ses activités professionnelles ou politiques, il avait été en 1930, comme président fondateur de la caisse d’assurances sociales « Le Travail » de la Haute-Saône, un des pionniers des caisses d’assurances sociales. Il fut également, de 1930 au 30 juin 1946, membre du conseil d’administration de l’Union régionale des caisses Maladie-Maternité. Le 24 avril 1947, il figura sur la liste présentée par la CGT pour l’élection des membres du conseil d’administration de la caisse primaire de sécurité sociale mais ne fut pas élu. Il le fut cependant quelque temps plus tard à la faveur d’une élection complémentaire.

Président de la Caisse primaire de Sécurité sociale de la Haute-Saône du 1er juillet 1946 au 1er juin 1947, réélu le 20 décembre de la même année en remplacement de Pierre Renet, démissionnaire, membre réélu sans interruption au conseil d’administration de la Caisse régionale de Sécurité sociale à Dijon depuis le 1er juillet 1946, il fut, en 1935, l’artisan de l’achat et de l’aménagement du château de Maizières (Haute-Saône) où fut créé un centre de vacances pour enfants d’assurés sociaux. D’établissement à caractère sanitaire, « Maizières » devint un aérium puis un institut médico-pédagogique et professionnel qui aujourd’hui porte le nom de René Nauroy. Passé à la CGT-FO, il ne brigua pas le renouvellement de son mandat à la tête du conseil d’administration de la Sécurité sociale de Haute-Saône le 25 septembre 1948 mais postula vainement au poste de secrétaire. Il fut élu 2e vice-président de cet organisme le 25 septembre 1949 sous l’étiquette de Force ouvrière. Le 8 juin 1950, il mena, avec succès, la « liste mutualiste » pour les élections au conseil d’administration de la caisse primaire de Sécurité sociale. Le 10 juillet, il fut élu secrétaire du bureau du conseil d’administration et réélu à ce poste le 2 juillet 1951. En 1952, il fut élu assesseur et reconduit dans ce poste lors de l’élection du 26 juin 1953. Il fut également, de 1935 à 1947 membre de la commission administrative de l’Union départementale des syndicats CGT de la Haute-Saône. Cette dernière année le vit même secrétaire de l’UD mais il ne figura pas dans le nouveau bureau élu le 20 mars 1948, et pour cause puisque cette année-là, il adhéra à Force ouvrière. Président fondateur de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale, il figura en tant que tel jusqu’à son décès parmi les membres du bureau.

Il était titulaire de la croix de guerre, de la Légion d’honneur (officier en 1973), des Palmes académiques (commandeur), de la médaille de l’Instruction publique (officier), du Mérite agricole (chevalier), du Mérite social (chevalier en 1944) et de la médaille d’argent de l’Éducation physique (1936). Il avait présidé pendant plusieurs années la section de Vesoul des Anciens combattants républicains tout en étant rédacteur du journal Le Combattant Saônois et au mois de février 1952, retraité dans le département du Doubs, il fut élu président d’honneur. Il avait également été le premier secrétaire de la Fédération des collectivités publiques électrifiées du département de la Haute-Saône créée au mois de juin 1935 et président du comité auxiliaire de secours aux chômeurs en 1935-1936.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148654, notice NAUROY René par Jean-Claude Grandhay, version mise en ligne le 2 septembre 2013, dernière modification le 19 mai 2021.

Par Jean-Claude Grandhay

SOURCES : Arch. Nat. F/1a/3634. — Arch. Dép. Haute-Saône, 24 M 18 et 14 M 53. — Dossier individuel à l’Office départemental des Anciens combattants de la Haute-Saône. — Notice nécrologique dans la revue des anciens élèves du lycée Gérôme 1986. — Collection des bulletins du SNI Haute-Saône. — Arch. IRHSES, bulletins du SPES. — Collection du journal L’Union Démocratique. — Presse locale. — Témoignage de Mme Lambert, sa fille. — Notes d’Alain Dalançon et de Gilles Morin.

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