PAGANELLI Serge

Par Paul Boulland

Né le 2 février 1929 à Dampierre-les-Bois (Doubs) ; ajusteur ; syndicaliste CGT ; militant communiste puis de l’Alternative démocratie socialisme (ADS) et de la Convention pour une alternative progressiste (CAP) dans le Doubs, secrétaire de la fédération PCF du Doubs (1953-1976), membre du comité central du PCF (1961-1972) ; maire (1977-1997) et conseiller général (1964-2001) d’Audincourt (Doubs).

Fils d’un emboutisseur et d’une employée, Serge Paganelli grandit au sein des milieux ouvriers et communistes issus de l’immigration italienne, à Audincourt. Ses parents étaient tous deux militants communistes. Sa mère, Suzanne Paganelli, née Bonnet, participa à la Résistance à Audincourt, notamment comme agent de liaison, et fut candidate du PCF au Conseil de la République, en 1948. Titulaire du certificat d’études primaires et d’un CAP d’ajusteur, Serge Paganelli entra en 1946 chez Japy à Beaucourt (Territoire-de-Belfort). Déjà membre du PCF depuis octobre 1945, il adhéra alors à la CGT. Au cours de l’année 1947, il fut embauché comme ajusteur-outilleur à l’usine SMA d’Arbouans (Doubs), entreprise métallurgique de 200 ouvriers. Il était alors secrétaire à l’organisation de la Fédération UJRF du Doubs et responsable de la jeunesse au sein du bureau de la section PCF et de l’UL-CGT d’Audincourt. La fédération communiste du Doubs le signalait déjà comme un « cadre d’avenir » aux « grandes possibilités » et l’envoya suivre les cours d’une école centrale d’un mois du PCF destinée aux militants de la jeunesse, en octobre-novembre 1947. À son retour, il joua un rôle prégnant dans les grèves de novembre et décembre 1947, aux côtés de Gaston Genin et Robert Roth. Si celles-ci furent globalement un échec dans le Doubs, trois entreprises, dont la SMA, connurent d’importants mouvements et le rôle personnel de Serge Paganelli contribua sans doute à sa promotion. Dès la fin de l’année 1947, il devint en effet secrétaire à la propagande du syndicat des Métaux CGT d’Arbouans et secrétaire à l’organisation de la section PCF d’Audincourt. En 1950, il devint secrétaire de la section communiste d’Audincourt.

En 1953, Serge Paganelli intégra le secrétariat de la fédération PCF du Doubs, dirigée par Louis Garnier, et fut chargé de la propagande. À partir d’octobre 1955, il suivit les cours de l’école centrale de quatre mois du PCF, mais dut abandonner la formation après seulement deux mois, pour éviter d’être licencié de la SMA. En février 1956, il devint secrétaire fédéral permanent, en remplacement de Louis Garnier, récemment élu député. Aux élections législatives suivantes, en 1958, il fut le suppléant de Louis Garnier, qui perdit alors son siège. Serge Paganelli intégra le comité central du PCF, comme suppléant, à l’occasion du XVIe congrès (Saint-Denis, mai 1961) et devint membre titulaire au congrès suivant (Paris, mai 1964). En juillet 1965, Serge Paganelli fut proposé par le secrétariat du PCF pour suivre les cours de l’École supérieure de sciences sociales du PCUS, à Moscou, où il séjourna durant un an.

Serge Paganelli intervint régulièrement dans les débats du comité central, en particulier pour présenter la situation dans son département et au sein des usines Peugeot de Sochaux (Doubs), notamment en 1968. En avril, il signalait l’écho croissant de la CFDT chez Peugeot. En mai, à la différence de certains militants CGT et communistes de Sochaux, il exprima ses réticences à l’égard du « Forum », assemblée générale quotidienne dans l’usine occupée. Enfin, il rendit compte de la violente manifestation du 11 juin 1968, marquée par la mort de deux ouvriers et plusieurs dizaines de blessés, y voyant le signe du « danger gauchiste ». Serge Paganelli ne fut pas renouvelé au comité central lors du XXe congrès (Saint-Ouen, décembre 1972) mais continua d’assurer la direction de la fédération du Doubs jusqu’en 1976. Il siégea ensuite au bureau fédéral jusqu’en 1985 puis au comité fédéral jusqu’à la fin des années 1980.

Dans le Doubs, Serge Paganelli s’affirma durablement comme l’une des principales figures communistes, en tant que dirigeant fédéral mais aussi en tant qu’élu, dans un département où le PCF ne pouvait s’appuyer que sur quelques pôles d’influence. Dès 1958, Serge Paganelli fut le suppléant de Louis Garnier aux élections législatives et fut ensuite régulièrement le candidat du PCF. En 1964, il fut élu conseiller général du canton d’Audincourt, reprenant le siège laissé vacant par le décès de Louis Garnier. Il conserva ce mandat jusqu’en 2001. En 1977, il conquit la mairie d’Audincourt, où il siégea comme maire jusqu’en 1997, cédant ensuite son siège à Martial Bourquin.

À partir du milieu des années 1980, la fédération du Doubs fut un important foyer de la contestation interne au PCF. Le courant des « Reconstructeurs » devint majoritaire au sein de la fédération, dissoute par décision du comité central en octobre 1987. À la différence de Martial Bourquin, premier secrétaire fédéral, Serge Paganelli ne figura pas en première ligne dans le conflit mais exprimait lui aussi un point de vue critique. De fait, il quitta le PCF et rejoignit l’Alternative démocratie socialisme, fondée en 1991 autour des courants « reconstructeurs » et « rénovateurs » du PCF. L’ADS s’intégra ensuite à la Convention pour une alternative progressiste (CAP). En 2013, Serge Paganelli siège toujours comme conseiller municipal à Audincourt.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148666, notice PAGANELLI Serge par Paul Boulland, version mise en ligne le 3 septembre 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Paul Boulland

ŒUVRE : avec Martine Jacquin, Peugeot : la dynastie s’accroche, Paris, Éditions sociales, 1975.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF — Notes de Claude Cuénot.

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