SAVATTERO Dominique (Domenico), Adelino. Écrit parfois par erreur SAVATERRO

Par Daniel Grason

Né le 20 juillet 1895 à Fossano province de Coni dans la région du Piémont (Italie), exécuté le 23 février 1943 à la forteresse de Brandebourg-sur-la-Havel (Allemagne) ; directeur économe du dispensaire municipal de Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) ; militant communiste ; membre de l’Organisation spéciale.

Plaque commémorative du 10 rue Victor Hugo à Montreuil (photo de Renaud P-A, mai 2022).

Fils de Joseph et Antonia, née Verdoja, Dominique Savattero demeurait 82 Rue des Sorins à Montreuil-sous-Bois, puis 18 Rue Ernest-Cresson à Paris XIVe arr. Il était le frère d’Antoine et Louis Savattero.
Marié à Suzanne Chicard, Domenico Savattero était père de quatre enfants, il adhéra au Parti communiste en 1930. Il acquit la nationalité française par décret du 2 août 1931. Il créa l’Aéro-club « Les Goélands », club omnisport affilié à la FSGT le 10 mars 1935, en était le président, Léon Balthazar, médecin fut secrétaire et Roger Huart marié à sa sœur était le trésorier.

Il milita activement jusqu’à la dissolution du Parti communiste (décret-loi du 26 septembre 1939). Il était soupçonné de se livrer à une propagande occulte par le commissaire de la ville. Il fut interpellé le 14 février 1940, il était porteur d’un ordre de reversement au titre de la liquidation de la section d’aviation populaire de 47 600 francs. Le commissaire de Montreuil-sous-Bois versa cette somme au ministère des finances. Quant à Dominique Savattero, il fut interné administrativement au stade Roland-Garros, puis au camp de Baillet (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), d’où il s’évada au moment de l’exode en juin 1940. Il revint à Paris le 27 août 1940. Il devint membre de l’Organisation spéciale (OS), recruta une vingtaine de jeunes.

Dominique Savattero vivait avec Charlotte Garry, elle fut interpellée le 3 mai 1942 pour trafic de cartes d’identité et de rationnement, elle était rapidement relâchée, mais filée. Dominique Savattero, rendait régulièrement visite à son amie à l’hôpital Broussais, il semblait lors de ses déplacements servir d’intermédiaire entre différents résistants. Des inspecteurs de la BS2 le repérèrent.

Interpellé le 16 mai 1942 à son domicile 18 Rue Ernest-Cresson à Paris XIVe arr., par trois inspecteurs de la BS2 il était porteur d’une carte d’identité au nom de François Avriletti. Lors de la perquisition domiciliaire ni tracts ni brochures ne furent saisis, mais un cachet métallique reproduisant le sceau du Secrétariat général de la défense passive de la préfecture de police, vingt-quatre boîtes contenant des crins de Florence utilisés pour la cicatrisation des plaies, quarante-deux ampoules contenant du catgut souple (fil de suture résorbable). Cela confirmait l’information policière selon laquelle Dominique Savattero était chargé de mettre en place un service de santé pour l’Organisation spéciale. Deux autres perquisitions au domicile de son amie 20 Rue du Parc-Montsouris et dans un atelier au 25 Rue Dareau dans un atelier où il travaillait de temps à autre ne donnèrent rien.

Membre de l’Organisation spéciale avec Raymond Losserand, il y eut soixante-huit arrestations lors de l’opération menée par la BS2. Après un interrogatoire dans les locaux de la BS2 à la préfecture de police, Dominique Savattero fut remis aux Allemands. Il fut jugé le 30 septembre 1942 par le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas, Paris VIIIe arr., condamné à mort pour « Intelligence avec l’ennemi ». Incarcéré, envoyé à la forteresse de Brandebourg en Allemagne, il y fut exécuté le 23 février 1943.

Sa sœur Marguerite épouse Huart témoigna le 1er octobre 1945 devant une commission rogatoire présidée par un juge, elle était sans nouvelle depuis le 23 janvier 1943. Elle déclara : « J’ignore si mon frère a été victime de sévices durant son séjour aux Brigades spéciales. […] Il a été dérobé [lors de la perquisition] un poste de TSF, des livres de valeur, cinq sacs de dame en peau de lézard ». Elle porta plainte contre les inspecteurs qui arrêtèrent son frère, « je les considère comme étant à l’origine de sa déportation ».

Le 6 décembre 1958 se déroulèrent à Montreuil-sous-Bois les obsèques de Dominique Savattero en présence de deux cent cinquante personnes. Armand pour les Anciens combattants ; Henri Tison, conseiller municipal d’Argenteuil ; Albert Ouzoulias, conseiller municipal de Paris et Adrienne Maire, conseillère générale, adjointe au maire de la ville rendirent hommage au disparu. Il fut inhumé dans le carré militaire n° 6 des corps restitués aux familles.

Une plaque fut apposée sur la façade du Centre Médico-Social au 2 Rue Girard : « À la mémoire de Dominique Savattero né le 27 juillet 1895. Directeur du dispensaire municipal (1936-1939). Fondateur des Goélands de Montreuil, Interné politique évadé. Militant de la Résistance. Déporté en Allemagne. Exécuté à Brandenburg-sur-Havel le 23 février 1943 ». Ses deux frères Louis et Antoine Savattero furent fusillés comme otages le 11 août 1942 au Mont-Valérien (Seine, Hauts-de-Seine).

Un autre plaque située au 10 rue Victor Hugo, devant le local de la section communiste de Montreuil, intitulée "Honneur aux communistes de Montreuil tombés pour une France libre, forte et heureuse", porte 58 noms de militants, dont celui de Dominique Savattero.

Une enquête fut menée par les Renseignements généraux à la demande de la direction interdépartementale des Anciens combattants et victimes de la guerre pour connaître les circonstances de l’arrestation et de la mort de Dominique Savattero. Dans une note d’août 1952 des Renseignements généraux sur la base du dossier 93 107 concluait : « Mort, Paris le 30 septembre 1942, Franc-Tireur ». Son bulletin de décès de la mairie du XIVe arr. en date du 23 mars 1949 porte la mention « Mort pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148685, notice SAVATTERO Dominique (Domenico), Adelino. Écrit parfois par erreur SAVATERRO par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 septembre 2013, dernière modification le 19 juin 2022.

Par Daniel Grason

Plaque commémorative du 10 rue Victor Hugo à Montreuil (photo de Renaud P-A, mai 2022).

SOURCES : Arch. PPo., PCF carton 12, rapports hebdomadaires des Renseignements généraux ; 77W 1725, 77W 3119, KB 70, KB 72. — DAVCC, Caen (notes de Delphine Leneveu). — Site Internet CDJC cote XLV-45. — Site internet GenWeb. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable