POPP Nicolas

Par Daniel Grason

Né le 2 juillet 1914 à Brasov (Roumanie), disparu en déportation ; câbleur en TSF ; militant de la Main d’œuvre immigrée (M.O.I.) ; résistant ; déporté.

Fils de Pierre et de Irène Néagra, Nicolas Popp arriva en France en avril 1939. Il s’engagea volontairement pour la durée de la guerre en septembre 1939, il fut affecté au 29e Régiment de marche des volontaires étrangers, démobilisé en septembre 1941.
Il exerçait son métier de câbleur en TSF, travaillait à son domicile à Morsang-sur-Orge (Seine-et-Oise, Essonne), il fit partie d’un groupe de résistants roumains communistes de la Main d’œuvre immigrée (M.O.I.). Il s’occupait de la solidarité, de la diffusion de tracts et plus particulièrement de la trésorerie du groupe.
Des policiers des Brigades spéciales surveillaient le domicile de Robert Giraudineau 17 rue Alphonse-Penaud à Paris XXe arr. qui venait d’être arrêté. Nicolas Popp s’y présenta le 25 novembre 1943, trois inspecteurs de la BS1 l’interpellèrent, il présenta une carte d’identité qui s’avéra fausse. Fouillé, il portait sur lui un agenda de poche de l’année 1944, un faux certificat de travail, une feuille de démobilisation à son nom du centre de Caussade (Tarn-et-Garonne).
Lors de la perquisition de la chambre, outre quatre formulaires en blanc de faux récépissés de demande de carte d’identité d’étrangers, les policiers saisissaient : des timbres de solidarité avec l’organisation de la MOI d’une valeur de quarante mille francs ; huit autres d’une valeur de cinq mille francs l’unité ; cinq feuillets manuscrits avec les comptes de l’organisation (cotisations, solidarité…) ainsi que la répartition du matériel clandestin (l’Humanité, La Vie ouvrière, des tracts intitulés « pour le sabotage des machines » ; trois exemplaires ronéotypés du journal clandestin Romania Libera ; des feuillets manuscrits en roumain sur l’édition de Romania Libera ; un poste de TSF dont Nicolas Popp ne put indiquer la provenance ; une somme de vingt-huit mille sept cents francs.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, Nicolas Popp fut interrogé notamment par Fernand David, commissaire principal de la BS1. Deux annotations intriguaient les policiers, l’agenda de 1944 portait des indications aux dates du 13 et 14 janvier, probablement des rendez-vous et les formulaires en blanc de demande de carte d’identité d’étrangers. Il répondit que « Paul » amenait le matériel, mais il ne connaissait pas son identité. Les policiers analysèrent les comptes, demandèrent des explications… Oui les comptes étaient bien de sa main, mais il ne faisait que recopier les originaux de « Paul ». Tout au long des interrogatoires, il répondit invariablement qu’il ne faisait qu’exécuter les directives de « Paul ». Comptabilité en main les policiers lui firent la démonstration qu’il était permanent rémunéré de l’organisation. Nicolas Popp donna un signalement vrai ou faux du mystérieux « Paul », il ne semble pas qu’il fut arrêté. Entre son arrestation le 25 novembre et le 4 décembre, interrogé à plusieurs reprises il fut très probablement frappé, torturé.
Inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, Nicolas Popp comparut le 2 mars 1944 devant la Section spéciale de la cour d’appel de Paris. Il était défendu par Maître Darras, avocat à la cour, l’accusation le qualifia de « membre du mouvement communiste roumain en France » et remplissant « les fonctions de trésorier général de ce mouvement », il fut condamné à dix-huit mois de prison et mille deux cents francs d’amende.
Incarcéré, livré aux allemands il était dans le convoi qui partit de Compiègne à destination du camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) le 21 mai 1944. Matricule 30916 le destin de Nicolas Popp demeura inconnu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148709, notice POPP Nicolas par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 septembre 2013, dernière modification le 6 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, PCF carton 15 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste, KB 32, 77W 787. – Gaston Laroche colonel FTPF (Boris Matline), On les nommait les étrangers, ÉFR, 1965. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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