PENENT Jacques-Arnaud [PENENT D’ISARN Jacques-Arnaud, Michel, Pierre dit]

Par Gilles Morin

Né le 25 avril 1943 à Toulouse (Haute-Garonne), mort dans la nuit du 23 au 24 mai 1994 à Moulis (Ariège) ; journaliste ; militant socialiste parisien ; secrétaire national des ESU (1963-1964), puis des Étudiants socialistes (1965).

Fils de Raoul Gustave Penent d’Izarn et de Marie, Jesse-Levas, petit-fils d’un avocat qui fut président du conseil général de l’Ariège, Jacques-Arnaud Penent, selon Le Crapouillot, était d’origine aristocratique. Son père, ingénieur en chef à électricité de France possédait un château où il résidait dans l’Ariège, à Moulis.

Élève au lycée Condorcet, puis étudiant en Sorbonne où il obtint deux certificats supérieurs de Lettres, Jacques-Arnaud Penent s’engagea très jeune dans la gauche socialiste en voie de recomposition, en adhérant à l’UGS en 1959, au lendemain du retour au pouvoir du général de Gaulle, en pleine guerre d’Algérie. Il fut appréhendé le 28 mai 1960 au cours d’une manifestation violente organisée avenue Matignon par le comité pour l’action civique non violente. Il milita ensuite à la 7e section du PSU, puis à celle du 10e arrondissement.
En 1962-1963, il était président de l’Association générale des préparationnaires littéraires et artistiques, affiliée à l’UNEF.

De mars 1962 à janvier 1963, Jacques-Arnaud Penent a été membre du secrétariat national étudiant, puis secrétaire national (élu les 7 et 8 décembre 1963). Il appartenait encore à la CEF de Paris du PSU. Représentant du Front antifasciste des lycées parisiens, au sein du collectif FACUIRA (Front d’action des universitaires et intellectuels pour un rassemblement antifasciste), il fut orateur à un meeting d’information sur les problèmes algériens organisé par les ESU en mars 1962, salle des horticulteurs. À partir de 1962, il collabora à de nombreux journaux, dont Front, mensuel des lycéens des ESU pour lequel il était rédacteur en chef, et à Tribune socialiste, hebdomadaire du PSU. Il eut une activité débordante de décembre 1963 au printemps 1964. De la classe 1963, il fut réformé. Il raconta son expérience et ses espoirs de militant jeune du PSU, mobilisé par la guerre d’Algérie, rêvant de la révolution mondiale et de la société sans classe, en portant les valises du FLN, dans le livre Les Temps morts, paru aux Éditions Grasset, en 1965. En conflit avec Marc Heurgon, il démissionna du PSU.

Jacques-Arnaud Penent, qui « tirait son révolver au seul nom de Mollet » lorsqu’il était lycéen (Combat, 21 février 1967), à l’opposé de nombreux militants de sa génération, quitta le PSU en 1964 puis rejoignit la SFIO. Ce ralliement exceptionnel, qui plus est d’un ancien secrétaire national des ESU, lui ouvrit des portes dans ce parti et il y occupa immédiatement des postes de responsabilité. Président du groupe des Étudiants socialistes, il collabora à Objectifs socialistes, journal des étudiants SFIO de la Seine en 1965 et à Démocratie 66. Secrétaire de la section SFIO de Romainville en 1967, il entra au bureau de la nouvelle fédération SFIO de Seine-Saint-Denis. Il fit campagne pour François Mitterrand à l’occasion des élections présidentielles de 1965. Militant de la SFIO et de la CIR en 1966, il fut le plus jeune candidat de France aux élections législatives de mars 1967 dans la 4e circonscription de la Seine-Saint-Denis, au nom de la FGDS. L’année précédente, au congrès national de la SFIO, il s’était prononcé clairement pour l’unité de la gauche et pour une FGDS qui n’accepte pas dans ses rangs ceux qui faisaient des concessions à la Ve République. Au congrès de juin 1967, il se prononça pour un nouveau parti socialiste, par la fusion des éléments de la FGDS, estimant que dans sa forme actuelle, le temps ne pouvait que défaire une fédération qui n’avancerait pas vers plus d’unité.

Devenu journaliste professionnel, il fut collaborateur de Combat à partir de 1965, de Démocratie 66, hebdomadaire de la SFIO puis de Nord-Matin en 1967. En 1968, il n’était toujours pas titulaire de la carte professionnelle. Il collabora ensuite à Paris-Match.

L’un des fondateurs historiques du CERES, il démissionna de la SFIO le 13 mai 1968 pour protester contre l’inattention portée au mouvement étudiant (le 7 mai, il demandait par lettre à Guy Mollet une prise de position du bureau du parti en faveur des étudiants) et dénonça dans Combat la répression et l’interdiction des “groupuscules”. Il fut blessé sur les barricades le 24 mai et fonda le Mouvement socialiste de Mai 1968. Il donna son témoignage sur Mai 1968 dans Un printemps rouge et Noir. J. A. Penent resta membre du bureau du CERES en 1968-1969 et appartenait encore au Centre d’études et de promotion (CEDEP), dont il était vice-président en 1968.

Il demanda sa réadhésion à la SFIO en février 1969. Durant la campagne référendaire de mars-avril 1969, il critiqua la position du PSU qui prônait l’abstention (mais qui pour finir lors du congrès de Dijon de mars 1969 se prononça pour le "non" au référendum), souhaitant, lui, voir tomber le gaullisme.

Le Crapouillot, le présentait comme « un enfant perdu de la rive gauche », vivant le drame des pamphlétaires, victime de son franc-parler qui lui fermait les colonnes des journaux. Jeune espoir du socialisme en recomposition dans les années soixante, Jacques-Arnaud Penent ne trouva pas sa place dans le mouvement socialiste conquérant de la décennie suivante. Il fut du comité de rédaction de la revue chevènementiste Enjeu, pour la République et le Socialisme, en 1983 et y écrivit dans le premier numéro et deux articles en 1985. Il a été rédacteur en chef de la revue République organe du courant de Jean-Pierre Chevènement au sein du PS. A-t-il suivi ce dernier lors de son départ du PS ?

Il s’est donné la mort, dans la nuit du 23 au 24 mai 1994 à son domicile de Moulis (Ariège) à l’âge de cinquante et un ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148739, notice PENENT Jacques-Arnaud [PENENT D'ISARN Jacques-Arnaud, Michel, Pierre dit] par Gilles Morin , version mise en ligne le 8 septembre 2013, dernière modification le 14 février 2017.

Par Gilles Morin

ÉCRITS : Les Temps morts, Éditions Grasset, 1965. — Un printemps rouge et Noir, Robert Laffont, 1968.

SOURCES : Arch. Nat. 19850085/17/5485. — Arch. PPo, 1W0161/44939. — Fichier adhérents de l’UGS. — Archives de l’OURS, AGM136. et dossier Seine-Saint-Denis. — Tribune socialiste, 24 mars 1962, 14 décembre 1963, 8 février 1964. — Ministère de l’Intérieur, Les élections législatives 1967, La documentation française. — Le Crapouillot, n° 26, août-septembre 1968. Le Monde du 28 mai 1994. — Notes de Roger Barralis.

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