NEKVASIL Milos alias VONDRACZEK Josef, GASPAR Jean, MARCEAU, Jean, Pierre

Par Daniel Grason

Né le 2 janvier 1910 à Tabor (Tchécoslovaquie), mort le 29 mars 2001 à Paris ; communiste ; élève de l’École léniniste internationale (ÉLI) ; volontaire en Espagne républicaine ; dirigeant de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.) ; interné ; résistant.

Fils de Josef et de Marie, née Benèschova, Milos Nekvasil suivit des études devint bachelier, travailla dans une grande coopérative de Prague. Membre du Parti communiste de Tchécoslovaquie, il fit dix-huit mois de service militaire dans l’Infanterie. En 1936 il vivait à Moscou, était élève à l’École léniniste internationale, parlait couramment le russe, à l’automne, il fut convoqué pour un entretien avec un responsable du Komintern. Celui-ci lui demanda d’entrer dans les Brigades internationales, il accepta, suivit une formation à l’école de l’Armée Rouge de Riazan qui comprenait des cours sur la situation politique en Espagne et l’apprentissage de la langue espagnole. Les élèves étaient destinés à encadrer les volontaires en Espagne. L’enseignement dispensé en russe mettait l’accent sur le danger que représentaient les anarchistes et les trotskistes en Espagne.

En février 1937, il retourna à Moscou, se vit attribuer le nom de Frantisek Sustr le temps du voyage, cette identité servit par la suite à Josef Pavel. Il prit le chemin de l’Espagne en passant par la Finlande, Suède, Danemark, Hollande et enfin la France. De Paris avec d’autres ex-élèves de Riazan, il rejoignit en train l’Espagne. En mars 1937, le groupe passa la frontière. À Albacete Milos Nekvasil était intégré sous le nom de Josef Vondraczek dans la XIIIe Brigade Dombrowski avec le grade de lieutenant. Il combattit sur différents fronts dans la XVe et la 129e Brigade, fut chef d’état-major, puis commandant du bataillon Masaryk.

Après le retrait des brigades, il fut interné en février 1939 dans le camp de Saint-Cyprien, puis de Gurs et d’Argelès-sur-Mer d’où il s’évada le 10 novembre 1940. Il résida en zone libre à Marseille, devint le responsable la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.) tchécoslovaque. Il passa la ligne de démarcation en avril 1941, eut des contacts avec la communauté tchécoslovaque à Paris, revint à Marseille.

En juin 1942, il retourna à Paris. Sur la présentation d’un certificat de démobilisation de la Commission de rapatriement Slovaque, il obtint de la préfecture de police un récépissé de demande de carte d’identité sous le nom de Jean Gaspar, né à Bratislava. Il travaillait à la biscuiterie du Château à La-Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Grâce à Jeanne Thomas, secrétaire à l’université, il s’inscrivit comme étudiant en sociologie, obtint une bourse, suivit des cours à l’École des hautes études commerciales, section journalisme.

À la suite d’un attentat commis par Oswald Zavodsky, ex-Brigadiste, des inspecteurs de la BS2 recherchèrent Jean Gaspar (Milos Nekvasil). Ils trouvèrent sa trace grâce à un papier qui fut saisi où il était écrit : « Neksavil 9 Rue d’Héliopolis » un hôtel dans le XVIIe arr., il y vivait avec sa compatriote Catherine Adler. Interpellé le 8 décembre 1942, interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, Jean Gaspar affirma que Zavodsky n’était qu’un simple camarade de régiment, le 17 il était incarcéré à Fresnes. Relaxé le 4 février 1943 faute de preuves, il quitta le jour même son domicile pour habiter au 21 rue Auguste-Vitu à Paris (XVe arr.). Catherine Adler, sous le nom de Blanche Marceau accoucha le 20 avril 1944 d’un fils prénommé Jean, Vladimir, il fut déclaré sous le nom de Marceau à la mairie du XIVe arrondissement.

Le 21 juillet 1944 alors que Neksavil se présentait au 7 rue Saint-Marc, (IIe arr.) au domicile de Fiedler, un compatriote, des policiers l’arrêtèrent sous le nom de Jean Marceau, né à Oran, domicilié à Chelles (Seine-et-Marne), en fait il vivait avec sa compagne 183 Rue Legendre à Paris (XVIIe arr.). Lors des interrogatoires, il déclara qu’il était membre du Comité national tchécoslovaque, chargé du secrétariat et de la propagande, l’objectif de cette organisation « visait uniquement au rétablissement de la République Tchécoslovaque en dehors de toute propagande en faveur d’un parti quelconque y compris le Parti Communiste ». Fiedler était le président, il livra l’organigramme de l’organisation avec la responsabilité de chacun. Il se disculpa, non ce n’était pas lui qui imprimait le journal La Nouvelle Tchécoslovaquie, il avait simplement écrit un article sur le Président Masaryck dans la vie nationale Tchécoslovaque.

Les policiers prirent en compte l’évolution de la situation politique, Marceau fut relaxé le 17 août 1944. Ils expliquèrent dans un rapport du 14 janvier 1945 que la relaxe fut prononcé « avant toute poursuite judiciaire, pour qu’il ne fut pas emmené, le cas échéant par les Allemands ».

La première réunion publique du Parti communiste tchécoslovaque se tint le 14 octobre 1944 à la salle des Sociétés savantes à Paris. Milos Nekvasil y prit longuement la parole au nom du Parti communiste. Il se présenta le 29 novembre 1944 avec un certificat de loyauté délivré par le Conseil national de la Résistance tchécoslovaque pour régulariser sa situation.

De retour en Tchécoslovaquie il fut chargé des affaires militaires au secrétariat central. Il travailla un temps au service des renseignements militaires dirigé par un homme de confiance des Soviétiques Bedrich Reicin, l’un des futurs accusés du procès Slansky qui fut condamné à mort et pendu. En 1946 une conférence de la paix se tint à Paris, Milos Nekvasil y participait comme journaliste, chargé selon Karel Bartosek de surveiller « les membres non communistes de la délégation » et d’informer sur leur comportement. Il était chef de la censure dans le périodique où il travaillait.

Milos Nekvasil épousa Kaethe le 20 juin 1948, le couple eut deux fils Jiri et Vladimir. Il fut arrêté en 1951 et détenu pendant trois ans comme « agent de l’impérialisme ». Artur London dans son ouvrage L’Aveu s’en fit l’écho, l’un de ses interrogateurs qualifia le groupe des anciens volontaires à Marseille où résida Nekvasil de « groupe trotskyste » qui était « soutenu financièrement par les américains ».

Libéré, Milos Nekvasil vécut à Prague, il ne put ni travailler ni publier pendant plusieurs années. Il écrivit deux témoignages déposés à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) à Nanterre, ils furent diffusés dans la revue « Matériaux pour l’histoire de notre temps » en 1990 et 1993.

Milos Nekvasil mourut le 29 mars 2001 en Tchécoslovaquie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article148782, notice NEKVASIL Milos alias VONDRACZEK Josef, GASPAR Jean, MARCEAU, Jean, Pierre par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 septembre 2013, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 496. – Castells Andreu, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, Ariel, 1974. – Artur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, Gallimard, 1968. – Karol Bartosek, Les aveux des archives. Paris-Prague, 1948-1968, Seuil, 1996. – Milos Nekvasil, « Mémoires et témoignages : De Riazan à l’Estrémadure » et « Témoignages sur la résistance tchécoslovaque en France pendant la Seconde Guerre mondiale », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 1990 et 1993.

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