Par Dominique Tantin
Né le 24 février 1928 à Meknès (Maroc), exécuté sommairement le 21 août 1944 à Ruffec (Charente) ; collégien ; résistant dans les FTPF.
Fils de Louis Joseph, officier aviateur – lequel s’engagea dans la Résistance sous le pseudonyme de Commandant Lavenue, dans la région de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où il résidait –, et de Françoise Martinez, Louis Proust était domicilié à Chef-Boutonne (Deux-Sèvres).
À seize ans, il s’engagea dans les FFI, en avril 1944. Selon Michèle Coulardeau, de Chef-Boutonne, « au printemps, il a interrompu sa scolarité au cours complémentaire de Chef-Boutonne, pour s’engager dans la lutte contre l’occupant nazi ». Recherché pour distribution de tracts et d’affiches, il fut accueilli et caché par Madame Barbier qui était la mère de l’un de ses camarades de scolarité. Il poursuivit la lutte en Charente, dans la Section spéciale de sabotage de Jacques Nancy du BCRA [Bureau central de renseignements et d’action], une unité d’élite dont il sera un excellent élément ``intelligent et courageux’’ ».
Blessé à une jambe début juillet au cours d’une mission, l’adolescent est contraint de regagner Javarzay où il fut soigné par madame Barbier. « Dans la deuxième quinzaine du mois, bien que mal rétabli, il rejoint le groupe très actif des frères Tabourdeau de Sauzé-Vaussais », opérant dans le sud des Deux-Sèvres. Les frères Tabourdeau, Robert, médecin, et Raymond, notaire, de Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres), avaient constitué un groupe de combat affilié aux Francs-tireurs et partisans (FTP) de la Vienne, qui lui procuraient des armes. Avec quelques dizaines d’hommes, ils organisaient des embuscades sur la nationale 10 Paris-Bordeaux et ils participèrent à l’attaque de la garnison allemande de Melle (Deux-Sèvres) le 13 août 1944. Louis Proust s’y distingua en faisant cinq prisonniers au cours de l’attaque de l’Hôtel Philippon.
Agent de liaison en moto, Louis Proust fut capturé le dimanche 20 août sur la place de la mairie à Sauzé-Vaussais par des soldats hindous, auxiliaires de la Wehrmacht, au cours d’une expédition contre le maquis dans la région de Melle. Conduit à Ruffec avec d’autres prisonniers, torturé, il refusa de dévoiler où étaient ses camarades de maquis. Après décision de l’Oberleutnant Stephan, quatre hommes furent passés par les armes le 21 août 1944, Louis Proust le premier, à 6 h 45 et les trois autres – Joseph Bernier, René Groussard et Roger Aubin – plus tard. Les corps furent enterrés dans des fosses creusées sur place.
Les dépouilles furent reconnues par les familles le 5 septembre 1944, après la libération de Ruffec, et Louis Proust fut inhumé dans la sépulture de famille à Javarzay. « À l’époque, ce drame avait bouleversé la population, qui avait assisté en foule aux obsèques célébrées le 8 septembre en l’église Saint-Chartier », relate Michèle Coulardeau. Louis Proust reçut la Médaille militaire, la médaille de la Résistance et la Croix de guerre à titre posthume.
Une avenue de Chef-Boutonne porte son nom. Un hommage annuel lui est rendu au cimetière de Javarzay.
Par Dominique Tantin
SOURCES : DAVCC, Caen. – Virginie Daudin, Dominique Tantin, Résister dans le Pays Mellois, 1940-1945, Niort, 2006. – Michel Chaumet, Jean-Marie Pouplain, La Résistance en Deux-Sèvres, 1940-1944, La Crèche, Geste Éd., 2010. – Site Internet de la Nouvelle République. — Informations et documents communiquées par M. Robert en 2019.