Par Paul Boulland
Né le 23 février 1944 à Paris (XVIIIe arr.) ; comptable EDF-GDF ; syndicaliste Force ouvrière de région parisienne, secrétaire du syndicat FO de la DGPBP (1972-1978), secrétaire (1978-1981), secrétaire général adjoint (1981-1984) puis secrétaire général (1984-2004) de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz puis Énergie-Mines, secrétaire général de l’UD-FO de Paris depuis 1998, secrétaire régional de l’UR-FO Île-de-France, membre de la commission exécutive confédérale de la CGT-FO ; militant socialiste (PSA, PSU, FGDS, PS) puis du Parti ouvrier indépendant (POI) ; libre-penseur ; maire adjoint d’Augy (Aisne).
Gabriel Gaudy grandit dans un environnement marqué par les engagements laïcs et socialistes des membres de sa famille, parmi lesquels se trouvaient de nombreux enseignants. Son grand-père paternel, Johannès Gaudy, originaire de Corrèze, comptable dans une sucrerie de l’Aisne, militant de la SFIO et de la Ligue des droits de l’Homme, fut maire d’Augy entre-deux guerres. Il avait épousé Valérie Gandois, institutrice originaire de Haute-Vienne, militante du Syndicat national des instituteurs (SNI). Ils eurent onze enfants. Le grand-père maternel de Gabriel Gaudy, immigré espagnol, fut ouvrier agricole à Gonnesse (Val-d’Oise) avec son épouse. Les parents de Gabriel Gaudy étaient tous deux enseignants et son père milita à la SFIO. Durant la guerre, ils prirent part à la Résistance. Après la naissance de son fils, la mère de Gabriel Gaudy se réfugia à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne) avec sa belle-mère. Le village était situé à quelques kilomètres d’Oradour-sur-Glane, où périrent six membres de la famille Gaudy lors des massacres du 10 juin 1944.
À partir de 1952, la famille s’établit à Gonnesse (Val-d’Oise). Gabriel Gaudy entra en sixième au cours complémentaire de Pierrefitte (Seine, Seine-Saint-Denis) puis intégra le lycée Chaptal en seconde. Désireux d’entrer dans la vie active, il passa le concours de l’école de maistrance, qui formait les officiers de la Marine nationale à Brest (Finistère), et le concours des écoles nationales de métiers d’EDF-GDF. Reçu aux deux concours, il opta finalement pour EDF-GDF, sur l’insistance de ses parents. Au début de l’année 1960, à l’âge de seize ans, il adhéra au Parti socialiste autonome (PSA), à la fois dans le prolongement des engagements familiaux et en raison de son opposition à la guerre d’Algérie. Il suivit le PSA dans la constitution du Parti socialiste unifié (PSU). Dans l’attente de son entrée en école de métier, il travailla durant six mois dans la compagnie d’assurance « l’Urbaine et la Seine ».
Entre 1960 et 1962, Gabriel Gaudy fut élève de l’école nationale des métiers d’EDF-GDF de Soissons-Cuffies (Aisne), au sein d’une promotion administrative, comptable et juridique. À l’issue de sa formation, il intégra le service comptabilité de la Distribution du gaz dans la proche banlieue parisienne (DGPBP), en mai 1962. Deux semaines après son embauche, il prit part à ses premières grèves et, ayant pris la parole lors des assemblées générales, il fut tout de suite sollicité par les responsables syndicaux. Il fit notamment la connaissance de Georges Touroude, secrétaire du syndicat Force ouvrière de la DGPBP et militant du PSU. Gabriel Gaudy adhéra alors au syndicat FO, dont la DGPBP était l’un des pôles d’implantation depuis la scission de 1948 (voir Clément Delsol). Gabriel Gaudy devint délégué du service comptable. Il fut ensuite appelé sous les drapeaux et effectua son service militaire au Centre d’instruction du train de Montlhéry (Essonne) durant deux mois, puis en Algérie pendant quinze mois, comme instituteur à Baraki. Il fut démobilisé en 1964 après une affectation de quelques semaines à Karlsruhe (Allemagne).
À son retour à la DGPBP, Gabriel Gaudy intégra un nouveau service, chargé des prémices de la conversion au gaz naturel et intégra la commission exécutive du syndicat FO. Il poursuivit sa carrière professionnelle comme agent de maîtrise, adjoint d’un chef de point d’appui. Il prit part au mouvement de Mai-1968, en tant que militant syndical dans l’entreprise, mais aussi comme militant politique, en direction du mouvement étudiant. Dans cette période, Gabriel Gaudy s’était progressivement détaché du PSU, en désaccord avec les orientations promues par Michel Rocard* et avec la thématique de l’autogestion. Il rejoignit la FGDS puis le Parti socialiste. En 1970, il intégra le secteur Invalidité, vieillesse, décès (IVD) des Services centraux d’EDF-GDF où il remplaça Simone Gavet comme secrétaire général du syndicat. Son activité contribua à ce que le syndicat Force ouvrière devienne majoritaire dans le service IVD lors des élections professionnelle, en 1971. L’année suivante, le secteur IVD fut déplacé à Nantes (Loire-Atlantique). Gabriel Gaudy accepta alors la proposition de sa fédération de revenir à la DGPBP comme secrétaire général du syndicat et il devint permanent. Il représenta le syndicat comme secrétaire de la commission secondaire et fut pendant quelques années administrateur de la CMCAS de la DGPBP. En 1975, à l’occasion du XIIe congrès de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz, il intégra sa commission de contrôle.
Lors du XIVe congrès (Montpellier, en novembre 1978), Gabriel Gaudy intégra le secrétariat fédéral, en tant que représentant de la minorité fédérale et avec le soutien de Guy Poucy et Georges Touroude. Gabriel Gaudy, en décalage avec les orientations confédérales, défendait en effet une analyse favorable aux perspectives de l’Union de la gauche. Au secrétariat fédéral, il fut chargé du secteur Production thermique, en remplacement de Georges Touroude. Il fit de ce secteur l’un des axes de développement de la fédération et effectua de nombreuses tournées dans les syndicats sur l’ensemble du territoire ce qui lui permit de nouer des liens avec de nombreux militants. Selon son témoignage, en 1981, Louis Soustre, secrétaire général de la fédération, encouragea sa candidature au poste de secrétaire général adjoint, en raison de désaccords avec Christian Heredia. Gabriel Gaudy fut élu secrétaire général adjoint à l’issue du XVe congrès (Dijon, novembre 1981). En 1982-1983, il quitta le Parti socialiste, en désaccord avec la politique conduite par le gouvernement de Pierre Mauroy. Lors du XVIe congrès fédéral (Toulouse, novembre 1984), Gabriel Gaudy fut élu secrétaire général de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz. Il conserva ce mandat durant vingt ans. En 2000, à la constitution de la Fédération nationale de l’Énergie et des Mines (FNEM-FO), il resta secrétaire général, jusqu’à son départ en retraite en 2004. Il fut alors remplacé par Max Royer, lors du congrès de Clermont-Ferrand.
En 1998, à la demande de la confédération, Gabriel Gaudy prit la direction de l’Union départementale FO de Paris et de l’Union régionale Île-de-France, lorsque l’ancienne équipe dirigeante de l’UD quitta Force ouvrière pour l’UNSA. Accompagné de plusieurs autres responsables de la fédération des IEG (Francis Mathey, secrétaire général adjoint, Guy Bargueden, secrétaire et Louis Seigneur*, trésorier), il assura la reconstitution de l’UD, dont il était toujours secrétaire général en 2013. Membre de la commission exécutive confédérale à partir de février 1989, lors du congrès qui vit l’élection de Marc Blondel au poste de secrétaire général, Gabriel Gaudy y fut reconduit à l’issue du XXIIe congrès confédéral (Montpellier, février 2011). Selon son témoignage, lorsqu’il devint secrétaire général de l’UD-FO de Paris, il déclina la proposition de Marc Blondel d’intégrer le bureau confédéral, afin de pouvoir conserver ses responsabilités à la fédération des IEG.
Sur le plan politique, Gabriel Gaudy adhéra au Parti ouvrier indépendant, fondé en 2008 après la dissolution du Parti des travailleurs. Il milite également au sein de la Libre Pensée. Dans sa commune d’Augy, où son grand-père avait été maire, Gabriel Gaudy fut élu premier adjoint, sur une liste d’intérêt local.
Gabriel Gaudy s’était marié en juillet 1965 avec une institutrice, militante du Syndicat national des instituteurs.
Par Paul Boulland
SOURCES : Arch. FNEM-FO. ― Lumière et Force, n° 160 (septembre 1975), 178 (décembre 1978), 191 (janvier 1982), 300 (juin 2011). ― FO Hebdo, 9 février 1989 (notes de Pascale Rubin, responsable du centre confédéral FO de documentation). ― Gérard Da Silva, Histoire de la CGT-FO et de son union départementale de Paris, Paris, L’Harmattan, 2009. ― Entretien avec Gabriel Gaudy, février 2011.