SEIGNEUR Louis

Par Paul Boulland

Né le 27 avril 1946 à Croix (Nord) ; ajusteur puis dessinateur industriel dans la métallurgie, dessinateur EDF ; syndicaliste Force ouvrière du Nord, secrétaire de la région Distribution-Nord (1983-1995), trésorier de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz (1990-2004), administrateur de la CMCAS de Lille, membre du comité de coordination des CMCAS (1987-1990), administrateur de la CCAS (1984-1987) ; militant socialiste ; conseiller municipal (1977-1989) et maire (1980-1983) de Croix.

La famille de Louis Seigneur, établie de longue date dans la région de Croix, est étroitement associée à l’histoire du socialisme local. Son grand-père, Louis Seigneur, représentant de commerce puis tenancier d’un estaminet, militant socialiste et laïc, fut maire de Croix de 1925 à 1940 et conseiller d’arrondissement de 1931 à 1940. Son père, Henri Seigneur, né en 1909, fut électricien à la Roubaisienne d’électricité puis à EDF-GDF. Secrétaire du syndicat CGT unifié de 1939 à 1940, militant SFIO, il prit part à la Résistance dans le réseau Sylvestre Farmer (War office britannique). Président du Comité local de libération puis de la délégation provisoire, il fut élu maire de Croix en 1945 et réélu jusqu’à son décès. En 1947, il fut l’un des artisans de la constitution du syndicat Force ouvrière dans la région Lilloise. Après un premier mariage, Henri Seigneur se remaria en 1945. Son épouse, d’abord femme au foyer, fut ensuite couturière à domicile puis ouvrière empaqueteuse aux Trois Suisses, à Croix où elle milita au sein du syndicat FO. Louis Seigneur était l’aîné des trois enfants du couple. Dès cette époque, il fut marqué par les engagements familiaux. À l’école primaire de Croix, les clivages politiques locaux entre socialistes et communistes rejaillissaient parfois violemment sur les enfants, en particulier pour le fils du maire. Après l’obtention du certificat d’études primaires, il entra au lycée Turgot de Roubaix, où il poursuivit sa scolarité jusqu’en quatrième. Malade, Henri Seigneur mourut accidentellement en tombant du balcon de sa mairie en 1960. Cet événement dramatique, que la rumeur assimila à un suicide, joua un grand rôle dans la suite du parcours de Louis Seigneur, alors âgé de treize ans.

Louis Seigneur entra en apprentissage chez Mac Cormick (International Harvester France), une usine de fabrication de tracteurs et de machines agricoles. Il obtint les CAP de tourneur et d’ajusteur, puis le brevet professionnel de dessinateur. En 1964, dès l’âge de dix-huit ans, il adhéra au syndicat FO de l’entreprise. À l’issue de son service militaire, qu’il effectua durant seize mois dans l’armée de l’Air, à Cambrai (Nord) puis à Doullens (Somme), il réintégra l’entreprise, où il travailla durant un an comme ajusteur, puis comme dessinateur calqueur au service de conception des machines (« l’expérimental »). À cette même époque, il se maria avec une agente hospitalière, fille d’un militant CGT de l’usine IHF. Ils eurent trois enfants.

Désireux de découvrir l’univers professionnel qui avait été celui de son père, Louis Seigneur intégra EDF le 2 mai 1968, en qualité de dessinateur détaillant au service technique électricité de la direction régionale de Lille (Nord). Il conserva ce poste, comme agent technique puis comme contremaître durant douze ans. Toujours adhérent FO, il eut de premières responsabilités, comme collecteur et comme membre de la commission exécutive de son syndicat, et il suivit diverses formations syndicales. Rétrospectivement, il considère toutefois qu’au cours de cette période, il fut « plus syndiqué que syndicaliste ». Louis Seigneur se consacra en effet à l’action politique.
En 1973, il adhéra au Parti socialiste, militant d’abord à Roubaix, puis à Croix, à partir de 1976. Il y fut élu conseiller municipal en 1977. Au sein du PS, il se situait alors dans le courant de Pierre Mauroy, alors député maire de Lille et secrétaire de la fédération socialiste du Nord. Avec une partie des militants locaux, il exprimait un point de vue critique sur la gestion du maire Gustave Dedecker, successeur de son père à la mairie. Dans le contexte de la préparation du congrès de Metz (avril 1979), Louis Seigneur devint secrétaire de la section socialiste de Croix, en remplacement de Gustave Dedecker. En 1980, ce dernier démissionna de son mandat de maire, pour raison de santé. Soutenu par la fédération du Nord et par une majorité des militants locaux mais en concurrence avec une partie de l’équipe sortante, Louis Seigneur fut élu maire de Croix, en novembre 1980. Durant son mandat, il s’efforça de développer les infrastructures municipales, créa un office culturel et de nouveaux logements sociaux. En 1983, il conduisit une liste d’union avec le PCF et le PSU qui fut battue. À la même époque, plusieurs villes voisines comme Roubaix ou Hem (Nord) basculaient également à droite. Louis Seigneur vécut très difficilement cet échec électoral mais resta conseiller municipal jusqu’en 1989.

Après un congé sans solde de près de trois ans, pour exercer sa fonction de maire, Louis Seigneur réintégra EDF en mars 1983. Rapidement sollicité par ses camarades du syndicat FO, il fut élu secrétaire permanent de la région Distribution-Nord dès le mois de juin 1983. À ce titre, il siégea au comité fédéral national puis, à partir du XVIIe congrès (La Baule, novembre 1987), au comité exécutif de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz. Il fit partie du secteur fédéral Distribution et siégea à la Commission supérieure nationale du personnel, et dans ses diverses sous-commissions, jusqu’en 2006. Parallèlement, il fut élu administrateur de la CMCAS de Lille et fut désigné administrateur de la CCAS. Après le congrès de La Baule, à la demande de Joseph Bellanca, il intégra la délégation FO au sein du Comité de coordination des CMCAS. Sollicité par Gabriel Gaudy, Louis Seigneur fut élu trésorier de la Fédération FO, à l’issue du XVIIIe congrès (Strasbourg, novembre 1990), en remplacement de Michel Gendrot. Cette nouvelle responsabilité mobilisait les compétences qu’il avait acquises comme maire puis au sein du conseil d’administration de la CCAS et du comité de coordination dans l’élaboration et l’analyse des budgets. Il prit également part aux activités fédérales dans le domaine de la formation syndicale, entre autres sur la question des activités sociales. En 1998-1999, outre ses mandats fédéraux, Louis Seigneur assura la fonction de trésorier de l’UD-FO de Paris, à la demande de Gabriel Gaudy, mandaté par la confédération FO pour assurer la fonction de secrétaire général de l’UD. En 2000, il fut l’un des principaux artisans de la fusion des électriciens et gaziers avec les mineurs et fit adopter les statuts de la nouvelle Fédération nationale Énergie-Mines (FNEM-FO). En 2004, à l’issue du congrès de Clermont-Ferrand, Louis Seigneur quitta ses responsabilités de trésorier pour prendre en charge le secteur fédéral de la branche professionnelle et des négociations collectives, jusqu’à sa retraite en 2006. Sur le plan confédéral, Louis Seigneur fit partie de la commission de contrôle, à partir de 1995 et jusqu’au XXIIe congrès de la CGT-FO (Montpellier, février 2011). Malgré sa retraite, il resta un militant actif. En 2007, lors de la création de la Caisse d’assurance maladie des industries électrique et gazière (CAMIEG), il fut nommé à son conseil d’administration, comme responsable de la délégation FO, jusqu’en 2009. Il s’investit à cette époque dans le syndicalisme retraité, comme trésorier du nouveau Groupement départemental des pensionnés du Nord des IEG.

Toujours militant socialiste, il retourna à Roubaix en 2002 et il devint trésorier de la section locale en 2006.

Divorcé, Louis Seigneur se remaria avec Marie-France Monart, fonctionnaire territoriale, militante socialiste et syndicaliste Force ouvrière. Ils eurent un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149304, notice SEIGNEUR Louis par Paul Boulland, version mise en ligne le 4 octobre 2013, dernière modification le 7 octobre 2013.

Par Paul Boulland

SOURCES : Lumière et Force, n° 216 (novembre 1987). ― Passion Service public, n° 5 (avril 2011). ― Renseignements fournis par l’intéressé. ― Entretien avec Louis Seigneur, juin 2012.

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