FRANÇOIS Roger, Eugène, Pierre

Par Daniel Grason

Né le 17 avril 1897 à Paris (XIIIe arr.), fusillé le 28 octobre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; gérant de bains-douches.

Fils de Georges, gardien de la paix, et d’Ernestine, née Verger, Roger François, fervent catholique, épousa Henriette, née Murat, secrétaire sténodactylo, le 25 octobre 1921 en mairie du XIIIe arrondissement de Paris. Le couple eut deux enfants, dont Claude "Claudy" ; il vivait 3 place de Varsovie à Maisons-Alfort, aujourd’hui place René Coty quartier de Charentonneau (Seine, Val-de-Marne). Depuis 1935 il était gérant de l’établissement municipal de bains-douches.
Il fut dénoncé par une lettre signée de Fernand Avix adressée aux autorités allemandes. Roger François, qui le connaissait sous son véritable nom, Georges Bouré, l’hébergea de mai à août 1940. Les deux hommes se disputèrent dans un café de Maisons-Alfort fin septembre 1941, Avix faisant l’éloge des Allemands. Roger François ne supporta pas, mais il devait ignorer la véritable activité de Bouré.
Le 2 octobre 1941 la police allemande se présentait au domicile de Roger François et perquisitionna. Un revolver de marque espagnole, deux chargeurs et dix-neuf cartouches furent saisies. Roger François, ancien combattant de la guerre 1914-1918, déclara qu’il conservait ces armes comme souvenirs de la Grande Guerre.
Inculpé pour « détention illégale d’armes et sentiments anglophiles », incarcéré à la Santé, jugé le 23 octobre 1941 par le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut condamné à mort pour « détention illégale d’armes », et exécuté le 28 octobre 1941 au Mont-Valérien.

Roger François fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 28 octobre 1941 division 39, ligne 3, n°5 puis transféré le 16 mars 1945 à Gentilly (Seine, Val-de-Marne).

Le Secrétariat général aux Anciens Combattants accorda le 27 mars 1945 à Roger François la mention « Mort pour la France ».
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Le 19 novembre 1944, le nom de Roger François fut donné à l’ancienne rue de Bretagne à Maisons-Alfort, quartier de Charentonneau.
Le dénonciateur Georges Bouré, alias Fernand Avix, fut identifié par la police française. Pendant la guerre, il utilisa d’autres identités : Bardin et Rouet. En 1924 il était membre de l’Action française, et fut condamné à un an de prison pour détournement de fonds au détriment d’une banque où il était employé.
Il vécut pendant plusieurs années d’activités mal définies en Belgique. De retour en France en 1940, il adhéra au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat le 28 mars 1941 et fut membre du groupe « Collaboration ». En 1942 il fut chargé du recrutement pour la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF). Avec le grade de sous-lieutenant, il disposait d’un laissez-passer permanent lui permettant de passer la ligne de démarcation.
Son nom apparut le 26 mars 1947 après l’étude de documents allemands. Georges Bouré, né en 1894 dans le XIVe arrondissement de Paris, collaborateur et dénonciateur, était mort depuis le 15 juin 1945 à Drefféac (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).

28 octobre 1941, 9h45
Maman chérie,
Courage, je ne te le dirais jamais assez. Il va-t’en falloir dorénavant car tu vas être seule pour élever notre pauvre petit coco. Seule non car je suis certain qu’André ne te laissera pas, de même qu’Henriette sa marraine.
Tu vois, nous avions trop parlé de la première communion, je ne la verrai pas à Charentonneau mais du haut du ciel je vous suivrais et je prierais pour vous.
Je viens de faire la mienne, la dernière, et je crois que Dieu exaucera ma prière qui est de te trouver la force et le courage nécessaire pour supporter cette terrible épreuve.
Adieu ma chérie et toi mon pauvre petit Claudy soit fort. Montre que tu es bientôt un homme. Écoute bien maman, fais tout ce que tu pourras pour l’aider et plus tard quand tu seras grand, garde la le plus longtemps possible près de toi.
Adieu à tous les amis André et Léon, Marcel, Berthe, enfin tous.
Embrasse Germaine, Henriette et ma petite « miche » et à vous mes derniers baisers, ils sont gros, gros, gros et sans nombre.
Roger"

Memorial du Mont-valérien
Archives de la famille

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149333, notice FRANÇOIS Roger, Eugène, Pierre par Daniel Grason, version mise en ligne le 21 septembre 2020, dernière modification le 29 octobre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 207 (transmis par Gilles Morin), BA 2117. — Arch. mun. Maisons-Alfort. — DAVCC, Caen, B VIII (Notes Thomas Pouty). — Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial GenWeb. — État civil, Maisons-Alfort, Paris (XIVe arr.). — État civil numérisé Paris XIIIe arrondissement V4E 953 acte n° 926. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable