Par Dominique Tantin
Né le 22 juillet 1920 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 4 juillet 1944 à Biard près de Poitiers (Vienne) ; ouvrier ajusteur ; militant communiste ; résistant.
Jacques Jabouille était le fils d’un père limonadier et d’une mère sans profession. Domicilié à Marennes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), il devint responsable des Jeunesses communistes de la localité, puis résistant à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) dès 1941-1942. Il fut arrêté une première fois le 6 juillet 1942 et interné au camp de Rouillé (Vienne), puis dans celui de la Kriegsmarine à Migné-Auxances (Vienne). Il s’évada pour se réfugier dans le Marais poitevin, dans le sud des Deux-Sèvres, où son fils, orphelin de mère, était hébergé chez des parents. Jacques Jabouille (pseudo Dumas) trouva refuge à la ferme du Défens à Irleau (Deux-Sèvres) chez Honoré Cadet. Il devint responsable départemental du Front national après l’arrestation de Kucharik (2 juillet 1943).
À partir de 1943, des jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) se retrouvèrent dans le Marais poitevin, dans la région d’Irleau-Damvix, à la limite des Deux-Sèvres et de la Vendée. En avril 1944, avec Léon Monéger, originaire de la région parisienne, et installé à Damvix, Jabouille constitua un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP). À la ferme du Défens, le « groupe du Marais » disposait d’un petit dépôt d’armes : deux fusils de guerre et 150 cartouches, une mitraillette et 1500 cartouches ainsi que deux barres à mine.
Avec les frères Doré – Camille et Michel –, Marcel Forestier, Raymond Giraudineau, Pol Mohimont, Léon Monéger et Daniel Pouponneau, Louis Guénon, Coirier et Morin, il organisa des vols de tickets d’alimentation dans les mairies, le sabotage de voies ferrées (notamment la voie ferrée La Rochelle-Niort le 19 mai 1944), le transport d’armes et la diffusion de la presse clandestine. Le 23 février 1944, Jacques Jabouille fit partie – avec Camille Doré, et René Froehly – du détachement qui exécuta Georges Texereau – militant communiste, ancien des Brigades internationales, en conflit avec l’interrégional Marcel Chassagne (alias Constant) – d’une rafale de mitraillette tirée par Froehly dans la cour de l’école d’Irleau. Eugène Barreau, qui l’accompagnait, échappa de justesse à la mort.
Les arrestations en cascade des membres du groupe semblent avoir été provoquées par plusieurs événements. D’abord trois lettres de dénonciation à la Feldkommandantur de Niort (l’une d’entre elles a échappé à la vigilance des résistants à la Poste) dénonçant Eugène Barreau et les réfractaires cachés dans le maquis. L’auteur de ces lettres est Éva Cadet, fille d’Honoré, dont les motivations auraient été personnelles et sentimentales. S’y ajoute une lettre de dénonciation d’Emmanuel Auvinet, « membre de la Légion tricolore » selon une source (en fait la Légion tricolore a été dissoute en 1942 et certains de ses membres ont été incorporés à la Légion des volontaires français contre le bolchevisme [LVF] ; mais il existait aussi une organisation des sympathisants appelée les Amis de la Légion). Auvinet a été condamné par la cour de justice de La Roche-sur-Yon le 5 janvier 1945. En définitive, les arrestations furent consécutives à celle de Marcel Forestier (alias Pinon) à Saint-Liguaire (commune aujourd’hui rattachée à Niort) le 23 mai 1944. Les informations obtenues aussitôt déclenchèrent le jour même une intervention de la Section des affaires politiques (SAP) de Poitiers et de la Milice dans le secteur d’Arçais-Le Vanneau-Irleau. Jacques Jabouille fut arrêté en compagnie de Camille Doré le 23 mai 1944 à la ferme du Défens à Irleau par la SAP et la Milice.
Incarcéré à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers, torturé, Jacques Jabouille fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand et fusillé au champ de tir de Biard le 4 juillet 1944 avec ses compagnons, les frères Doré*, Marcel Forestier, Raymond Giraudineau, Pol Mohimont, Léon Monéger et Marcel Pouponneau*.
Par arrêté ministériel du 16 mai 1950, le grade de capitaine fut attribué à Jacques Jabouille. Une plaque porte son nom dans la ville de Marennes.
Par Dominique Tantin
SOURCES : DAVCC, Caen. – ONAC 86. – Michel Chaumet et Jean-Marie Pouplain, La Résistance en Deux-Sèvres, 1940-1944, La Crèche, Geste Éd., 2010.