MOHIMONT Pol, Constant

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Né le 1er juin 1923 à Bosseval-et-Briancourt (Ardennes), fusillé le 4 juillet 1944 à Biard près de Poitiers (Vienne) ; cantonnier ; résistant FTPF, « résistants du Marais » Vendée – Deux-Sèvres.

Pol Mohimont photographié (vers 1942 ?) à Bosseval devant l’église Saint-Charles Borromée.
Pol Mohimont photographié (vers 1942 ?) à Bosseval devant l’église Saint-Charles Borromée.
Crédit : Mme Thelier Alexandra Thelier, petite-fille de Pol Mohimont

Fils d’un père ouvrier et d’une mère sans profession, célibataire, cantonnier, Pol Mohimont se réfugia en Vendée, avec sa famille en mai 1940. Son village natal, Bosseval-et-Briancourt situé à la frontière de la Belgique, au nord de la Meuse et de Sedan fut évacué à partir du 10 mai 1940 (ce 10 mai 1940, les premiers ordres d’évacuation furent donnés dans le département des Ardennes). Au soir du 12 mai 1940, le village fit envahi par les troupes allemandes se préparant à franchir la Meuse à Sedan dès le lendemain. D’après les témoignages, la population du village fut placée, après plusieurs dizaines de kilomètres à pied jusque vers Rethel, dans des trains de marchandises qui après un long périple par Dijon, et le Massif Central parvinrent en Deux-Sèvres et Vendée, points de regroupement et de refuge prévu pour les populations ardennaises. Les habitants de Bosseval et de la commune voisine de Vrigne aux Bois furent installés dans des communes du Marais poitevin, la famille Mohimont vraisemblablement à Damvix (Vendée). A l’automne 1940, eurent lieu les premiers retours qui s’intensifièrent à partir de février 1941. La plus grande partie de la population déplacée regagna les Ardennes. Il semble que Pol Mohimont fut après son retour à Bosseval menacé par les réquisitions du STO. En compagnie d’un autre jeune de Vrigne aux Bois dans la même situation (bulletin municipal de Vrigne op. cit.), il revint se réfugier à Damvix où il avait vraisemblablement gardé des contacts. Il s’y engagea dans la Résistance et rejoignit avec Daniel Pouponneau un maquis de FTPF formé par Lucien Coirier à Damvix au début de 1944. Sous le pseudonyme de René Neveu, il participa avec Marcel Forestier à des sabotages des voies de communications, particulièrement dans la région de Chaillé-les-Marais en Vendée, à la coupure des lignes téléphoniques et à un accrochage avec une patrouille allemande dans la nuit du 3 au 4 mai entre Mareuil et Chaillé-les-Marais. Puis le groupe se mit en rapport fin avril 1944 avec celui d’Irleau (Deux-Sèvres) dirigé par Jacques Jabouille, qui rassemblait également Raymond Giraudineau, Léon Moneger et les frères Doré Camille et Michel. Les FTP du groupe du Marais organisèrent notamment le sabotage de la voie ferrée La Rochelle-Niort le 19 mai 1944.
Des délations et des renseignements extorqués par la torture entraînèrent bientôt des arrestations en cascade qui décimèrent le groupe du Marais. D’abord, trois lettres de dénonciation parvinrent à la Feldkommandantur 564 de Niort (l’une d’entre elles a échappé à la vigilance des résistants à la Poste) dénonçant Eugène Barreau et les réfractaires cachés dans le maquis. L’auteur de ces lettres est Eva Cadet, fille d’Honoré, dont les motivations auraient été personnelles et sentimentales. S’y ajoute une lettre de dénonciation d’Emmanuel Auvinet, « membre de la Légion tricolore » selon une source (en fait la Légion tricolore a été dissoute en 1942 et certains de ses membres ont été incorporés à la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) ; mais il existait aussi une organisation des sympathisants appelée les Amis de la Légion). Auvinet fut condamné par la cour de justice de La Roche-sur-Yon le 5 janvier 1945.
Le 23 mai 1944, Marcel Forestier fut arrêté par la police française (3e Brigade de la Police régionale de la Police de Sûreté). Les renseignements obtenus par les policiers furent exploités le même jour et la Section des affaires politiques (SAP) de Poitiers procéda à l’arrestation des autres membres du groupe. Pol Mohimont fut arrêté par la SAP de Poitiers le 23 mai 1944 à Niort. Conduit à Damvix, il craqua sous les coups de la SAP et provoqua l’arrestation de Daniel Pouponneau.
Il fut incarcéré à la prison de la Pierre-Levée de Poitiers, condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 677 et fusillé au champ de tir de Biard le 4 juillet 1944 à 18 heures.
Il obtint la mention mort pour la France et fut reconnu « Interné Résistant ». Son nom est inscrit à Charleville-Mézières (Ardennes) sur le mémorial de Berthaucourt dédié aux résistants et déportés ardennais. Il est également inscrit sur la stèle commémorative à Irleau (Deux-Sèvres) en "Hommage au groupe de résistance du Marais" et sur le monument érigé à la mémoire des 128 fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149395, notice MOHIMONT Pol, Constant par Dominique Tantin, Michel Thébault, version mise en ligne le 10 octobre 2013, dernière modification le 9 février 2022.

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Pol Mohimont photographié (vers 1942 ?) à Bosseval devant l'église Saint-Charles Borromée.
Pol Mohimont photographié (vers 1942 ?) à Bosseval devant l’église Saint-Charles Borromée.
Crédit : Mme Thelier Alexandra Thelier, petite-fille de Pol Mohimont

SOURCES : DAVCC, Caen. — Michel Chaumet, Jean-Marie Pouplain, La Résistance en Deux-Sèvres, 1940-1944, La Crèche, Geste Éd., 2010 — Bulletin municipal de Vrigne aux Bois, n°2 mai-juin 2017 — Mémorial genweb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable