BALESTRI René (Renato)

Par Daniel Grason

Né le 27 février 1906 à Crespina en Toscane (Italie) ; artisan tailleur, journaliste à La Voce degli Italiani (La Voix des Italiens) ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; secrétaire adjoint de l’Union populaire italienne (UPI) ; déporté.

Fils d’Ugo et de Enersta, née Donati, Renato Balestri arriva en France en 1924, il épousa le 13 août 1927 Lina Marchi née en 1905 en Italie à la mairie de Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis). Le couple habita 7 Rue des Buissons à Montreuil-sous-Bois, membre du Parti communiste de France, en mars 1937, il participa au congrès constitutif de l’Union populaire italienne qui se tint à Lyon (Rhône), fut élu secrétaire-adjoint de l’association. Il s’engagea en octobre 1937 dans les Brigades internationales de l’armée républicaines espagnole, incorporé dans la XIIe Brigade Garibaldi, il aurait occupé la fonction de commissaire politique, il revint en juillet 1938.

À son retour, il devint journaliste permanent à La Voce, publication hebdomadaire de l’UPI. Très proche du secrétaire Romano Cocchi, membre du bureau politique du Parti communiste d’Italie, il contribua à populariser les initiatives de l’organisation, à faire connaître Cocchi qui devint très populaire dans l’immigration italienne. La Voce déclinait les thèmes du Front populaire pour « le pain, la paix et la liberté », se faisait l’écho des combats de la XII Brigade Garibaldi, de ce que fut la victoire de la bataille de Guadalajara en mars 1937 sur les troupes envoyées par Mussolini. Les Garibaldiens s’étaient adressés par tracts et par hauts parleurs aux soldats adverses :

« Italiens, fils de notre terre !

Lavez la honte qui salit le nom des Italiens, en désertant les rangs des rebelles espagnols, traîtres à leur patrie et assassins de leurs propres frères.

Passez dans nos rangs : ce sont les rangs des défenseurs du peuple, de la civilisation et du progrès. Nous vous ouvrons les bras : venez avec nous ».

La Voce développait une information résolument optimiste, même après l’arrivée d’Édouard Daladier à la présidence du conseil, présenté comme un ancien ministre auprès de Léon Blum. La grève du 30 novembre 1938 à l’appel de la CGT contre les décrets Daladier, Reynaud, son échec marqua la fin des espoirs du Front populaire. Dans l’immigration italienne le doute gagna, puis vint l’abattement face aux difficultés économiques. Des permis de séjours ne furent pas renouvelés, les agents consulaires repéraient depuis des années les militants les plus actifs, le retour au pays n’était donc pas sans risque. Les aides aux anciens de la Brigade Garibaldi étaient appréciées par eux comme insuffisante, ils exprimaient leur mécontentement. Certaines sections de l’UPI se délitaient en cette année 1939.

La signature le 23 août 1939 du pacte germano-soviétique rompit l’unité des communistes, socialistes, membres de la Ligue des droits de l’homme, anciens combattants… au sein de la direction de l’UPI. Le président Alessandro Bocconi, socialiste demanda la tenue immédiate d’une réunion, Romano Cocchi et René Balestri exprimèrent leur accord avec lui. Cocchi fut promptement exclu du PCI, et qualifié de « traître ».

Le 2 septembre 1939 sous l’égide de la Ligue des droits de l’homme italienne et de quatre autres formations politiques à l’exception des communistes un Comité national italien fut formé. Romano Cocchi obtint l’autorisation d’Édouard Daladier d’éditer un journal, ce fut L’Unione (L’Union) publication ronéoté, le 24 mai 1940, le cinquième et dernier numéro paru.

Le 2 juin 1940, une cérémonie d’amitié franco-italienne se déroula place Cambronne à Paris (XVe arr.), une gerbe de fleurs était déposée au pied de la statue de Giuseppe Garibaldi pour le 58e anniversaire de sa mort, les présents appelaient à « la lutte contre l’hégémonie pangermaniste […] contre le danger allemand ». Le général Sante Garibaldi son petit-fils était là, ainsi que le commandant Panella de l’association des Garibaldiens ; Romano Cocchi et René Balestri de l’UPI ; des représentants des travailleurs italiens membres de syndicats chrétiens ; Silvio Schettini, de l’association italienne des anciens combattants.

En novembre 1943, la police allemande arrêta René Balestri en raison de son activité passée. Le 17 janvier 1944 il était à Compiègne dans un convoi à destination de Buchenwald (Allemagne), à son arrivée le 19 janvier, il fut immédiatement dirigé sur le camp de Dora. Affecté au Kommando de Harzugen, situé à quelques kilomètres de Dora, il travailla dans une usine souterraine à la production d’armes. Les déportés de ce Kommando furent évacués à Bergen-Belsen, le camp fut libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945, matricule 41178 René Balestri avait survécu aux épreuves.

Il reprit sa profession de tailleur, René Balestri et sa femme Ernesta devinrent français, par décret pris le 20 juillet 1947. Selon les Renseignements généraux il « observait une prudente réserve sur le plan politique ». À l’occasion du 21e anniversaire de la libération de l’Italie le 25 avril 1945, il assista le 24 avril 1966 à une assemblée à la salle des fêtes de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), adhéra au Comité d’union pour le respect de la dignité des italiens émigrés en France, dont le siège était à Saint-Denis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149411, notice BALESTRI René (Renato) par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 octobre 2013, dernière modification le 14 novembre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 1558 (communiqué par Gilles Morin), BA 2441. – Éric Vial, L’Union populaire italienne, 1937-1940. Une organisation de masse du Parti communiste italien en exil, École française de Rome, 2007. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Delperrie de Bayac Jacques, Les Brigades internationales, Fayard, 1968. – Le Matin du 3 juin 1940.

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