PEIFFER Eugène (parfois PFEIFFER ou PEIFFERT)

Par Pierre Schill

Né le 5 septembre 1906 à Nousseviller (Lorraine annexée), mort le 3 octobre 1960 à Freyming (Moselle) ; électricien aux houillères de Sarre et Moselle (Moselle) puis aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) ; délégué mineur ; secrétaire général adjoint de la Fédération régionale des mineurs de charbon CGT de Lorraine ; membre de la commission administrative de la Fédération de Moselle du Parti communiste ; conseiller municipal de Freyming.

Eugène Peiffer était issu d’une famille de mineur. Il commença lui-même à travailler en novembre 1920 au puits V des houillères de Sarre et Moselle à Merlebach (Moselle) en entamant un apprentissage d’électricien.
Il adhéra au Syndicat CGT des ouvriers mineurs de Moselle probablement au moment de la longue grève de 1923 lancée par Marcel Kirsch*. Il dût être particulièrement actif car il fut renvoyé de la houillère. Réembauché en mai 1924, il retrouva un emploi d’électricien au puits V et fut à partir de ce moment l’un des militants les plus actifs lors des grèves qui jalonnèrent l’entre-deux-guerres, notamment lors du Front populaire.
Parallèlement à son engagement syndical, Eugène Peiffer milita de manière active au Parti communiste.

Il fut évacué de Moselle en septembre 1939. Son nom figurait dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth* arrêté par la Gestapo en octobre 1940. Le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle y décrivait dans le détail les structures de la CGT mosellane. Il était présenté comme l’un des principaux dirigeants du syndicat en Moselle. Le compte rendu mentionne à propos de ses orientations politiques : « communiste ». Eugène Peiffer faisant alors partie du bureaux dirigeant la section merlebachoise du syndicat.
Il fut arrêté par les nazis en raison de son appartenance au Parti communiste interdit et à la CGT. Le tribunal de Sarrebruck (Sarre, Allemagne) le condamna à la fin du mois de juillet 1942 à une peine de prison de deux ans et six mois pour « haute trahison ».

Eugène Peiffer retrouva un emploi d’électricien au puits V en décembre 1944 et l’occupa jusqu’en avril 1948, date de son élection au poste de délégué mineur.

Il fut candidat aux municipales de septembre 1945 à Freyming (Moselle) sur la liste d’entente des Partis républicains et de la Résistance. Il obtint 518 voix sur 1020 suffrages exprimés et fut élu
À nouveau candidat aux municipales d’octobre 1947 sur la liste communiste menée par Pierre Muller* il ne fut pas réélu.
Il se présenta une nouvelle fois aux municipales du printemps 1953 sur la liste d’Union ouvrière et démocratique présentée par le PC et fut élu au second tour en obtenant 650 voix sur 1649 suffrages exprimés.
Il mena la liste communiste aux municipales de mars 1959. Obtenant 734 voix, il fut largement battu par la liste de droite dont les candidats obtinrent plus de 2200 voix en moyenne.

Eugène Peiffer fut élu délégué-mineur de la circonscription Merlebach-Cuvelette (jour) des Houillères du Bassin de Lorraine aux élections du 14 avril 1949. Il obtint 952 voix, sur 1 589 suffrages exprimés et 1 697 votants pour 2 301 électeurs inscrits.
Il fut réélu en 1952, 1955 et 1958 avec respectivement 61,9 %, 70,1 % et 65,6 % des suffrages exprimés.

Il participa activement à la grève générale des mineurs d’octobre-novembre 1948. Son activisme entraîna la suspension pendant trois mois de sa fonction de délégué mineur sur décision de l’Inspecteur général de l’administration.

En décembre 1950, au moment du congrès du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre il était trésorier du secteur Merlebach-Freyming. En avril 1954, au congrès du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre, il fut réélu au secrétariat du syndicat pour occuper le poste de trésorier.

En octobre 1955, les renseignements généraux de la Moselle le considérait comme l’un des militants les plus actifs du syndicat des mineurs CGT du secteur « centre » des HBL.

Au 4e congrès de la Fédération régionale des mineurs CGT de Moselle qui se tint en novembre 1956 à Petite-Rosselle, il fut élu secrétaire général adjoint de la fédération.

Eugène Peiffer devait participer à la conférence fédérale du PC mosellan les 25 et 26 mai 1957 à Hayange (Moselle) en tant que représentant de la section communiste de Merlebach-Freyming dont il était alors membre du bureau. Il était membre du comité fédéral « sortant » qui avait été élu à la conférence fédérale de juin 1956 à Hagondange.

Candidat suppléant sur la liste communiste aux élections sénatoriales du 26 avril 1959 en Moselle, il obtint 221 voix sur 2 172 suffrages exprimés pour 2 233 grands électeurs inscrits.

Il participa en juin 1959 à Nilvange (Moselle) à la conférence fédérale du PC de la Moselle et fut nommé au comité fédéral.

Militant actif et très populaire, Eugène Peiffer décéda alors qu’il était encore actif et occupait son poste de délégué mineur, son enterrement rassembla une foule très nombreuse, estimée à près de deux mille personnes par d’anciens militants présents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149452, notice PEIFFER Eugène (parfois PFEIFFER ou PEIFFERT) par Pierre Schill, version mise en ligne le 15 octobre 2013, dernière modification le 15 octobre 2013.

Par Pierre Schill

SOURCES : Archives des Houillères du bassin de Lorraine : dossier personnel ; Vt53-B3 ; Vt233-B95 et B128 ; 1330 W 266. — Archives départementales de la Moselle : 151 W 191, 822, 823 et 825 ; 458 W 155. — Archives municipales de Freyming-Merlebach : 1 K 7. — Archives de l’ADIRP (Association départementale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes) de la Moselle. — Archives Marcel Zieder : Der Kumpel, 15 décembre 1956, 24 avril 1960 et 15 octobre 1960. — Archives du Syndicat régional des mineurs CGT de Merlebach : Der Kumpel, 30 avril 1954, 29 janvier 1955. — Archives familiales de Marie Feld, née Kloster, sœur d’Eugène Kloster*. — État civil de la commune de Nousseviller-Saint-Nabor (Moselle). — Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000. — Pierre Schill, « Entre France et Allemagne : grèves et mouvement ouvrier mosellans (1918-1923) », Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique, n° 92, 2003, p. 115 à 129. — Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Editions Serpenoise, 2006.

ICONOGRAPHIE : Photographie sur sa fiche d’embauche (vers la Libération) : dossier personnel, archives des HBL (cliché Pierre Schill).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable