GOMILA Roger, Émile

Par Michel Dreyfus

Né le 13 janvier 1922 à Port Guedon (Alger, Algérie), mort le 19 mars 1999 à Toulon (Var) ; ouvrier EGA puis EDF ; syndicaliste CGT d’Algérie puis de Saône-et-Loire, un des responsables de la Fédération de l’Éclairage en Algérie ; militant communiste.

Engagé volontaire pour quatre ans en 1939, Roger Gomila finit la guerre comme soldat de 2e classe. Par ordre de l’armée américaine en date du 29 mai 1947, il fut autorisé à porter la Distinguished unit citation. Le 10 octobre 1945, il entra à la Compagnie d’électricité Lebon, à Oran (Algérie) où il fut stagiaire à partir du 1er novembre 1945 et titularisé le 1er novembre 1946 comme ouvrier d’art (échelle 8). Lors de la nationalisation des industries électrique et gazière, il fut intégré à Électricité et gaz d’Algérie (EGA), toujours à Oran. En septembre 1947, il adhéra au Parti communiste, dont il fut membre jusqu’à sa mort, et à la CGT. Il devint l’un des secrétaires, en Algérie, de la Fédération CGT de l’Éclairage, plus spécialement chargé des questions d’hygiène et de sécurité. Il fut ensuite délégué des centrales de Gambetta et du Ravin blanc. Il se rendit régulièrement à Paris pour des réunions de la fédération, aux côtés notamment de Marcel Paul*.

Ayant poursuivi son activité militante durant la guerre d’Algérie, Roger Gomila fut arrêté le 10 septembre 1956. Son salaire fut supprimé. De nombreux militants connurent une situation analogue durant cette période (voir Francis Coullet). Le 3 août 1957, Roger Gomila fut condamné à deux de prison avec sursis par le Tribunal permanent des forces armées d’Oran pour appartenance à « une association de malfaiteurs ». Quatre jours plus tard, il fut révoqué d’EGA, « pour avoir porté atteinte au prestige de l’établissement par le comportement extérieur ». Il fut détenu et torturé par la DST à la prison d’Oran jusqu’au 3 août 1957, puis, avec de nombreux militants parmi lesquels Pierre Liddi*, il fut assigné à résidence au camp de Lodi (Algérie) jusqu’au 5 avril 1958. Un arrêté d’expulsion du territoire algérien ayant été pris contre lui le 20 mars 1958, il dut gagner la France et arriva à Marseille. Ne disposant plus de son salaire ni d’aucune protection sociale à EGA, lui et sa famille connurent des conditions de vie difficiles et furent aidés modestement par la Fédération CGT de l’Éclairage. Roger Gomila effectua différents petits boulots, entre autres livreur de bonbons, afin de subvenir aux besoins de la famille.

Pour retrouver du travail, Roger Gomila souhaitait rentrer en Algérie. Dès le 12 mai 1962, quelques semaines près la signature des accords d’Évian en mars, il fit une demande pour réintégrer son poste. Il retourna en Algérie en août et fut effectivement réintégré le 3 octobre 1962, mais au poste qu’il occupait avant sa révocation. Il ne put jamais récupérer les sept années d’ancienneté perdues. Roger Gomila poursuivit sa carrière comme chef d’équipe d’ouvriers qualifiés puis comme contremaître de chaufferie à partir de juillet 1964. Le 2 mai 1969, à la suite de plusieurs démarches de la Fédération CGT de l’Énergie, il fut affecté à la centrale EDF de Châlons-sur-Saône, toujours à un poste inférieur à celui qu’il occupait à EGA. Il y travailla jusqu’à sa mise en inactivité de service en 1977 et prit ensuite sa retraite à Toulon.

Roger Gomila avait épousé Clotilde Costa le 4 juin 1945 à Oran. Ils eurent trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149526, notice GOMILA Roger, Émile par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 17 octobre 2013, dernière modification le 17 octobre 2013.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : Arch. familiales. ― Renseignements fournis par son épouse et sa fille Monique (juin 1999).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable