PILON Abel, Gustave

Par Rolf Dupuy

Né le 29 mai 1882 à Aumale (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 7 février 1932 à Tourouvre (Orne) ; ouvrier verrier ; militant syndicaliste.

Issu d’une famille de verrier, Abel Pilon épousa le 20 juillet 1903 Pauline Lottin. Appelé sous les drapeaux en novembre 1903 il fut réformé début janvier 1904 et travailla comme verrier à Blangy-sur Bresle (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Après la mort en janvier 1907 de son épouse et de leur fille morte-née, il se remaria avec Annonciate David avec laquelle il tenait à Blangy le café « La Civette » tout en travaillant à la verrerie Darras. Militant syndicaliste lié à Charles Delzant, le principal animateur du courant anarcho-syndicaliste chez les ouvriers verriers du département du Nord et signataire de la Charte d’Amiens (1906), il fut nommé en mars 1908 président du syndicat verrier de Blangy sur Bresle qui avait été fondé en 1904. Le syndicat était membre de la section fédérale Normandie de la fédération du verre, dont le secrétaire était aussi secrétaire-trésorier fédéral, et s’appelait Louis Monnier. Pilon collabora à cette époque à La Voix des Verriers dont Delzant, était le directeur.

Un journaliste du Figaro le décrit ainsi dans un article paru le 8 septembre 1908 : « C’est un homme tout jeune au teint frais, petits yeux humides et une moustache minuscule. Est-ce pour avoir tant soufflé dans le verre qu’il est pareillement gonflé ? Il l’assure. Fils et petit fils de verrier, il est depuis deux ans à Blangy (...) ».

Le 29 juin 1908, prenant prétexte qu’il avait giflé un jeune apprenti, il était licencié par Monsieur Darras trop content de se débarrasser d’un leader syndicaliste qui avait été également en mai précédent candidat contre lui aux élections municipales. Le 30 juillet 1908, à l’issu de son mois de préavis et pour protester contre son licenciement, le personnel déclenchait une grève qui fut suivie d’un lock-out imposé par les maîtres verriers de la vallée de la Bresle laissant plus de 1 200 ouvriers sans travail. Le 13 septembre se tint à Blangy une manifestation de soutien, puis, finalement Abel Pilon, le 24 octobre, appela les ouvriers verriers à reprendre le travail. Il fut désormais interdit d’emploi dans les verreries de la vallée où il lui fut impossible de retrouver un travail.

En 1910 il partit en Belgique, probablement à la verrerie du Val Saint-Lambert, près de Liège et fut l’un des fondateurs en 1912 de la verrerie ouvrière de Fraire (Belgique). Les 26-27 mai 1912 il assista au 6e congrès de la Fédération nationale des travailleurs du verre à Seraing (Liège). Mobilisé le 20 juin 1915, il rejoignit le 39e régiment d’infanterie où il allait servir comme infirmier. Démobilisé en mars 1919, il ne rejoignit pas son épouse et ses trois enfants et partit s’installer à Paris puis à Montreuil où à partir de décembre il alla travailler dans la verrerie locale. Resté fidèle à la CGT, il fut en 1922 la cible de la CGTU pour s’être embauché à la verrerie de Bezons qui était alors en grève.

En 1923, il participa au congrès de Paris, tenu du 5 au 8 avril au 211 rue Lafayette, et fut membre de la commission de vérification des comptes. En 1928 il était Tourouvre (Orne) où il travaillait à la verrerie locale. Il y vivait avec Edmée Jacquet au lieu-dit Rianty tout près de la verrerie où ils tenaient un café-épicerie.

Suite à la fermeture de la verrerie où travaillaient une majorité des habitants du lieu, leur café- épicerie ne tarda pas à péricliter. Se voyant acculés à la faillite, tous deux, après avoir laissé une lettre expliquant leur suicide, chargeaient le poêle à charbon dont ils démontaient le tuyau et décédaient par asphyxie le 7 février 1932.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149572, notice PILON Abel, Gustave par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 19 octobre 2013, dernière modification le 17 août 2019.

Par Rolf Dupuy

SOURCES : Le courrier picard, 30 juin 2008. — La Voix des Verriers, décembre 1922 (BNF). — Le Figaro, 8 septembre 1908. — La Voix des Verriers, 1er mai 1923 — Notes de Gilles Pichavant. — Recherches et notes de Fabienne Léguillé (site http://campneuville.monsite-orange.fr).

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