MOUTY André

Par Paul Boulland, Karel Yon

Né en 1934 ; modeleur sur bois, dessinateur industriel, contrôleur de travaux puis cadre EDF ; syndicaliste Force ouvrière de Paris, secrétaire de la Fédération FO des industries de l’énergie électrique et du gaz (1972-1989), assistant confédéral au secteur formation (1989-2004) ; grand-maître adjoint du Grand orient de France (2004-2008).

André Mouty était issu d’une famille communiste. Son grand-père, chauffeur de taxi était syndiqué à la CGT et vendait l’Humanité. Son père travaillait à la RATP. Syndicaliste CGT et militant communiste, il fut déporté. Durant la guerre, André Mouty et sa sœur se réfugièrent en Corrèze où ils restèrent jusqu’en 1946. Le père d’André Mouty cessa toute activité syndicale et politique en 1956, en réaction à l’intervention soviétique en Hongrie. Plutôt sensible aux idées libertaires, André Mouty fréquenta pour sa part le milieu des objecteurs de conscience, en particulier autour de Louis Lecoin* et d’Émile Véran*. Élève de l’École Boule, il y acquit une formation de modeleur sur bois et obtint un CAP de dessinateur industriel. Face aux évolutions techniques de la profession de modeleur, il chercha à se reconvertir et se fit embaucher comme dessinateur à la Soudure autogène française (SAF). À l’approche du service militaire, refusant de porter les armes en conformité avec ses convictions antimilitaristes et libertaires, il s’engagea dans les pompiers de Paris, pour trois ans. Dans ce cadre, il rencontra des collègues qui l’orientèrent vers EDF. Il entra à EDF à Paris, en 1956, comme dessinateur, et suivit immédiatement les cours de la promotion ouvrière, entre 1956 et 1959, devenant contrôleur de travaux puis cadre.

Syndiqué à Force ouvrière dès son entrée à EDF, André Mouty suivit en 1962 une première formation syndicale et fut fortement marqué par les cours dispensés alors par Albert Gazier*. En 1963, il fut détaché syndical et représenta FO au Conseil national des comités hygiène et sécurité d’EDF-GDF et à la commission nationale des rentes et invalidité. Dès cette époque, sollicité par Roger Lerda*, il s’investit dans le domaine de la formation syndicale au niveau confédéral, en particulier sur la question des CHS. Il succédait dans cette responsabilité à André Heurtebise*. Dans le cadre du mouvement social de mai-juin 1968, André Mouty rencontra Fred Zeller*, lors d’une conférence de ce dernier à la Sorbonne, et ils nouèrent une relation d’amitié durable. Présent avec une quinzaine de militants de son syndicat lors du meeting du stade Charléty, le 27 mai 1968, il fut critiqué par son organisation ce qui toutefois n’empêcha pas son élection comme secrétaire général du syndicat. André Mouty rejoignit le Parti socialiste à la fin des années 1960, avant de le quitter à l’issue du congrès d’Epinay, en 1971.

En 1972, André Mouty fut élu secrétaire de la Fédération FO des industries de l’électricité et du gaz, en charge de l’organisation et de la formation. Rattaché au centre Paris-mixte, il occupa cette fonction jusqu’à son départ en retraite, en 1989. Il développa le secteur fédéral de la formation, autour d’une équipe de neuf formateurs nationaux, en s’appuyant sur l’expérience du service de formation professionnelle d’EDF (PROFOR) et sur les militants qui en étaient issus, comme Michel Gendrot*. Il promut également de nouvelles méthodes pédagogiques. En 1989, à la demande de Marc Blondel*, avec qui il était lié de longue date, André Mouty devint assistant confédéral au secteur formation, aux côtés de Jean Jayer. Dans le cadre de ces activités, il travailla auprès de la section de formation du Bureau international du travail, située à Turin, et fut durant huit ans membre du conseil d’administration de l’Académie syndicale européenne.
Entré en maçonnerie en 1978, André Mouty eut d’importantes responsabilités au sein du Grand Orient de France, notamment comme grand maître adjoint chargé de la réforme, entre 2004 et 2008.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149574, notice MOUTY André par Paul Boulland, Karel Yon, version mise en ligne le 19 octobre 2013, dernière modification le 19 octobre 2013.

Par Paul Boulland, Karel Yon

SOURCES : Lumière et Force, n° 160 (septembre 1975), 178 (novembre 1978), 191 (janvier 1982), 216 (novembre 1987). ― N. Éthuin et K. Yon, « La double nature de la formation syndicale à la CGT et à FO. Entre militantisme et professionnalité. », Regards sociologiques, n° 41-42, 2011. ― Entretiens de Karel Yon avec André Mouty, mars 2008.

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