BLUME David, Joseph.

Par Ivan Lewuillon

La Louvière (pr. Hainaut, arr. Soignies), 19 juin 1886 − Ixelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 16 avril 1959. Pasteur protestant puis fonctionnaire, militant socialiste, époux d’Isabelle Grégoire-Blume, père de Jean Blume.

Né à La Louvière, dans une famille appartenant à l’église protestante de Jolimont (aujourd’hui communes de Manage et La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies-Charleroi), David Blume fréquente l’école moyenne de sa ville natale, puis l’institut luthérien de Glay (département du Doubs, France), en vue de se préparer aux études théologiques. Il accomplit ses dernières à l’École de l’Oratoire, à Genève (Suisse).

De retour en Belgique en 1908, David Blume est immédiatement appelé à succéder à l’évangéliste de Douvrain-Herchies (aujourd’hui communes de Saint-Ghislain et de Jurbise, pr. Hainaut, arr. Mons), Herman Grégoire, décédé en janvier de la même année. Le 15 août 1909, il est consacré au Saint-Ministère, dans le temple de Douvrain. Blume n’y reste que quatre ans car, le 27 mai 1912, il succède au pasteur de Dour (pr. Hainaut, arr. Mons) lequel s’est démis de ses fonctions pour raisons de santé. Mais son ministère à Douvrain, quoique court, est suffisant pour qu’il y marque déjà toute une génération. En 1913, David Blume épouse Isabelle Grégoire, fille de l’ancien évangéliste de Douvrain-Herchies. Née dans un foyer où coexistent les influences bibliques et sociales, Isabelle Blume-Grégoire collabore immédiatement et étroitement à l’œuvre de son mari, dans l’église de Dour, tenant, par exemple, l’école du dimanche.

C’est surtout, à Dour, que se révèlent les qualités de David Blume. Très intelligent, dévoué à sa tâche, il déploie beaucoup d’activités en faveur des jeunes gens et des jeunes filles. L’église de Dour est la seule, en ce temps-là, à intégrer le scoutisme dans son action. Blume s’intéresse aussi beaucoup au domaine social. Il crée une société protestante de gardes-malades et est secrétaire de l’Œuvre des gardes-malades protestantes du Borinage (pr. Hainaut). En outre, il collabore au journal, Le protestant belge.

La Première Guerre mondiale voit David Blume faire preuve de dévouement, non seulement au sein de la communauté religieuse, mais aussi dans le cadre de la société civile. Il s’occupe du Comité local de secours et d’alimentation et, dès 1915, il entreprend un travail d’évangélisation à Harchies (aujourd’hui commune de Bernissart, pr. Hainaut, arr. Ath). Chez lui passe aussi une des filières dont le but est de faire gagner la Hollande aux Anglais blessés lors de la bataille de Mons et cachés dans les bois ou chez des particuliers ; filières passant par Bruxelles où Edith Cavell prend en charge les alliés. Des perquisitions ont d’ailleurs lieu au domicile du pasteur au moment où se déroule le procès d’Edith Cavell, mais il n’est pas autrement inquiété.

C’est d’une autre manière cependant que la guerre va marquer David Blume. Il y a bien sûr les difficultés matérielles de son église et des difficultés financières personnelles. Il y a surtout un changement radical en lui dans sa manière de considérer, après 1918, le protestantisme, la vie et les valeurs de l’Église. En fait, s’il croit de plus en plus au Christ, il croit de moins en moins au protestantisme, et déjà se dessine son orientation ultérieure. Ce qu’il souhaite, c’est que les protestants se jettent dans la mêlée sociale, au risque de se compromettre dans les questions politiques, pour emprunter à la démocratie quelques-unes de ses revendications. Il songe aussi à la création d’une boulangerie coopérative qui alimenterait les familles protestantes du Borinage. Mais l’apathie des uns et le traditionalisme des autres font de David Blume un désabusé. Il est, de plus, accusé de n’être pas un fidèle ministre de l’Évangile et doit supporter l’implantation, à Dour même, d’un groupe protestant hostile à ses idées. En outre, la naissance, en pleine guerre, de deux enfants n’a fait qu’accroître les réelles difficultés financières du ménage. Isabelle Blume doit se résoudre à chercher un emploi. Dès le 1er septembre 1920, elle enseigne à Uccle (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), dans une école secondaire et supérieure protestante.

Le 13 décembre 1921, David Blume abandonne sa charge à Dour. La base sociale qu’il souhaite voir à l’église protestante − base sociale axée sur la convention internationale de Washington de 1919 : journée des huit heures, salaire égal pour un travail égal, protection de la maternité, etc. −, ne rencontre aucune approbation. Ainsi l’engagement de David Blume prend-il une autre forme. Bien sûr, il continue de militer au sein du protestantisme. Mais, de plus en plus préoccupé par les questions sociales et politiques, il prend une part active dans les rangs du parti ouvrier comme dans ceux de la franc-maçonnerie − il est initié en 1913 à Mons −. À ce titre, en 1932, il préside un comité maçonnique pour l’objection de conscience. Nommé chef de bureau au service des bibliothèques publiques, puis au département de l’Éducation populaire, lequel dépend du ministère de l’Éducation nationale, il termine sa carrière en tant que directeur d’administration.

Parallèlement, David Blume garde le contact avec la jeunesse, fait des conférences dans les églises et sert ses idées par la plume. En 1926, il publie Christianisme et socialisme, ouvrage dans lequel il estime toujours possible un accord entre ces deux formes d’un idéal de vie. La Seconde Guerre mondiale est, pour lui comme pour beaucoup, une nouvelle période d’angoisse. Mobilisé sur place en tant que fonctionnaire, il est séparé des siens. Sa femme, Isabelle, est passée en Angleterre, son fils, Jean, est déporté au camp de concentration de Buchenwald (Thuringe, Allemagne), sa fille Edith et son gendre, d’origine juive, doivent se soustraire à la Gestapo, et son fils cadet, Alain, est pilote dans la Royal Air Force. Quant à lui, suspecté en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie, il est de nouveau inquiété.

À la fin de la guerre, David Blume retrouve sa famille au complet. Décédé en avril 1959 à Ixelles, il repose au cimetière de Fayt-lez-Manage (pr. Hainaut, arr. Charleroi).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149604, notice BLUME David, Joseph. par Ivan Lewuillon, version mise en ligne le 21 octobre 2013, dernière modification le 26 décembre 2019.

Par Ivan Lewuillon

SOURCES : Isabelle Blume, entretiens recueillis et présentés par José Gotovitch, Bruxelles, 1976, chap. I, passim. − BRAECKMAN E.M., « Histoire de l’Église protestante de Dour », Société d’histoire du protestantisme belge, Études historiques, n° 5, 1976, p. 239-265.

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