MELIS Jean, Baptiste, Albert, Léonard, dit MITCHELL (nom de sa mère), JEHAN (LABARRE ?)

Par Philippe Bourrinet

Né le 12 novembre 1892 à Molenbeek Saint-Jean (Sint-Jans-Molenbeek), région de Bruxelles, mort à Bergen Belsen le 28 avril 1945 ; chef comptable à Bruxelles d’une grande banque britannique, membre du PCB, l’un des fondateurs de la Ligue des communistes internationalistes ; puis l’un des animateurs de la Fraction communiste belge (« bordiguiste ») de 1937 à la guerre ; arrêté en 1942 pour activités politiques, interné au fort belge de Breendonk (un centre de torture nazi), déporté en Allemagne (Buchenwald, Dora, Bergen Belsen).

Son père était teinturier-dégraisseur, sa mère s’appelait Isabelle Mitchell. Il était chef du département de la comptabilité (Current Account Department) à la Westminster Bank de Bruxelles, où il travailla d’octobre 1919 jusqu’à son arrestation en septembre 1942.
En 1932, contribua avec Adhémar Hennaut (1899-1977) à la constitution de la Ligue des communistes internationalistes (LCI) de Belgique, qui avait fait sécession de l’Opposition trotskyste., dirigée par Léon Lesoil*. Selon Hennaut, sa situation financière lui permettait de soutenir fortement le groupement.
En désaccord avec les conceptions proches du « communisme des conseils » de la LCI, il anima une fraction qui défendait les positions de la Fraction italienne dirigée à Bruxelles par Ottonino Perrone (Vercesi*) et Vigilio Verdaro (Gatto Mammone*)..

Lors de la guerre d’Espagne, la scission était consommée. Il est l’un des principaux artisans de la création de la Fraction belge de la Gauche communiste internationale (FBGCI) ’, qui publie au printemps 1937 la revue mensuelle Communisme. Il fut élu membre du Bureau international des fractions de la Gauche communiste « bordiguiste ». Il se retrouva cependant en désaccord avec Vercesi (Perrone), mais aussi Jacobs (Jacob Feingold), sur la question de l’économie de guerre.

Ses contributions dans Bilan – mais aussi dans la revue Communisme – ont été nombreuses et portent aussi bien sur la crise mondiale que sur la période de transition du capitalisme au communisme. Le pseudonyme littéraire de Jéhan semble très sûrement avoir le sien, car proche de son prénom Jean. Il écrivit abondamment dans la revue Communisme, soit anonymement soit sous le pseudonyme de La Barre, des articles sur les problèmes du « capitalisme agonisant ».

Il fut arrêté le 10 septembre 1942 à la place de son fils Robert (né le 28 oct. 1920), soupçonné de contracter un « mariage blanc » et d’échapper ainsi au STO, qui demeurait en fait depuis mai 1940 en France avec sa mère Denise Deschamps, sa compagne française qui avait été rapatriée.

Dans un témoignage écrit du 30 janvier 1950, Hennaut expliquait « qu’en 1940-1941, (il avait) pu constater personnellement que (Melis) s’occupait toujours activement de (son) groupe », et que lors d’une perquisition en septembre 1942 « il n’y a pas de doute que (sa) documentation et (sa) bibliothèque très fournie sur les doctrines économiques ont montré à suffisance aux Allemands à qui ils avaient à faire ».
Jean Melis se réfugia en France avec sa compagne française Denise Deschamps (1892- ?), en septembre 1939. Durant un voyage à Bruxelles, il est arrêté le 10 septembre 1942 par la Gestapo, à son domicile de Schaerbeek (Bruxelles) à la place de son fils unique Robert (28.10.1920- ?), « pour ses opinions politiques ». Emprisonné à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles) jusqu’au 16 mars 1943, il est enfermé au fort de Breendonk (au sud d’Anvers), transformé en centre de torture et d’exécution par les nazis, jusqu’au 6 mai 1944, puis il est expédié à Buchenwald, du 8 au 23 mai, puis à Dora, du 23 mai 1944 au 15 avril 1945 et enfin à Bergen-Belsen, où il meurt le 28 avril 1945, très probablement du typhus. Il fut enterré anonymement dans une fosse commune.
Son fils Robert, typographe, qui était aussi membre de la Fraction belge, fut arrêté par la Gestapo à Bruxelles le 30 avril 1944 et déporté à Buchenwald le 8 mai 1944, sous le matricule 60329, pour être envoyé quelques semaines plus tard à Dora. Il semble avoir survécu à la guerre.
Après 1946, sa compagne française Denise Deschamps, qui devait se marier avec son « compagnon de vie » en 1940, dut se battre jusqu’au début des années 50 pour se voir reconnaître des droits à une pension de veuve de guerre.
Jean Melis se réfugia en France avec sa compagne française Denise Deschamps (1892- ?), en septembre 1939. Durant un voyage à Bruxelles, il est arrêté le 10 septembre 1942 par la Gestapo, à son domicile de Schaerbeek (Bruxelles) à la place de son fils unique Robert (28.10.1920- ?), « pour ses opinions politiques ». Emprisonné à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles) jusqu’au 16 mars 1943, il est enfermé au fort de Breendonk (au sud d’Anvers), transformé en centre de torture et d’exécution par les nazis, jusqu’au 6 mai 1944, puis il est expédié à Buchenwald, du 8 au 23 mai, puis à Dora, du 23 mai 1944 au 15 avril 1945 et enfin à Bergen-Belsen, où il meurt le 28 avril 1945, très probablement du typhus. Il fut enterré anonymement dans une fosse commune.
Son fils Robert, typographe, qui était aussi membre de la Fraction belge, fut arrêté par la Gestapo à Bruxelles le 30 avril 1944 et déporté à Buchenwald le 8 mai 1944, sous le matricule 60329, pour être envoyé quelques semaines plus tard à Dora. Il semble avoir survécu à la guerre.
Après 1946, sa compagne française Denise Deschamps, qui devait se marier avec son « compagnon de vie » en 1940, dut se battre jusqu’au début des années 50 pour se voir reconnaître des droits à une pension de veuve de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149614, notice MELIS Jean, Baptiste, Albert, Léonard, dit MITCHELL (nom de sa mère), JEHAN (LABARRE ?) par Philippe Bourrinet, version mise en ligne le 21 octobre 2013, dernière modification le 24 juin 2022.

Par Philippe Bourrinet

ŒUVRE : « Où va l’impérialisme français », p. 195-203, Bilan n° 6, avril 1934 ; « Crises et cycles dans l’économie du capitalisme agonisant », Bilan nos 10 et 11, août et septembre 1934 ; « Problèmes de la monnaie », Bilan nos 18 à 20, avril-mai à juin-juillet 1935 ; « Problèmes de la période de transition », Bilan nos 28, 31, 34 et 35, 37 et 38, février-mars 1936 à janvier 1937. – Jéhan (Jean Melis), « Le problème de la guerre. Contribution à une discussion », in Cahiers d’étude de la Ligue des communistes internationalistes, n° 2, janv. 1936.

SOURCES : Témoignage d’Adhémar Hennaut devant le commissaire de l’Etat belge (30 janvier 1950) (dossier de pension de guerre de la veuve Mélis). – Anne Morelli, ULB, Bruxelles. – Plaques commémoratives/gedenkplaten 1914-1918 et 1940-1945, fort de Breendonk : http://www.bel-memorial.org/names_on_memorials/

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable