DESREUMAUX Paul, Albert, Émile

Par Daniel Grason, Thomas Pouty

Né le 19 octobre 1921 à Houplines (Nord), fusillé le 18 avril 1942 au camp de Souge, Martignas-sur-Jalle (Gironde) suite à une condamnation à mort ; mécanicien outilleur, garçon de courses ; résistant membre du Service de renseignements du 2e Bureau.

Fils de Joseph et d’Anne, née Quéméner, Paul Desreumaux demeurait à Armentières (Nord), et était catholique pratiquant. Profondément choqués par l’effondrement de l’armée française lui et six autres amis décidèrent de faire quelque chose, certains songèrent à récupérer des armes abandonnées sur le champ de bataille de Steenweck.
Finalement, sans en parler à leur famille, Ernest Lombart, Roger Barbry, Germain Lepoivre, Henri Leclercq, Paul Desreumaux, Auguste Rio et Louis Catiau enfourchèrent leur bicyclette en direction de l’Espagne. Ils parcoururent six cent cinquante kilomètres, arrivèrent à Montmorillon dans la Vienne, se présentèrent au bureau de recrutement de l’armée. Seuls Auguste Rio et Louis Catiau furent acceptés et rejoignirent l’armée d’Afrique. Un officier des renseignements militaires recruta les cinq autres amis.
Paul Desreumaux et Ernest Lombart effectuèrent de la recherche de renseignements dans le sud de la France, le premier pour le 2e Bureau, le second pour le réseau Kléber. Paul Desreumaux vivait à Périgueux au 35 rue de Limogeanne (Dordogne). Lors d’une tentative de franchissement de la ligne de démarcation au début de l’année 1942, il fut arrêté par la police allemande.
Incarcéré au fort du Hâ à Bordeaux, il retrouva Ernest Lombart et Roger Barbry. Souffrant de l’appendicite, il dut être opéré le 21 mars 1942, et sortit de l’hôpital pour être le 13 avril jugé par le tribunal de la Feldkommandantur 529 de Bordeaux, et condamné à mort pour « espionnage ». Il adressa une dernière lettre à ses parents où il disait entre autres : « C’est peut-être malheureux de mourir à vingt ans, mais je mourrai sans crainte, en bon Français que je suis et en bon chrétien, et Là-Haut je prierai pour vous. » Le 18 avril il fut passé par les armes au camp de Souge. Son inhumation eut lieu au cimetière tout proche de Saint-Jean-d’Illac.
À titre posthume, Paul Desreumaux fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, et reçut la Médaille de la Résistance. Son nom figure sur le monument aux morts d’Houplines ; à Armentières la rue de Flandres devint la rue des Fusillés, une plaque fut apposée en mémoire des cinq fusillés : Paul Desreumaux, Roger Barbry, Germain Lepoivre, Henri Leclercq et Ernest Lombart.

Sa dernière lettre

Bien chers Parents, J’ai une grande peine à vous annoncer, mais ne vous en faites surtout pas car c’est pour notre patrie "La France". Quand vous recevrez cette lettre j’aurai cessé d’exister. Je suis fusillé aujourd’hui, mais j’ai toujours espoir en Là-Haut. Je vous demanderai de dire des prières pour moi et de faire dire des messes pour moi. Je suis aidé par Monsieur l’abbé Mabille, qui est l’aumônier de la prison. C’est peut-être malheureux de mourir à vingt ans, mais je mourrai sans crainte, en bon Français que je suis et en bon chrétien, et Là-Haut je prierai pour vous. Je viens de me confesser et de communier ce matin et avec beaucoup de courage ; j’en aurai jusqu’au bout. Enfin c’est le destin et l’on ne peut rien y changer. Toutes mes affaires vont vous être retournées, gardez-les précieusement et pieusement en souvenir de moi. Pensez souvent à moi, priez pour moi. J’aurais bien voulu vous voir avant, mais malheureusement cela m’est impossible. J’ai eu espoir jusqu’au bout, mais je n’ai même pas pu voir mon grand camarade Ernest Lombart. Adieu à tous les amis et à toute la famille. Pensez à moi très souvent et priez pour moi. Quand la guerre sera finie, vous aurez une très grande pension pour moi qui servira à élever mon petit frère. Adieu chers parents, je vous reverrai Là-Haut plus tard, où nous nous rencontrerons plus tard. Je vous demanderai de toujours considérer ma fiancée comme votre fille, car elle m’aimait beaucoup et vous aimait beaucoup sans vous connaître. Écrivez souvent à ma fiancée, d’ailleurs je vais l’avertir et lui demander qu’elle vous écrive aussi. Laissez-lui quelques-unes de mes affaires en souvenir, car je l’ai beaucoup aimée. N’ayez pas de peine pour moi. Vous aurez l’honneur d’avoir un fils qui est mort en défendant sa patrie, en faisant le sacrifice de sa vie pour elle. Adieu, chers Parents, adieu, Guette ! Je penserai à vous et à elle jusqu’au bout. Adieu, Gilette ! adieu, Muguette ! adieu, cher petit Claude ! adieu, les amis et amies ! Votre fils qui, jusqu’au bout, pensera à vous et mourra en bon Français et en bon chrétien et qui priera pour vous. Votre fils : Paul Desreumaux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149615, notice DESREUMAUX Paul, Albert, Émile par Daniel Grason, Thomas Pouty, version mise en ligne le 21 octobre 2013, dernière modification le 14 octobre 2022.

Par Daniel Grason, Thomas Pouty

SOURCES : DAVCC, Caen B VIII dossier 3. – Livre d’or du Mémorial de Ramatuelle 1939-1945, édité par l’Amicale des anciens des Services spéciaux de la Défense nationale (AASSDN), Paris, 2005. – Mémorial GenWeb.— Dernière lettre document retrouvé dans des archives familiales et remis à l’Association de Souges par M. Richard Martinez, copie de la transcription figurant sur le site de l’AASSDN.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable