ROGGE Pierre

Par Paul Boulland

Né le 30 juin 1941 à Phalempin (Nord) ; ouvrier puis technicien EDF ; militant de la JOC ; syndicaliste CFTC puis CFDT à Porcheville (Seine-et-Oise, Yvelines), aux Ansereuilles (Nord) puis au Havre (Seine-Maritime), secrétaire de la Fédération CFDT Gaz-Électricité (1978-1993) puis chargé de mission auprès de la fédération (1986-1997) ; militant ACO.

La famille de Pierre Rogge était originaire du Nord, dans la région lilloise. Son grand-père paternel, mort en 1916, était fondé de pouvoir de la filature Wallaert à Lille (Nord). Sa veuve devint couturière à domicile. Son grand-père maternel, acheteur dans l’industrie lainière, mourut en 1899. Sa veuve ouvrit un commerce d’alimentation et se remaria avec un facteur. Le père de Pierre Rogge devint mécanicien. En 1933, il ouvrit un garage automobile à Phalempin, petit village au sud-ouest de Lille. Mobilisé en 1939, il ferma son garage à son retour en 1940, afin de ne pas travailler pour les Allemands. Il devint ouvrier métallurgiste à Seclin (Nord) et participa à la Résistance dans un réseau du War office britannique. À la fin de la guerre, il entra dans la police grâce à un ami d’enfance. Il y travailla jusqu’en 1965, comme photographe à la division lilloise de la DST. Il continua ensuite à travailler quelques temps dans un laboratoire photo. Il resta toujours attaché à la figure du général de Gaulle, tout en étant plutôt proche du MRP. La mère de Pierre Rogge fut institutrice dans une école paroissiale jusqu’à son mariage et cessa ensuite de travailler. Fin 1945, la famille Rogge vint s’établir à Lille. Quatrième des cinq enfants du couple, dont l’un mourut en bas âge en avril 1940, Pierre Rogge grandit dans un quartier ouvrier et populaire, à proximité de l’usine Paindavoine. L’atmosphère familiale était marquée par la foi catholique – le frère aîné de Pierre Rogge devint prêtre — mais aussi par l’engagement dans le patronage et le comité d’entraide du quartier, sinistré après les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Pierre Rogge participa lui-même aux activités du patronage, anima des groupes musicaux avec sa famille et fut moniteur de colonies de vacances.

Après sa scolarité primaire à l’école paroissiale, Pierre Rogge obtint le certificat d’études primaires et intégra l’École professionnelle des industries lilloises. Il y obtint un CAP de tourneur sur métaux. Encouragé par son père et par l’exemple de l’un de ses frères aînés, entré à EDF, Pierre Rogge intégra le centre régional d’instruction électrique de Lomme (Nord). Dès 1958, il participa aux activités de la JOC, notamment pour la mise en place d’une équipe d’apprentis dans son secteur paroissial. Après la fermeture du centre de Lomme, Pierre Rogge fut élève de l’école nationale des métiers de Gurcy-le-Châtel (Seine-et-Marne), à partir d’octobre 1959, où il acquit une formation de thermicien.

Pierre Rogge fut embauché le 9 octobre 1960 à la centrale thermique de Porcheville (Yvelines), où son frère travaillait depuis 1954, et fut affecté au service technique, section appareillage. En novembre 1961, il partit effectuer son service militaire dans l’armée de l’Air, sur les bases de Saint-Dizier (Haute-Marne) puis de Contrexéville (Vosges). Secrétaire de compagnie, il fut chargé d’accompagner la démobilisation des appelés de retour d’Algérie. Durant son service militaire, il mit sur pied un groupe de chant qui participa au congrès de la JOC. De retour à Porcheville en avril 1963, il commença à préparer la promotion ouvrière, mais fut rapidement capté par l’activité syndicale. Son ami d’enfance et futur beau-frère, Pierre Avez, horloger EDF et secrétaire du syndicat CFTC de Rouen (Seine-Maritime), le convia à une formation syndicale et il adhéra à la CFTC en 1963. Il accompagna la déconfessionnalisation de la CFTC et la création de la CFDT en 1964. En novembre de la même année, Pierre Rogge fut muté à la centrale des Ansereuilles (Nord) comme ouvrier de contrôle technique. Il y eut ses premières responsabilités, comme collecteur et membre du conseil syndical à partir de 1965.

Sa promotion se heurtant à l’hostilité de la direction de la centrale en raison de son action lors des grèves, Pierre Rogge demanda sa mutation comme technicien à la centrale du Havre (Seine-Maritime), où il fut affecté en avril 1968. Il prit part au mouvement de mai-juin 1968 et devint responsable de la section syndicale CFDT à la centrale du Havre. Il siégea au comité mixte à la production à partir de 1969 et en commission secondaire entre 1970 et 1978. Parallèlement, Pierre Rogge fut désigné pour représenter le Groupement régional de la production thermique (GRPT) Normandie au sein de la branche verticale de la production thermique de la Fédération Gaz-Électricité. Au début des années 1970, il fut très actif dans les mobilisations de ce secteur, en particulier en faveur de la reconnaissance des agents d’exploitations et sur la problématique des services continus. À la faveur de ces mobilisations, le syndicat CFDT renforça fortement ses positions à la centrale du Havre. Pierre Rogge devint responsable du comité national de liaison de la production thermique en 1974. Lors du XXIVe congrès de la Fédération Gaz-Électricité (Guidel, novembre 1975), il fut élu au comité fédéral (catégorie B, élue par le congrès), comme représentant de l’Union régionale Normandie, qui exprimait alors certaines divergences avec la direction fédérale, notamment depuis la signature de la convention salariale de 1969. Au congrès suivant (Lille, mai 1978), il fut élu au secrétariat fédéral et prit en charge le secteur de la formation syndicale. Il vint alors s’établir en Seine-et-Marne, avec sa famille.

Pierre Rogge siégea au secrétariat de la Fédération CFDT Gaz-Électricité jusqu’au XXVIIIe congrès fédéral (Bourg-en-Bresse, mai 1986). Outre la formation syndicale, il eut la responsabilité de la politique salariale. Dès 1981, dans le cadre de son activité au secteur formation, il participa à la création des syndicats CFDT de la Réunion, puis fut chargé de ce secteur à partir de 1984, contribuant à la création des syndicats de Saint-Pierre-et-Miquelon (voir Roland Arantzabe) et de Martinique, dans les industries électrique et gazière mais aussi au-delà. Après le XXVIIIe congrès, il resta auprès de la direction fédérale en tant que chargé de mission, entre autre pour suivre l’activité du Groupement fédéral des retraités (GFR). Il fut également chargé de coordonner l’action des représentants CFDT au sein des plans d’épargne entreprise créés en 1987. Après sa mise en inactivité en 1996, Pierre Rogge conserva ses responsabilités à la fédération, jusqu’au Ier congrès de la Fédération Chimie-Énergie (Lyon, mai 1997). Il représenta également la Fédération CFDT au Conseil supérieur du gaz et de l’électricité, entre 1988 et 1993, et siégea au sein de la sous-commission « prestations-pensions » de la Commission supérieure nationale du personnel d’EDF-GDF (CSNP).

Pierre Rogge continua de militer activement au sein du syndicalisme retraité et fut notamment secrétaire de l’Union territoriale des retraités CFDT (UTR-CFDT) de Seine-et-Marne, entre 2000 et 2006.

Parallèlement à ses engagements syndicaux, il milita à l’Action catholique ouvrière (ACO) au Havre puis en Seine-et-Marne. À Melun (Seine-et-Marne), il participa également aux activités de l’association d’insertion « Adultes-jeunes changeons la vie » (AJCV). Il fut membre du Conseil national des retraités et personnes âgés et siégea au conseil d’administration du Centre local d’information et de coordination (CLIC) en Seine-et-Marne.

En 1964, Pierre Rogge épousa Thérèse Avez, qu’il avait connue dans son quartier à Lille. Salariée du Crédit Lyonnais, elle cessa ensuite de travailler pour s’occuper de leurs trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149624, notice ROGGE Pierre par Paul Boulland, version mise en ligne le 22 octobre 2013, dernière modification le 22 octobre 2013.

Par Paul Boulland

SOURCES : Arch. de la FGE-CFDT (Congrès fédéraux, boîtes 1 J 9-31 ; 13 J 1-3 ; 14 FCE 1-5). — Renseignements fournis par l’intéressé (octobre 2010). — Entretien avec Pierre Rogge, mars 2011.

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