CHUPIN Alain

Par Paul Boulland

Né le 20 mai 1947 à Saint-Viaud (Loire-Atlantique) ; monteur électricien puis cadre EDF, directeur d’EDF-Demasz en Hongrie ; syndicaliste CFDT de Vendée puis de région parisienne, secrétaire (1978-1983), secrétaire général adjoint (1980-1983) puis secrétaire général (1983-1989) de la Fédération CFDT Gaz-Électricité, membre du bureau national (1983-1992) et secrétaire national de la CFDT (1988-1992).

Les parents d’Alain Chupin étaient tous deux issus de familles de petits agriculteurs de La Profissais, hameau de la commune de Saint-Viaud, située à une quarantaine de kilomètres à l’Ouest de Nantes (Loire-Atlantique). Issu d’une famille de seize enfants, son père avait du quitter la ferme familiale pour travailler comme manœuvre puis comme maçon. Plus tard, il accéda à un poste de cadre dans le BTP et fut syndiqué à la CFDT. Alain Chupin était le second d’une fratrie de trois garçons. L’atmosphère familiale était fortement marquée par la proximité avec le monde rural et par la foi catholique. Seul l’un de ses oncles paternels, marin et ancien résistant, se distinguait par son engagement au sein du Parti communiste. L’un des premiers souvenirs politiques d’Alain Chupin était celui de la rupture douloureuse de cet oncle avec le PCF, après l’invasion de la Hongrie en 1956.

Alain Chupin fut élève de l’école primaire catholique de Saint-Viaud, construite par les habitants de la commune, dont son père. Il participa également aux activités du patronage. Il intégra ensuite l’École technique Saint Jean-Baptiste de la Salle à Nantes où il obtint en 1964 son CAP d’électricien. En septembre 1965, il intégra l’école nationale des métiers EDF de Scourdois (Saint-Gervazy, Puy-de-Dôme) dont il sortit major de promotion. Au cours de sa formation, il eut ses premières expériences professionnelles en travaillant comme électricien chez Forclum lors des vacances scolaires. Dès cette époque, Alain Chupin s’intéressa aux questions politiques et syndicales par l’intermédiaire de son frère aîné, étudiant à Nantes et engagé dans l’action militante, et il portait déjà un regard favorable sur la création de la CFDT.

Alain Chupin fut embauché à EDF le 1er septembre 1966, en qualité de monteur-électricien au district de Montaigu (Vendée). La veille de son embauche, il se rendit auprès de Jean Remaud, secrétaire du syndicat de La-Roche-sur-Yon, pour donner son adhésion à la CFDT. Le syndicat manquant de militants, il intégra le conseil du syndicat de La-Roche-sur-Yon dès le mois d’octobre 1966. Il participa également aux activités de l’Union locale CFDT, en particulier pour aider à la syndicalisation des ouvriers du secteur de la chaussure. Après sa titularisation, Alain Chupin partit en mars 1967 pour effectuer son service militaire dans l’armée de l’Air, à Tours (Indre-et-Loire), où il refusa d’entrer au peloton de sous-officiers. Après sa démobilisation, il fut affecté à sa demande au centre de Saint-Mandé (Val-de-Marne), à l’automne 1969. Au cours de ses premières années de travail, Alain Chupin suivit des cours de mathématiques par le biais du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) ainsi que les cours de la promotion ouvrière. Il obtint ainsi le brevet professionnel, puis, à Saint-Mandé, suivit des cours d’électronique.

Au centre de Saint-Mandé, Alain Chupin travailla au laboratoire. Dans un premier temps, il resta en retrait de l’activité du syndicat pour se consacrer à l’Union locale de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) où il résidait. Il aida ainsi à la création de sections syndicales CFDT dans les hôpitaux, l’industrie chimique ou l’audiovisuel, dans un contexte local marqué par le poids dominant de la CGT. Au gré de cet engagement, il se lia d’amitié avec André Jondeau, avec qui il fonda l’association « Circuits courts » qui s’efforçait de rapprocher producteurs et consommateurs et ainsi de trouver de nouveaux espaces d’intervention militante. Dans ces activités, il retrouva également Alain Perrouas, lui aussi militant CFDT du centre de Saint-Mandé, qui l’encouragea à se joindre au renouvellement générationnel en cours au sein du syndicat, sous l’impulsion de Roger Bruneau. Alain Chupin devint membre du secrétariat du syndicat de la région parisienne à partir de 1972 et secrétaire général adjoint du syndicat de Saint-Mandé, comme permanent, en 1974.

À l’issue du XXIVe congrès de la Fédération CFDT Gaz-Électricité (Guidel, novembre 1975), Alain Chupin intégra le comité directeur fédéral (catégorie A, désignée par les régions), en tant que représentant titulaire de l’Union des syndicats de la région parisienne. Il intégra ensuite le bureau fédéral, comme responsable de la commission financière. Au cours de cette période, il fut également chargé d’accompagner l’activité de la fédération en Alsace et de suivre les questions liées au renouvellement des responsables syndicaux, sous l’impulsion du secrétaire général Gérard Tiersen et du président fédéral Maurice Bauchet. Au congrès suivant (Lille, mai 1978), Alain Chupin fut élu secrétaire fédéral, avec la responsabilité du secteur de l’action revendicative. Il siégea dès lors à la Commission supérieure nationale du personnel d’EDF-GDF (CSNP). Secrétaire général adjoint de Gérard Tiersen à partir du XXVIe congrès fédéral (Guidel, novembre 1980), il lui succéda au poste de secrétaire général lors du congrès suivant (Carcans-Maubuission, mai 1983). Au cours de ces années, Alain Chupin contribua également aux activités internationales de la fédération, en particulier à la solidarité avec les syndicats de la FENESTRAS au Salvador et Solidarnosc en Pologne. Attaché à la notion d’autogestion, Alain Chupin appuya son action à la tête de la FGE sur l’affirmation de pratiques démocratiques. Ainsi, lors des grèves de l’hiver 1986-1987, il soumit au vote des adhérents la proposition d’accord sur l’intéressement et de reprise du travail. Selon son témoignage, cette pratique lui valut alors certaines critiques de la part du secrétaire général de la confédération, Édmond Maire.

Alain Chupin intégra le bureau national de la confédération CFDT en 1983, en tant que secrétaire général de la FGE. Dans les débats sur la succession d’Édmond Maire, il fit partie du « groupe des douze » qui s’opposait à la candidature de Nicole Notat. Évoqué lui-même comme un possible candidat au poste de secrétaire général de la CFDT, à son corps défendant, Alain Chupin soutint l’élection de Jean Kaspar*. À l’occasion du XLIe Congrès de la CFDT (Strasbourg, novembre 1988), à rebours des pratiques en vigueur, il présenta sa candidature à la commission exécutive confédérale en dehors de la liste proposée par le bureau national. Il fut élu et devint secrétaire national de la CFDT aux côtés du nouveau secrétaire général Jean Kaspar. Bruno Léchevin lui succéda alors au poste de secrétaire général de la Fédération Gaz-Électricité. Alain Chupin fut plus particulièrement chargé des secteurs de la communication, de la politique économique et de la coopération internationale, dans le cadre de l’institut Belleville. Il fut reconduit par le congrès confédéral de Paris (avril 1992), comme secrétaire national chargé des questions économiques européennes. Dans un contexte de tensions internes croissantes, il maintint son engagement aux côtés de Jean Kaspar. Toutefois, le 19 octobre 1992, alors qu’il avait assuré Alain Chupin et Bruno Léchevin* de son intention de conserver ses responsabilités, Jean Kaspar démissionna de son poste de secrétaire général au profit de Nicole Notat. Alain Chupin quitta aussitôt la commission exécutive confédérale, puis après quelques jours d’hésitation, il démissionna également du bureau national. Il resta toutefois adhérent de la CFDT.

Alain Chupin choisit de réintégrer EDF, en insistant pour être affecté dans un poste technique. Il fut muté au secteur de la distribution internationale où il remplit diverses missions, dans le cadre de la mise en place des systèmes d’information, de la certification qualité, etc. En 1998, il devint directeur logistique d’EDF-Demasz, filiale d’EDF en Hongrie, puis en fut nommé directeur général adjoint en 1999, jusqu’à son départ en retraite en 2003.

Revenu s’établir en Loire-Atlantique, Alain Chupin s’investit dans le monde associatif, au sein d’une entreprise d’insertion puis comme vice-président d’une association de foyers de jeunes travailleurs. Il est également trésorier d’une association locale de pêcheries. Homme de gauche, engagé de fait sur le terrain politique, notamment à l’échelon local, Alain Chupin n’avait toutefois jamais appartenu à aucune organisation politique tout au long de son parcours syndical. Depuis, il a rejoint le Parti socialiste, en 2007.

Son épouse, Annie Chupin, employée des PTT, fut également syndicaliste CFDT. Ils eurent deux filles, toutes deux engagées à la CFDT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149629, notice CHUPIN Alain par Paul Boulland, version mise en ligne le 22 octobre 2013, dernière modification le 22 octobre 2013.

Par Paul Boulland

SOURCES : Arch. de la FGE-CFDT (Congrès fédéraux, boîtes 1 J 9-31 ; 13 J 1-3). — Presse nationale. — Entretien avec Alain Chupin, janvier 2011.

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