CITERNE Georges, Marie [dit Morand]

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 6 mars 1906 à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines), fusillé le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; artiste dramatique ; résistant des FTPF à Paris.

Le père de Georges Citerne, capitaine au 21e Régiment d’infanterie coloniale lors de la naissance de Georges, mourut au Front durant la Première Guerre mondiale en 1917. Gabriel Citerne fut adopté par la Nation en vertu d’un jugement rendu par le tribunal civil de la Seine le 2 février 1921. Artiste dramatique sous le pseudonyme de Georges Éric, il adhéra au Parti communiste à la fin de 1936 et milita dans une cellule du XVe arrondissement de Paris. Il fut aussi membre de l’association des Amis de l’Union soviétique et du comité Paix et Liberté. Il se maria le 28 novembre 1939 à Paris (XVe arr.) avec Suzanne Lavergne.
Il assuma dès août 1940 des responsabilités dans le XVe arrondissement dans la diffusion de la propagande jusqu’en avril 1942, date à laquelle il entra aux FTP. Il avait pour responsable Roland (Fongarnand), responsable militaire régional de Paris Est. Il devint chef de détachement puis responsable militaire de la région 1 où il remplaçait Le Dréan (Jourdan) qui passait à la région 5. Il dirigea le secteur V de l’interrégion parisienne, sous le pseudonyme de Morand. Il avait le matricule 1505 et était appointé deux mille francs par mois. Son domicile clandestin se situait rue François-Mouthon (XVe arr.), mais il logeait très souvent chez sa tante qui demeurait 1 rue Ducastel à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines).
Il prit part à l’attaque d’un autocar transportant des Allemands à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) en septembre 1942 ; à l’incendie d’un camion des autorités d’occupation dans un garage rue de Flandre à Paris (XIXe arr.) en novembre ; à l’attaque d’autobus allemands en janvier 1943 et à une action de destruction contre un train à Plaisir (Seine-et-Oise, Yvelines).
Le 12 juillet 1943, il était dans le groupe qui mena une action contre le café Hôtel de La Terrasse 74 avenue de la Grande-Armée à Paris (XVIIe arr.). Un FTP lança une grenade dans la salle où une trentaine de soldats allemands prenaient leur petit déjeuner, puis il prit la fuite en tirant six coups de revolver. Trois soldats furent blessés, dont deux gravement ainsi qu’un interprète et deux serveuses plus légèrement touchés.
Le 8 septembre, vers le 4 rue Saint-Laurent à Paris (Xe arr.) vers 18 h 50, un cycliste lança une grenade Mills dans la brasserie Andrès réquisitionnée par les Allemands. Il y eut une quinzaine de blessés, plus trois femmes et un homme de nationalité italienne. Il organisa plusieurs attentats contre des voies ferrées en août dans le secteur de Combs-la-Ville et en septembre à Igny, Boutigny et Villepreux.
Vers le 15 septembre, le militaire interrégional Gilles (Epstein) lui donna l’ordre d’exécuter le docteur Paul Guérin, responsable du PPF et rédacteur médical au journal Je suis partout. Le 27 septembre vers 9 heures, l’attentat fut réalisé par Louis Furmanek et Maurice Charpentier, rue de Courty à Paris (VIIe arr.). Guérin fut grièvement blessé mais les deux auteurs de l’attentat aussi et ils furent arrêtés.
Georges Citerne devait rencontrer Gaston Charle et René Guillaume en gare d’Esbly (Seine-et-Marne) le 18 octobre 1943. Des inspecteurs des Renseignements généraux les attendaient, et tous trois furent interpellés. Citerne portait sur lui la liste des effectifs de son secteur, des bons d’achats de vêtements en blanc et des tickets de rationnement portant le cachet de la mairie de Marolles-en-Hurepoix. Une perquisition eut lieu au 1 rue Ducastel à Saint-Germain-en-Laye ; de la documentation fut saisie dont des « Listes noires des espions, traîtres, renégats, suspects et agents de la Gestapo exclus du Parti communiste français et des organisations ouvrières » ainsi qu’une machine à écrire et une fausse carte d’identité au nom de Georges Guillerin.
Lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales, il reconnut sa participation à plusieurs actions et son rôle d’organisateur. Voulant probablement minimiser son engagement, il déclara qu’il avait volontairement quitté les FTP en mai 1942 « refusant l’action directe ». Incarcéré à la prison de Fresnes, il fut remis aux autorités allemandes le 1er novembre 1943 ainsi que tous les résistants impliqués dans l’attentat contre le docteur Paul Guérin.
Le 24 février 1944, Georges Citerne comparut devant le tribunal du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « actes de franc-tireur », il fut passé par les armes le 7 mars 1944 au Mont-Valérien.
Son inhumation eut lieu au cimetière des corps restitués au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Depuis le 8 juin 1946, l’ancienne rue Nouvelle-du-Théâtre dans le XVe porte son nom. Georges Citerne fut reconnu comme commandant de secteur FTP à titre posthume.
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème

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Dernière lettre
 
[Extrait d’une lettre à sa femme telle qu’elle est publiée en 1946]
Et pourtant, je te fais cette chose affreuse de te quitter. C’est qu’il n’y a pas que nous et notre amour au monde ; il y a toute une vie qui peut faire heureux ou malheureux nous et les autres, et c’est pour ce bonheur-la, plus grand que Le nôtre, mais le contenant, que je suis parti.
... Après toi, je n’ai cru qu’à une chose, et c’est pour elle que je meurs
..J’étais capable d’être un homme, avec un idéal et un sens du devoir. C’est dur, tu sais, mais je tiendrai le coup, tu pourras être fière de moi...

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149944, notice CITERNE Georges, Marie [dit Morand] par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 1er novembre 2013, dernière modification le 29 décembre 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BS2/35, BA 1748, BA 1752, BA 2117, PCF carton 8 activité communiste pendant l’Occupation, PCF carton 15 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. — Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, 1946.

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