RISPOLI Émile

Par Gilles Pichavant

Né le 5 mars 1919 à Mostaganem (Algérie), mort le 3 mars 2009 à Vic-la Gardiole (Hérault) ; auxiliaire des PTT en 1938 et 1939, agent des installations aux PTT puis, inspecteur des installations électromécaniques, puis chef de Centre ; syndicaliste CGT ; militant du Mouvement de la paix ; militant communiste ; adjoint au maire de Dieppe (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; retraité en militant dans l’Hérault.

Émile Rispoli naquit en 1919 à Mostaganem (Algérie), fils de Émile Rispoli dont les parents étaient d’origine italienne (Sicile), et d’Antonia Garcia qui, elle, était originaire de Murcie (Espagne). Il se maria le 21 juin 1948 à Brive avec Angèle Bachellerie ; ils eurent six enfants, tous nés à Brive.

De l’âge de treize ans et demi, à l’âge de dix-huit ans, il fut porteur de télégramme à la poste centrale de Mostaganem. Il fit ensuite son service militaire dans le 6e Régiment de Tirailleurs Marocains (6e RTM) à Meknès (Maroc) à partir de 1939. Il y resta jusqu’à 1942. Après le débarquement américain le 8 novembre 1942 (l’opération Torch), son régiment fut intégré dans le corps expéditionnaire français en Italie, sous les ordres du maréchal Juin. Il prit part aux combats de Monte Cassino, participa à la campagne d’Italie puis aux combats de la libération qui le conduisirent de l’Alsace, où il fut blessé, au Danube, et en l’Autriche.

Émile Rispoli fut profondément marqué par la violence de la guerre, et par ce qu’elle entraînait comme modifications et dégradations morales chez les êtres humains. Il garda donc de la guerre une profonde aversion ce qui motiva ses engagements futurs.

Il fut démobilisé en septembre 1945 et rentra à Mostaganem où il réintégra les PTT. Il travailla quelque temps comme auxiliaire aux guichets de la Poste, mais cela ne lui convenait pas. C’était un grand marcheur et un grand nageur qui aimait vivre au plein air. Il passa donc un concours d’agent des installations et fut nommé au centre de formation des Lignes à Grandes distances des PTT, situé au central de Saint-Amand à Paris. Il y resta plusieurs mois. C’est là qu’il se syndiqua à la CGT. C’est là aussi qu’il rencontra sa future épouse, originaire de Corrèze, qui travaillait au Centre de chèques postaux voisin.

Le couple fut nommé à Toulouse. Émile Rispoli s’engagea plus intensément dans la vie syndicale. En 1949 le couple fut envoyé à Brive, et Émile devint bientôt l’un des secrétaires de l’Union locale CGT. Il adhéra au Parti Communiste en 1951, et milita aux côtés du député Jean Goudoux.

Il adhéra au Mouvement de la paix à l’occasion de la guerre de Corée, puis milita activement pour la paix en Indochine, puis pour la paix en Algérie. Il devint secrétaire départemental de Corrèze de ce mouvement et fut le délégué départemental au rassemblement mondial de la paix à Stockholm en 1958.

Les manifestations houleuses de Brive, en juillet 1958, virent perturber la vie d’Émile Rispoli et de sa famille. Organisées par le mouvement de la paix pour la paix en Algérie et contre la tenue à Brive d’un meeting du député Raymond Dronne, qui faisait campagne pour l’Algérie Française, elles furent le théâtre d’affrontements violents : l’un des secrétaires de la fédération du Parti communiste, André Lajoinie, y fut très grièvement blessé à la tête. Émile fut de ceux qui l’extrayèrent de la manifestation et qui le conduisirent dans une boutique, où il put être examiné par un médecin. Celui-ci se déclarant incompétent, Émile le conduisit dans sa propre voiture, une aronde Simca bleue, à l’hôpital de Tulle où il fut soigné à Tulle. De là, il fut conduit puis à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Le Parti communiste l’envoya ensuite en convalescence en Tchécoslovaquie, à Marienbad, pendant quelques mois.

Émile Rispoli fut poursuivi en justice, en tant le secrétaire départemental du Mouvement de la paix, et fut jugé par le tribunal administratif de Corrèze. Sur ordre du préfet, il fut « rendu indésirable en Corrèze ». L’administration des PTT le muta en Haute-Loire, à la station des Lignes à Grandes Distances (LGD) du Puy-en-Velay, où il retrouva un autre militant de la CGT, arrivant d’une autre région, muté pour les mêmes raisons. Il y devint secrétaire de l’Union locale et intégra le bureau de la fédération communiste du département.

La famille passa quatre années en Haute-Loire, jusqu’à ce qu’Émile Rispoli puisse passer le concours d’inspecteur technique, et y soit reçu. Il fut nommé chef de centre à la station LGD de Dieppe, le 9 septembre 1963.

À Dieppe, Émile Rispoli noua rapidement des contacts avec la section CGT des PTT, l’Union locale CGT, et le Parti Communiste. Il devint rapidement membre du secrétariat de la section de Dieppe du PCF où appuya vivement la démarche d’ouverture et de large rassemblement imprimée par Léon Rogé, ce qui contribua fortement à l’élection de celui-ci comme conseiller général du canton de Dieppe, le 15 mars 1964. Le logement de fonction d’Émile Rispoli, situé à la station LGD de la rue Victor Hugo, devint un lieu de passage, de rencontres et d’échanges prisé. Il mit sa ligne téléphonique personnelle, dite « de service », au service des militants. Le téléphone étant encore rare, on venait chez Émile et Angèle Rispoli, pour téléphoner gratuitement à l’Union départementale CGT, aux Fédérations syndicales à Paris, à la Fédération de Seine-Maritime du PCF à Rouen, à l’Union des femmes française, à l’Humanité, à la FNDIRP, au Mouvement de la Jeunesse communiste, etc. La gouaille et l’optimiste communicatif du méditerranéen qu’était Emile, sa disponibilité et sa spontanéité, ainsi que celle de son épouse militante de l’Union des femmes française, en firent rapidement des personnalités incontournables du mouvement syndical et politique de Dieppe. Cette situation fut évidemment renforcée par l’implication progressive mais rapide de leurs six enfants dans l’activité de la jeunesse communiste locale dès 1964, puis de la CGT à partir de 1968.

Émile Rispoli devint membre du bureau de l’Union locale CGT lors du congrès du 25 avril 1964, puis membre du secrétariat lors du congrès du 25 avril 1966 et à ce titre participa activement à l’animation du mouvement de mai-juin 1968 dans l’agglomération. Il fut élu secrétaire général adjoint lors du congrès du 7 novembre 1970, qui officialisa le remplacement d’Irénée Bourgois, devenu conseiller général, par Georges Trébot.

En 1971, il fut candidat sur la liste d’Union de la gauche aux élections municipales, conduite par Irénée Bourgois. Elle remporta l’élection municipale, et Émile Risdpoli devint adjoint au maire chargé de l’urbanisme.

Émile Rispoli ne fit qu’un mandat municipal à Dieppe et ne se représenta pas en 1977. Il prit sa retraite le 1er janvier 1981 et quitta Dieppe quelques temps plus tard, pour s’installer à Sète (Hérault), puis enfin à Vic-la-Gardiole. Il milita alors dans la section dans la section des retraités du syndicat des PTT de l’Hérault, dont il devint quelques années plus tard le secrétaire. Parallèlement il continua à militer au Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article149947, notice RISPOLI Émile par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 2 novembre 2013, dernière modification le 14 décembre 2013.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. CGT de Seine-Maritime. —Arch. Union locale CGT de Dieppe. — Fonds ancien de Dieppe. — Les journaux : Les Informations dieppoise, Paris Normandie, L’Echo du Centre, L’Hérault du jour, La Marseillaise — Arch. Familiales.

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