Par Amar Benamrouche
Né le 10 novembre 1926 à Alger ; secrétaire général des Jeunesses démocratiques (1946), membre du Comité central (1947) et du BP (1949) et du Secrétariat (1952) du PCA, en première ligne du secrétariat en 1955 ; emprisonné en 1957 et condamné en 1960.
Instituteur, Ahmed Akkache est en 1943, à leur reconstitution en particulier sous l’impulsion d’Henri Alleg*, un des animateurs et responsables des Jeunesses communistes sous le nom de Jeunesses démocratiques ; il en devient le Secrétaire général en 1946. L’orientation de l’organisation des jeunes est plus attentive à l’avenir national de l’Algérie que le PCA qui est mobilisé dans le mouvement de la « France combattante » allant jusqu’à dénoncer les « pseudo-nationalistes » en mai 1945.
Cependant, tout en subordonnant l’expression de sentiments nationaux, le PCA pratique la promotion de militants algériens sous le regard des dirigeants « européens » d’Algérie et des envoyés du PC français. Après un séjour de formation auprès de la Section coloniale du PCF qui porte l’attention sur la lutte armée au Vietnam, en 1947, A. Akkache entre au Comité central. Il devient membre du Bureau politique du PCA en 1949. En 1951, rédacteur en chef de l’hebdomadaire du parti Liberté, il fait également partie de l’équipe rédactionnelle d’Alger Républicain. En 1952, il appartient au Secrétariat du PCA.
En avril 1955 alors que le PCA fait encore campagne pour les élections cantonales, A. Akkache est aux côtés de Laïd Lamrani*, candidat à Batna, qui va monter au maquis dans les Aurès, en appelant « à soutenir la lutte armée ». Une certaine ambivalence de la position d’Ahmed Akkache nous est confirmée par le témoignage de Raymond Hannon*, à l’époque secrétaire de l’Union des jeunesses démocratiques d’Algérie. En ce mois d’avril, R. Hannon et Mohammed Ould Amrouche, lui aussi respondable des Jeunesses, présentent un texte à la direction du PCA demandant un engagement direct dans la lutte armée. « Reçus par Ahmed Akkache, ils se voient reprocher une terminologie anarchiste » pour avoir parlé de la nécessité de l’action directe. « Akkache développe sa théorie, puisée dans les œuvres de Mao Tsé Toung sur la guerre populaire : il est pour la lutte armée, espère qu’elle aura des succès mais il seront limités, car cette lutte ne touchera que les régions où le niveau de compréhension est le plus élevé, les Aurès en l’occurrence. Dans le reste du pays, et notamment les villes, on continuerait à lutter de façon légale… Et il nous a cité Lénine pour nous dire que la lutte armée n’avait de sens que si elle était de masse. Il y avait pour lui opposition entre lutte armée et lutte de masse ».
À sa réunion clandestine du 20 juin 1955 à Bab el Oued (Alger), le Comité central du PCA se prononce pour la formation de ses propres groupes armés : les Combattants de la libération. Pour marquer son caractère national et minimiser la présence « européenne », il place Ahmed Akkache et Boualem Khalfa* au premier rang de son Secrétariat politique mettant André Moine* en retrait. Arrêté en 1957, le 13 juin 1960, le Tribunal permanent des Forces Armées d’Alger condamne Ahmed Akkache à vingt ans de réclusion criminelle. Il s’évade en janvier 1962.
Après l’indépendance, il s’écarte du PCA. Il s’oppose en cela aux partisans d’une organisation communiste autonome, ce qui ne l’a pas empêché de rester très proche de ses anciens camarades qui forment le PAGS. Il le rejoint en 1967 avant d’être arrêté brièvement en 1968. Ahmed Akkache occupe successivement les fonctions de directeur général des salaires au Ministère algérien du travail et de directeur de l’Institut National du Travail. Il devient ensuite conseiller du chef du gouvernement Belaïd Abdesselam en 1992-1993.
Par Amar Benamrouche
ŒUVRE : Tacfarinas, Alger, SNED, 1968. –La résistance algérienne de 1845 à 1945. Alger, SNED, 1972. –Les guerres paysannes de Numidie. Alger, SNED, 1973. –L’évasion. Alger, SNED, 1973, préface de Kateb Yacine.
SOURCES : E. Sivan, Nationalisme et communisme, op. cit. –Témoignage de Raymond Hannon* recueilli par J.-L. Planche en Juillet 1987 et transmis à R. Gallissot. – A. Cheurfi, Mémoire algérienne. Éditions Dahlab, Alger 1996. – J.L. Gérard, Dictionnaire historique et biographique de la guerre d’Algérie, 2e édition revue et corrigée, éditions Jean Curutchet, Paris 2000. – Interview dans Alger républicain, juillet 2006.