BASTIN Max, Ferdinand, Charles. [Belgique]

Par Jean Neuville - notice revue et complétée par France Huart

Huy (pr. Liège, arr. Huy), 9 décembre 1919 − Bruxelles ( pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 16 mars 1971. Professeur d’histoire, résistant, membre puis dirigeant local des Équipes populaires, dirigeant du Mouvement ouvrier chrétien, rédacteur en chef de La Cité, attaché de cabinet ministériel puis directeur du Centre d’information et d’éducation populaire.

Fils de Georges Bastin (1888 - Huy, 1943), fondé de pouvoirs à la Banque Fabry à Huy, et de Madeleine Pire (1894 - Huy, 1967), mère au foyer, Max Bastin a un frère, Jean, né en 1921, et une sœur, Thérèse, née en 1930. Licencié en philosophie et lettres, branche Histoire, de l’Université de Liège et agrégé en histoire en 1941, il est professeur d’histoire à l’Athénée de Huy en 1943-1944. Durant la Seconde Guerre mondiale, en janvier 1943 (?), il s’engage dans la résistance. De 1944 à 1945, il est chargé du secrétariat permanent de l’Armée secrète. À l’issue du conflit, en février 1946, il est employé à l’Union des fraternelles de l’armée secrète (UFAS), service de liquidation, où il travaille jusqu’en mars 1953. Parallèlement, il milite à l’Union démocratique belge (UDB), fondée en 1944, qui disparaît au lendemain des élections législatives de 1946.

Par l’intermédiaire de la famille d’André Oleffe, Max Bastin s’investit dans le mouvement ouvrier chrétien dès 1946 en devenant membre des Équipes populaires (EP) à Laeken (Bruxelles) de 1946 à 1948. Après avoir déménagé à Limelette (aujourd’hui commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) en 1950, il devient responsable des EP de cette localité. Il est nommé, à une date indéterminée, vice-président de la Fédération du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) du Brabant wallon. Il le reste jusqu’à son départ pour l’Afrique en 1957. Il est alors échevin de l’Instruction publique de sa commune.

Peu après la création du quotidien démocrate-chrétien, La Cité, en 1951, Max Bastin y collabore en écrivant, sous la signature de Georges François, des articles consacrés aux questions militaires. Le 1er avril 1953, il y est engagé comme journaliste. Il succède à William Ugeux* en tant que rédacteur en chef du 30 septembre 1955 à août 1957, date à laquelle il part pour le Congo où il dirige le Courrier d’Afrique, racheté par la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique (CSC), dont il fait un quotidien africanisé. Rentré en Belgique en septembre 1960, il est attaché au cabinet du ministre des Affaires africaines, Harold d’Aspremont Lynden, et en 1961, à celui du ministre des Communications, Alfred Bertrand.

À l’issue de la Semaine sociale wallonne de 1961, le MOC crée le Centre d’information et d’éducation populaire (CIEP). En 1962, Max Bastin en devient le directeur. Cette nomination l’amène à assumer plusieurs responsabilités. De 1962 à 1970, il organise les semaines sociales wallonnes où il intervient à trois reprises (1966, 1967 et 1970) et est membre du conseil d’administration des Éditions Vie ouvrière. Au départ à la retraite de Raymond Vermeulen* en octobre 1962, il devient rédacteur en chef des Dossiers de l’action sociale catholique qui disparaîtront en décembre 1970. Dès janvier 1969, Bastin collabore à La Revue nouvelle, dont il intègre l’équipe en décembre 1970.

En 1962, l’Institut supérieur de culture ouvrière (ISCO) voit le jour sous l’impulsion de Max Bastin, dans le cadre du CIEP. Son intention est de permettre à des militants et militantes du mouvement ouvrier d’atteindre un niveau de formation universitaire dont seules les contingences sociales et familiales (souvent un manque de ressources) les ont écartés. Pour réaliser ce projet, il a obtenu le soutien des Facultés Notre-Dame de la Paix de Namur (aujourd’hui UNamur), notamment par la complicité de deux professeurs, les Pères Pierre Maon et Jean Raes. Il est épaulé par un groupe de jeunes professeurs dynamiques, Jean Dechamps et René Schoonbrodt*. Dès octobre 1962, il lance les deux premiers groupes à Charleroi et à Liège. La formation est réalisée avec le concours des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur et permet aux militants-étudiants d’acquérir un graduat en sciences sociales. Depuis 1968, l’Université catholique de Louvain (UCL, aujourd’hui UCLouvain - pr. Brabant, arr. Louvain ; aujourd’hui commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) permet à un certain nombre d’entre eux de suivre les cours de l’Institut du travail : ils atteignent ainsi la licence en sciences du travail.

Max Bastin est également membre du Conseil d’administration de l’UCL et vice-président de la Société d’études politiques et sociales, membre du Conseil supérieur de l’Éducation populaire, administrateur de l’Institut belge d’information et professeur à l’Institut des hautes études de communications sociales (IHECS) à Mons (pr. Hainaut, arr. Mons).

En 1967, Max Bastin est l’initiateur et l’animateur de la Fondation Travail-Université (FTU) dont le but est de mettre l’université au service des travailleurs. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre le MOC et les universités catholiques francophones, en particulier l’UCL. La Fondation favorise l’expansion de l’ISCO et permet la création en 1973 de la Faculté ouverte de politique économique et sociale (FOPES) en collaboration avec l’UCL. Mais il décède avant la mise en place de la FOPES, faculté de l’université de Louvain, ouverte aux militants du mouvement ouvrier, et dont l’intention est de leur permettre d’obtenir une licence en politique économique ou sociale alternative. Cette faculté, unique en son genre, est cogérée, selon un système paritaire, par des délégués du corps académique louvaniste et des délégués et déléguées du MOC.

Partisan convaincu de la possibilité d’un rassemblement des progressistes, Max Bastin est un des initiateurs et cofondateur du groupe Bastin-Jacques Yerna*, composé de membres des milieux chrétien et socialiste voulant tenter un dialogue sur le fond du problème que constitue le rassemblement des progressistes. Le fruit de ce dialogue débouche à la publication de plusieurs ouvrages.
Max Bastin est un membre actif d’« Objectif 72 Wallonie-Bruxelles », « mouvement politique de réflexion », créé le 13 avril 1969, par un groupe de chrétiens de tendance démocratique et quelques socialistes. Ce mouvement constitue une des nombreuses tentatives de réaliser le « rassemblement des progressistes ». Militant wallon, il fait choix de l’option fédéraliste.

Le 11 mai 1946, Max Bastin a épousé Suzanne Halut, auxiliaire sociale, très active dans le mouvement ouvrier, militante à la section de Vie féminine de Limelette jusqu’à son départ pour le Congo où elle donnera des cours de formation ménagère. À son retour en Belgique, elle donne cours au Centre de formation des aides familiales et au Centre d’écoles ménagères de Vie féminine du Brabant wallon. De cette union sont nés quatre enfants. Il meurt à l’âge de cinquante-et-un ans le 16 mars 1971 à Bruxelles après une longue maladie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150049, notice BASTIN Max, Ferdinand, Charles. [Belgique] par Jean Neuville - notice revue et complétée par France Huart, version mise en ligne le 4 novembre 2013, dernière modification le 18 octobre 2023.

Par Jean Neuville - notice revue et complétée par France Huart

ŒUVRE :
- Dans Les Dossiers de l’action sociale catholique : « Est-ce la fin de l’Europe ? », février 1963 − « Le traité de Moscou : vers le désarmement ou un second Yalta ? », septembre 1963 − « Un nouvel équilibre mondial », mars 1964 − « Du départ de Khrouchtchev à l’élection de Johnson », novembre 1964 − « Civilisation du « gadget » ou civilisation solidaire », avril-mai 1967 − « Soviets et américains après la guerre du Moyen-Orient », juin-juillet 1967 − « L’Europe de la mauvaise humeur », janvier 1968 − « Louvain et la Belgique », février 1968 − « Des élections pour rien », avril-mai 1968 − « Une grande espérance qui ne sera pas déçue », mai-juin 1968 − « Des élections à la constitution », juillet-août 1968 − « La Tchécoslovaquie et les blocs », septembre-octobre 1968 − « Le congrès de la CSC », novembre 1968 − « Bilan et perspectives de l’action culturelle parmi les travailleurs », novembre 1968 − « Constellation », février-avril 1969 − « Les grandes manœuvres du printemps », mai-juin 1969 − « Les grèves », janvier-février 1970 − « La Grèce et nous », mars-avril 1970 − « Enseignement et éducation permanente : exigences de la participation des travailleurs », mars-avril 1970 − « La censure politique », mai-juin 1970 − « La mort d’un homme », juillet-septembre 1970.
-  Leçons aux Semaines sociales wallonnes : « Évolution et participation », 1966 − « Loisirs, culture et promotion féminine », 1967 − « Enseignement et éducation permanente : exigences de la participation des travailleurs », 1970 − « Réflexions sur l’éducation permanente », Bulletin trimestriel des amis de l’université de Louvain, 1, 1970 − « La démocratie chrétienne politique en Belgique francophone », La Revue nouvelle, 10, 1970.
-  Dans La Revue nouvelle : « L’Université dans la communauté », 1969 − « La démocratie chrétienne politique en Belgique francophone », 1970.
-  Dans Démocratie : « La Belgique en question », 1968 − « Le CVP prend son envol », 1969 − Réflexion sur le rassemblement des progressistes, 1969-1970 − « Dans l’attente de la dernière tentative », 1970.
-  Autres collaborations : « Qu’est-ce que la Fondation Travail-Université ? », ADIC/BSI, 1967 − « L’Université et le monde du travail », Bulletin de la société des industriels (revue ADIC), juin-juin 1968 − « La Fondation Travail-Université », Reflets et perspectives de la vie économique, 1969 − « Réflexions sur l’éducation permanente », Bulletin trimestriel des amis de l’Université de Louvain, 1970.

SOURCES : CARHOP, Fonds Jean Neuille, dossier « Bastin Max », questionnaire d’enquête complété par Émile Creutz et Suzanne Halut-Bastin, janvier 1986 − La Cité, 17 mars 1971 − « Max Bastin », La Revue Nouvelle, 5-6, mai-juin 1971, p. 515-530 − GERARD E., WYNANTS P. (dir.), Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, t. 2, Leuven, 1994, p. 620 (KADOC-Studies, 16) − Cent Wallons du siècle, Charleroi, 1995 − SAUVAGE P., « Bastin Max », dans Nouvelle Biographie Nationale, t. IV, Bruxelles, 1997, p. 30-32 − HUART F., Bastin Max, notice biographique pour la Chaire Max Bastin-FOPES-UCL, Bruxelles, 2002.

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