BARBEAUX Victor.

Par Jean Neuville

Seilles (anciennement pr. Liège, arr. Huy ; aujourd’hui commune d’Andenne, pr. et arr. Namur), 23 juillet 1913 − Coxyde (Koksijde, pr. Flandre occidentale, arr. Furnes-Veurne), 6 février 1978. Dirigeant jociste, secrétaire de la Ligue des travailleurs chrétiens, puis du Mouvement ouvrier chrétien de l’arrondissement de Dinant (pr. Namur), député puis sénateur du Parti social-chrétien de l’arrondissement de Dinant, conseiller communal, échevin puis bourgmestre de Ciney (arr. Dinant, pr. Namur), sénateur provincial, militant wallon.

Fils de Constant Barbeaux, ouvrier de four à chaux, licencié en 1934 parce qu’il avait refusé d’adhérer au syndicat socialiste, et de Florence Tollet, Victor Barbeaux, passe, après l’école primaire, trois ans à l’école moyenne. Après quatre ans d’étude aux Aumôniers du travail à Seraing (arr. et pr. Liège), il obtient son diplôme de technicien-dessinateur-mécanicien. Il milite à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et est président de la Fédération jociste de Huy en 1930. De 1932 à 1935, il suit les cours de l’École centrale supérieure pour ouvriers chrétiens à Heverlee (aujourd’hui commune de Louvain - Leuven, pr. Brabant flamand, arr. Louvain) et y obtient le diplôme d’auxiliaire social.

À l’issue de ces études, Victor Barbeaux est nommé, en 1936, secrétaire de la Ligue des travailleurs chrétiens (LTC) de l’arrondissement de Dinant (pr. Namur). L’année suivante, il prend en charge le Secrétariat d’apprentissage artisanal du canton de Ciney (pr. Namur, arr. Dinant), charge qu’il garde jusqu’en 1947.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Victor Barbeaux est chargé de cours. Il est directeur de l’enseignement de promotion sociale du soir et du dimanche, à l’École industrielle de Ciney de 1939 à 1946.

À l’issue de la guerre, Victor Barbeaux participe à la fondation du Mouvement populaire des familles (MPF). Il collabore à l’hebdomadaire de ce mouvement, La Vie populaire. Lors du Congrès du MPF, il est, à plusieurs reprises, rapporteur sur des questions économiques et sociales, particulièrement sur le logement et les pensions. En 1945, la sécurité sociale - obligatoire pour les salariés - vient d’être adoptée. Il défend l’octroi « d’une pension décente et d’une sécurité sociale complète pour tous qu’ils soient ouvriers ou indépendants » (La Cité, 7 février 1978). L’action politique l’interpelle déjà à cette époque. Il semble bien avoir été « intéressé » par l’Union démocratique belge (UDB). C’est du moins ce qu’il écrit le 12 mars 1945 à Olivier Grégoire*, secrétaire général du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) qui remplace la LTC, : « à Dinant, on préfère l’UDB à la collaboration avec les conservateurs ».
En 1946, Barbeaux devient secrétaire du MOC de l’arrondissement de Dinant. Il gardera cette fonction jusqu’en 1958.

Victor Barbeaux entame une carrière politique au sein du Parti social-chrétien (PSC) dès le début des années 1950. En 1952, il se présente aux élections communales à Ciney. En 1954, il figure à la cinquième place effective, sur la liste PSC pour le Sénat. Lors de ces dernières élections, il recueille 5.000 voix de préférence mais n’est pas élu.

La campagne des milieux catholiques contre la « Loi Collard » sur l’enseignement l’amène finalement à être élu, non seulement à la Chambre le 1er juin 1958, mais également au conseil communal de Ciney, en octobre 1958. Il est nommé échevin des Travaux de 1959 à 1967. Il est bourgmestre de Ciney de 1967 à 1976.

Victor Barbeaux développe une grande activité notamment comme administrateur gérant de la société coopérative, La Petite propriété terrienne, qui couvre la région de Ciney-Dinant-Rochefort, depuis 1949. C’est sous son impulsion que plusieurs chantiers sont ouverts et que de nouveaux quartiers se développent. Il est également président du conseil d’administration de l’Institut médico-pédagogique de l’Enfant Jésus pour handicapés. Il est à la base d’autres réalisations, dont il ne voit pas les résultats : fondation de l’abattoir-usine à viande de Ciney dans le cadre de la Société intercommunale d’aménagement économique de la Famenne, du Condroz et de la Haute Meuse dont il est le président depuis 1975, création d’un centre de zootechnie, développement de l’infrastructure routière du Sud-Est, zonages de Ciney, d’Achêne, de Rochefort, etc.

En 1961, malgré ses 10.500 voix de préférence, Victor Barbeaux n’est pas réélu à la Chambre. Il est alors attaché au cabinet du ministre de l’Emploi et du Travail, Léon Servais, du 1er juin 1961 au 31 mai 1965. Du 8 juin 1965 au 29 septembre 1971, il est sénateur provincial. Il est à nouveau député du 7 novembre 1971 à 1978. Il est également secrétaire du Conseil culturel de la Communauté culturelle française de 1974 à son décès.

Victor Barbeaux est un parlementaire laborieux. Il fait partie des commissions des Travaux publics, des Affaires économiques, de l’Intérieur, de la Fonction publique, de l’Agriculture et des Finances. Son action et ses interventions concernent de nombreux domaines : protection des locataires de logements modestes, problème de l’eau en Wallonie, lutte contre les taudis, accélération de la création d’habitations sociales et d’équipements urbains, etc. En 1974, il est désigné comme secrétaire du Conseil culturel de la Communauté française.

D’une grande simplicité, Victor Barbeaux n’est pas ce qu’on peut appeler un brillant orateur. Il cherche à convaincre, non par le prestige du verbe mais en argumentant clairement à partir d’une documentation rassemblée grâce à un labeur incessant. Il est le type même du démocrate-chrétien qui, après avoir milité dans le mouvement ouvrier, est ramené, par son cheminement politique, vers le catholicisme social. En effet, il « se préoccupait aussi beaucoup des petits agriculteurs, artisans et commerçants qui connaissent des problèmes que la démocratie chrétienne tient également à prendre en charge » (Le Cerisier, 15 juin 1978, p. 4).

Victor Barbeaux s’engage dans le mouvement wallon par le biais de Rénovation wallonne. En 1963, il est membre de la commission sur les questions communales et provinciales et membre du comité de la régionale de Ciney. Il défend certaines positions de Rénovation wallonne au Parlement, notamment après 1965, celle concernant la création de l’interprovinciale wallonne.

Victor Barbeaux épouse Marthe Housiaux en août 1939. De cette union naissant sept enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150051, notice BARBEAUX Victor. par Jean Neuville, version mise en ligne le 4 novembre 2013, dernière modification le 7 mai 2021.

Par Jean Neuville

SOURCES : La Cité, 7 février 1978, p. 1, 4 – Le Cerisier, 15 juin 1978 – DELFORGE P., « Barbeaux Victor », dans DELFORGE P., DESTATTE P., LIBON M. (dir.), Encyclopédie du mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000, p. 118-119.

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